ARGIOLAS Paulette [née TASSY Paulette, Louise, Valentine]
Dernière mise à jour : 19 avr.
Née le 31 juillet 1931 à Peynier (Bouches-du-Rhône), morte le 7 mars 2021 à Miramas (Bouches-du-Rhône) ; femme au foyer ; militante communiste des Bouches-du-Rhône (Port-de-Bouc, Istres, Miramas) et de Montélimar (Drôme), membre des comités de section de Port-de-Bouc et de Miramas ; militante de l’UFF de Miramas ; militante mutualiste et associative.
Paulette Tassy était la fille de Marius Tassy, né à Marseille et cheminot à Miramas à la compagnie PLM. Membre de la CGT en 1936, fiché par la police comme communiste pendant l'Occupation, il avait participé à un triangle de résistance cheminote à Caronte (Martigues), avant de reprendre ses activités syndicales et politiques dans la légalité après la guerre. Sa mère, née Juliette Marsiglia, était native d'Aix-en-Provence et issue d’une famille de bouchers. Bien que le couple Tassy vécût à Miramas, Paulette vit le jour à Peynier chez Pauline Bourges, sa grand-mère maternelle.
Marius Tassy avait sympathisé avec les oncles de leur propriétaire de Miramas, les frères Gavaudan [vraisemblablement des parents d'Édouard Gavaudan, un des premiers élus communistes locaux]. Après son travail de cheminot, il les aidait à faire les foins dans leur champ, à l’emplacement actuel du stade Méano. Paulette enfant accompagnait son père sur une charrette tirée par un âne. Miramas était alors une commune rurale où l’activité industrielle se concentrait autour de la gare. Dans les souvenirs qu'elle rédigea en 2000, Paulette Argiolas évoquait des éléments qui marquèrent en profondeur sa vision du monde, à commencer par son attachement à ses racines. Ses parents, qui connaissaient peu de monde à Miramas, se lièrent d’abord avec les ruraux originaires de Peynier. L’été, la famille partait en vacances chez la grand-mère Bourges, qui faisait quatre kilomètres à pied pour les attendre à la gare, en poussant une brouette pour porter leurs bagages. Une vie humble sur fond de travaux des champs pour les hommes, de lessive à genoux au lavoir pour les femmes, de linge étendu dans le pré et, pour l'enfant, de jeux insouciants avec ses cousines.
Les grèves eurent une grande influence sur elle. C’était des moments de joie, car son père cheminot, souvent gréviste entre 1936 et 1938, la dispensait alors d’aller à l’école. Elle s’imprégna des conflits entre visions du monde divergentes, assistant aux querelles entre son père, militant actif, et sa tante, religieuse, concernant l’ordre social et ses possibilités de changements. La déclaration de guerre de septembre 1939 tomba comme un coup de tonnerre. Marius Tassy fut mobilisé pendant six mois en 1940. Paulette vécut durant cette période avec sa mère, son petit frère Yves, né en 1937, et leur grand-mère à Peynier. Il semble que la compagnie de chemins de fer aurait mis le cheminot à l’index, car en mai 1940 elle demanda à Juliette Tassy de renvoyer des permis de transport qui lui permettaient à elle et ses enfants de voyager gratuitement sur le réseau ferré. L’épouse Tassy refusa. Quelques temps plus tard PLM (devenue officiellement SNCF) envoya cinq hommes de la police ferroviaire, "la Cinquième", pour fouiller la maison en se faisant passer pour des assureurs. Marius Tassy était suspecté d’avoir volé la moitié d’une locomotive, un grief aux airs de grossier mensonge. Les hommes ne trouvèrent rien. D’après sa fille, le vrai motif de la perquisition aurait été l’appartenance connue du cheminot à la CGT avant la guerre. En réalité, il était surveillé par la Police spéciale de Vichy pour ses idées communistes.
L’expérience d’une communion voulue par Juliette Tassy, la mère de Paulette, en juin 1942, où l’enfant eût à subir les punitions humiliantes de la responsable catholique, éloigna définitivement cette dernière de la religion. En août de la même année, la famille emménagea à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), car le travail de Marius Tassy lui donnait droit à un logement aux cités SNCF, un lieu de vie plus confortable accompagné d’un grand jardin où il cultiva un potager. À partir de novembre, moment où l’armée allemande franchit la ligne de démarcation, Paulette fut régulièrement effrayée à la vue des soldats allemands qu’elle croisait dans le train, jetant leurs bagages dans le couloir, avec leurs armes et leurs gros fusils-mitrailleurs. Elle avait douze ans. L’occupant exigea l’évacuation des enfants, la mère et les enfants Tassy s’installèrent chez la grand-mère Bourges à Fuveau, où cette dernière avait emménagé suite au décès de son mari. Le 18 août 1944, jour de la libération du village, Paulette marcha plusieurs kilomètres avec sa mère et son frère jusqu’à la Nationale 7 pour voir passer les troupes de libération qui se dirigeaient vers Marseille. Son oncle Étienne Marsiglia, qui avait rejoint un groupe de FFI, envoya le frère de Paulette chercher quelque chose dans le grenier. L’enfant mit la main sur un détonateur. Paulette eut tout juste le temps d’emporter son petit frère, qui ne fut que légèrement blessé par l’explosion.
À la fin de la guerre, la famille retrouva son foyer de Port-de-Bouc. Paulette travailla à enfiler des perles pour une entreprise de fleurs et couronnes mortuaires, payée à la tâche. Bien qu’elle voulût apprendre la coiffure, sa mère la mit au centre d’apprentissage André Agaultier pour apprendre la couture comme elle. Elle y rencontra Sophie Trunfio (nièce du résistant Filippo Pappatico), avec qui elle restera amie toute sa vie. Paulette Tassy baignait dans les discussions des militants qui fréquentaient son domicile familial, comme Charles Scarpelli, ancien responsable du PCF clandestin, César Cauvin et Carrière, membres du triangle auquel Marius Tassy avait appartenu, ou encore "Zé" Nunez. Elle fréquenta le cinéma les Variétés, dans lequel avaient lieu des débats politiques passionnés animés par Clément Mille, qui se prolongeaient souvent en longues discussions sur le trottoir. C’est son père qui lui fit découvrir Filles de France, le journal de l’Union des Jeunes Filles de France (UJFF). Prenant contact avec la publication, elle rencontra Pascaline Argiolas, responsable d’un cercle de l’UJFF à Port-de-Bouc, et intégra le groupe vers 1947. Elle évoquait dans ses souvenirs les tâches qu’elle devait régulièrement accomplir en tant que militante, comme les cartes d’adhésion à faire remplir et les ventes de masse du journal.
À l’UJRF (Union des jeunesses républicaines de France), elle côtoya Paul Argiolas, frère de Pascaline, qui était un des responsables locaux, et prit part au groupe artistique qui s’y constitua. Elle proposa de lui donner le nom d’Henri Martin, jeune marin qui avait refusé de faire la guerre d’Indochine. Une pièce de théâtre, "Les Oignons de Mélanie", fut écrite par M. Rambaldi pour les jeunes militants. Le spectacle fut joué dans le cinéma, avec à l’affiche Éliette Palpant, Antoine Bou, Fifi Ros, Antoine Santoru, Henri Jaubert, Henri Pontet et Paulette Tassy, et fit salle comble. Paulette était chargée des sorties des Vaillants à la campagne, avec notamment Kullia Vittorello.
Du 6 au 9 mai 1948, elle se rendit comme déléguée au IIe congrès de l’UJRF à Lyon avec Jean-Marie Argiolas, frère de Paul et Pascaline, et Antoine Santoru. Elle adhéra cette année-là au PCF, le jour de la venue de Jeannette Vermeersch à Port-de-Bouc. L’année suivante elle siégeait au comité de section de la ville, dans lequel elle côtoya Georges Lazzarino, retrouva Charles Scarpelli et plusieurs camarades de l’UJRF et de l’UJFF.
En 1949, elle s'investit dans le grand mouvement de solidarité avec les ouvriers des Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) lors du lock-out opéré par leur direction. Après quatre mois de bras de fer, celle-ci saisit l’occasion de se débarrasser des leaders syndicaux et politiques comme Paul Argiolas. Le 7 février 1950, Paulette Argiolas fut ébranlée par la catastrophe de la rue Albert Rey, où un bac d’acide de l’usine Saint-Gobain, qui avait cédé, noya une rue et tua une femme âgée et les trois fillettes de Delphine Giovannini. Cette expérience la marqua d’autant plus qu’elle dut participer à l’habillage des cercueils avec du tulle. Deux jours après le drame, le cortège rendant hommage aux victimes rassembla environ quinze mille personnes.
Au terme de ses trois années de formation en couture, elle ne trouva pas d’emploi durable, mis à part quelques menus travaux. Elle portait le journal La Marseillaise à domicile et allait faire les encaissements à vélo. Vers 1949, elle prépara avec une camarade un repas pour la venue d’Ambroise Croizat à Port-de-Bouc. Elle avait une grande admiration pour le "Ministre des Travailleurs", mais, intimidée, elle partit avant son arrivée pour éviter de le croiser. Elle admirait également Danielle Casanova, militante communiste et du droit des femmes.
Du 13 au 20 août 1950, elle participa avec Jean-Marie Argiolas à une Rencontre Internationale de la Jeunesse à Nice, organisée par le Mouvement de la Paix, qui rassemblait de jeunes militants français et italiens pour l’interdiction de l’arme atomique. En mars 1951, Paulette Tassy et Jean-Marie Argiolas se fiancèrent en présence d’Antoine Santoru et de Fifi Ros. Ils se marièrent en septembre. Paulette Argiolas milita avec l’Union des femmes françaises (UFF) en faveur des méthodes d’accouchement sans douleur du Dr Fernand Lamaze, pratiquées à la polyclinique des Bluets de Paris. Entre 1951 à 1953, le couple Argiolas vécut dix-huit mois à Istres, dans un deux-pièces chez des camarades, Félix et Flora Pizzella. Militants dans la cellule Gabriel Péri, au PCF d’Istres ils côtoyèrent Raymond Blanc. Dans le cadre des campagnes d’opposition à la présence militaire américaine en France menées par le PCF, Paulette Argiolas et Flora Pizzella manifestèrent à Arles contre la création d’une "base atomic bomb" à Istres.
Enceinte de son premier enfant, Paulette Argiolas ne put pas participer aux cours d’accouchement sans douleur qui avaient lieu à Salon-de-Provence, faute d'un moyen de transport pour s’y rendre. Elle accoucha en octobre 1952 d'une fille, Brigitte, à la maternité des Chantiers et Ateliers de Provence de Port-de-Bouc, qui avait ouvert quelques mois plus tôt. La famille Argiolas emménagea en 1954 dans le quartier de la Tranchée à Port-de-Bouc et retrouva comme voisins Fifi Ros et Antoine Santoru, également mariés et devenus parents. Ils déménagèrent en février 1956 pour un logement en cité SNCF, boulevard Pierre Semard, que Jean-Marie avait demandé par son travail. En juin, un deuxième enfant, Serge, vint agrandir la famille.
Yves Tassy, le frère de Paulette, fut mobilisé en 1957 pour la guerre d’Algérie. Elle participa à plusieurs actions de femmes pour exiger la paix en Algérie. Lors de l’hiver 1957, par exemple, elle fit partie des délégations de mères et de femmes de soldats de Martigues et Port-de-Bouc reçues par le conseiller général puis le préfet des Bouches-du-Rhône. Elles apportaient une liste de résolutions pour la paix signée par quatre-vingt-quatre mères de Port-de-Bouc.
Au cours de l’hiver 1958, elle participa avec l’UFF de Port-de-Bouc à un rallye de ballons pour la paix en Algérie. Bon nombre de ces femmes appartenaient à des familles de militants communistes : Fifi Domenech (femme d’Albert Domenech), sa fille Yvette (future belle-sœur de Paulette), Fifi Santoru, Madame Fancello (belle-mère de la précédente), ainsi que Delphine Giovannini. En mars 1959, les Argiolas eurent un troisième enfant, Fabien. Quelques mois plus tard, la famille déménagea à Montélimar (Drôme), puis, un an après, à nouveau à Miramas où Jean-Marie était embauché dans le cadre de l’électrification de la ligne SNCF Arles-Miramas-Marseille. Le 14 juillet 1960, ils s’installaient au 6 rue Henri Lang de la Cité Fontlongue, fraîchement construite pour y loger des employés de la SNCF. Ils allaient garder la même adresse pendant soixante ans.
Au PCF de Miramas ils retrouvèrent Raymond Blanc, qui y était devenu secrétaire de section. Les enfants Argiolas fréquentèrent le centre de jeunesse SNCF, puis les colonies de vacances de la SNCF. Le 22 avril 1961, juste après les noces d’Yves Tassy avec Yvette Domenech, le couple Argiolas se rendit au meeting contre les "généraux factieux" d’Alger devant la mairie de Port-de-Bouc.
En mars 1965, le PCF présenta Paulette Argiolas au premier tour des élections municipales à Miramas, sur la liste du menuisier Louis Cote, aux côtés de dix cheminots et de deux autres femmes, Yvonne Astier et Denise Clément. Le parti voulait mettre en avant des candidatures féminines, à la différence des listes socialiste et de droite qui ne présentaient qu’une seule femme. L’instituteur Georges Thorrand, présent sur la même liste, sera élu maire de Miramas en 1977. Au 2e tour, une alliance fut réalisée avec la liste socialiste, voyant le remplacement dans la liste commune des autres femmes présentées au 1er tour pour intégrer des éléments de la liste de la SFIO. Paulette Argiolas resta cependant candidate. Ce fut toutefois la liste du médecin Pierre Tristani UDR qui l’emporta. Elle fut active dans l’association des parents d’élèves Cornec (FCPE), notamment avec Denise Clément, les deux femmes ayant des enfants nés la même année.
En mai-juin 1968, elle était membre avec Denise Clément et Juliette Demory du comité de soutien des femmes de grévistes de Miramas, qui organisa une manifestation rassemblant de 140 à 150 femmes, chiffre conséquent pour une ville de cette taille. Le cheminot communiste René Caramini filma une courte séquence de manifestation du comité des femmes avec sa caméra Super 8. Cette séquence fut reprise dans le film de la documentariste Virginie Linhardt, La Saga du rail, en 2020. Les femmes du comité participèrent activement à l’organisation de la soupe populaire lancée par la CGT pour les grévistes privés de salaires. Les hommes allaient dans les fermes environnantes chercher des légumes donnés par les les producteurs solidaires du mouvement, tandis que les femmes faisaient à manger. Denise Clément était impliquée dans l’organisation et les collectes, Paulette Argiolas prenait part à la distribution. D’après le témoignage de Denise Clément en 2021, tout en ayant des caractères très différents, les deux femmes étaient très liées. D’abord par leurs principes, qui passaient par la fidélité conjugale et la fidélité au Parti communiste. Sur le plan politique, elles agissaient régulièrement ensemble. De 1963 à 1981-1982, elles diffusèrent des tracts sur toute la zone des cités SNCF (de la coopérative SNCF à la rue Henri Lang), un périmètre important qu’elles couvraient après le repas du soir, quand elles pouvaient se libérer de leurs obligations familiales. Paulette avait préalablement mis à contribution ses enfants pour le pliage des tracts à distribuer.
En mars 1969, Paulette Argiolas fit partie des fondatrices, toujours avec Denise Clément, du comité de l’UFF de Miramas, qui avait disparu. Il comptait trente membres la première année. En septembre 1972, Heures claires, la revue de l’organisation, consacra un article de deux pages au comité de Miramas à l’occasion du congrès national. Paulette Argiolas y était mise en avant avec plusieurs de ses camarades, dont Juliette Demory, Denise Clément, Mimi Xéridat, Simone Gachon, Daniellle Juana, Rosette Caramini et Marie-Claire Pédinielli. En juin 1972, le comité local comptait 140 membres. Les militantes organisaient deux réunions lorsqu’elles se réunissaient (une la journée pour les ménagères et une autre le soir pour les travailleuses), une kermesse de trois jours lors de la Fête des Mères, une fête pour la Journée internationale des Femmes, une autre pour la revue Heures claires ainsi que pour d’autres occasions. Elles tenaient des stands lors des ferrades (fêtes provençales pour le marquage au fer des jeunes taureaux), vendant la revue de l’organisation, des petits travaux faits à la main, du linge et de l’artisanat local qui leur était laissé en dépôt-vente. Cette année-là, l’UFF de Miramas organisa un concours de dessins d’enfants pour la sauvegarde de la nature. Parmi les camarades de Paulette Argiolas, on peut citer aussi Yvonne Astier, Renée Cabiac, Suzanne Morard (voir Roger Morard), Fernande Reynaud et Mme Bérard. En novembre 1972, Paulette Argiolas reçut un courrier d’Ange Colombi, secrétaire fédéral du PCF pour l'inviter à une réunion du Collectif féminin de la commission fédérale des Bouches-du-Rhône.
Selon Denise Clément, en charge des Affaires sociales sous la municipalité de Georges Thorrand, Paulette Argiolas joua un rôle important dans la bataille pour l’acquisition d’un centre de santé mutualiste à Miramas. À la fin des années 1970, la Mutuelle Familiale (affiliée à l’UDMT) avait connu un fort développement, mais ses adhérents locaux devaient alors parcourir vingt à trente kilomètres jusqu’à Berre-l’Étang ou Port-de-Bouc pour avoir accès à un centre de santé. En 1979, une consultation de la population de grande ampleur fut lancée sous forme de questionnaires adressés aux adhérents de la Mutuelle Familiale et de la Mutuelle des Cheminots. Denise Clément et Paulette Argiolas (accompagnées de beaucoup d’autres) formèrent le noyau dur de la campagne. La consultation révélant un fort intérêt dans la population, d’autres sondages suivirent, mobilisant toujours plus d’habitants. En 1984, la création du centre fut votée au conseil municipal, sa gestion devant être confiée à l’UDMT (Mutuelle des Travailleurs), et en 1986 l’État donnait son accord et débloquait des fonds. Le projet mobilisa cependant une opposition persévérante, dont celle des médecins libéraux de la commune, craignant de perdre leurs patients, puis du président du Conseil régional de PACA (Jean-Claude Gaudin), interférant auprès de la ministre de la Santé (Michèle Barzach), et du préfet pour interdire l’ouverture du centre après la pose de la première pierre en 1987. Suite à la signature de milliers de télégrammes de soutien et d’une manifestation d’environ cinq cents partisans du projet sur le Vieux Port de Marseille en mars 1988, le centre de santé fut finalement inauguré en décembre. En décembre 1997, la Fédération des Mutuelles de France remettra à Paulette Argiolas la médaille des Mutuelles de France pour "ses activités et son dévouement à la cause des mutualistes".
Pendant plusieurs décennies, elle s’impliqua dans l’organisation des fêtes du Parti communiste : les lotos de la section de Miramas, la fête du journal La Marseillaise et la Fête de l’Humanité, pour y animer le stand des Bouches-du-Rhône avec son mari. René Caramini, ami et camarade des Argiolas, filma une séquence d’un quart d’heure avec sa caméra Super 8 dans lequel on la voit cuisiner pour les visiteurs de leur stand en 1970. Cette vidéo se trouve sur le site de Ciné-Archives (fonds audiovisuel du PCF - mouvement ouvrier et démocratique). Parmi les nombreuses campagnes et manifestations auxquelles elle participa au nom du PCF dans les années 1970-1980, on peut mentionner de manière non exhaustive : la "manifestation pour les libertés" du 26 juin 1975 à Miramas, aux côtés de ses camarades Yvonne Astier, Jean Pédinielli et Éliane Vighetti, des collectes de soutien aux peuples libanais et palestiniens, victimes de la guerre, en août 1976, une action de solidarité avec soixante familles du quartier de La Rousse à Miramas, menacées de coupures d’électricité du fait du chômage et des hausses de loyer auxquels elles étaient confrontées... Lors de cette dernière action, elle apparaissait aux côtés de son mari, Juliette Demory, Serge Gallès, Roger Juana et Dany Juana. Les époux Juana étaient des amis intimes des Argiolas en plus d’être des camarades. Ils partirent en vacances ensemble durant plusieurs décennies.
Le 12 mars 1982, Paulette Argiolas était présente au rassemblement devant la gare de Miramas à l’occasion de la réintégration des cheminots révoqués lors des grèves de 1947, dont Louis Deluy et Jean Ligé, par la loi d’amnistie mise en place par le ministre communiste des Transports Charles Fiterman. Elle y participa avec son époux Jean-Marie et leur petit-fils Renaud. Au printemps 1983, elle manifestait pour la Paix avec son mari à Marseille, dans le cadre de la campagne initiée par l’ "Appel des 100" contre les fusées Pershing américaines. Ce rassemblement anticipait celui prévu au mois de juin à Vincennes.
Dans les années 1980, elle était trésorière de sa cellule, la cellule Blanc Croizat, issue de la fusion des cellules Isidore Blanc et Ambroise Croizat. Dans les années 1990, elle fut membre du comité de section de Saint-Chamas/Miramas. Probablement à ce titre, elle remit en février 1993 un chèque de 4000 F à Paul Biaggini, directeur général de La Marseillaise au nom des cellules de Miramas, suite à une campagne de soutien financier. Elle fut de toutes les campagnes électorales du PCF de Miramas, au moins de 1965 à 2001, y compris celles qui se déroulèrent dans un climat d’anticommunisme violent, face aux candidats de droite successifs Pierre Tristani (UDR) et Pierre Carlin (UDF) lors des municipales.
En janvier 1991, alors que la France envisageait de rejoindre les USA dans la Guerre du Golfe, elle participa à un appel de cinquante femmes de Miramas à manifester contre la guerre à Marseille. Parmi elles il y avait ses camarades Yvonne Astier, Denise Clément, Suzanne Gélibert, Lucienne Geymet, Marie-Jeanne Geymet, Marie-Claire Pédinielli, Fernande Reynaud et Annette Sabatier. En février 2003, elle participait avec les cheminots retraités de Miramas à une manifestation de 50.000 personnes à Marseille contre les attaques néolibérales sur le système des retraites menées par François Fillon.
Des années 1980 aux années 2000, elle s’investit dans le militantisme associatif de retraités. D’abord dans l’ARM (Association des Retraités de Miramas), créée sous le premier mandat de la municipalité Thorrand et dont elle fut secrétaire. Cependant, suite à la victoire électorale de Pierre Carlin en 1989, l’association fut considérée comme communiste et la quasi-totalité des membres de son conseil d’administration furent démis de leurs fonctions. Une autre association lui succéda en 1990, Vivre Notre Temps, dont Serge Sabatier fut le président, Denise Clément la vice-présidente (puis la présidente suite au décès du premier), Simone Gachon la secrétaire et Paulette Argiolas la secrétaire adjointe. Yvonne Astier (membre de l’UFF et du PCF) et Suzanne Gélibert (UFF) furent également impliquées dans la création. Avec son mari Jean-Marie, elle profita des nombreux séjours de vacances organisés par Vivre Notre Temps à des prix accessibles à tous. À la fin des années 1990, elle prit part aux ateliers d’écriture proposés par l’association. Certains de ses textes furent publiés dans un recueil regroupant des productions de l’ensemble des participants.
Le nom de Paulette Argiolas apparaît dans la liste des contributeurs à un ouvrage collectif sur l’histoire de Miramas, Miramas à travers temps : Quand les anciens témoignent, dirigé par Séverine Justin et édité par Vivre Notre Temps en 2000.
Une longue maladie la fit se retirer progressivement des activités militantes. Elle serait apparue pour la dernière fois en photo dans La Marseillaise en mars 2012 à l’occasion d’une conférence donnée par l’historien Michel Étiévent sur Ambroise Croizat, père de la Sécurité Sociale, à l’Espace Ambroise Croizat de Miramas. Elle se faisait alors dédicacer la biographie d’une grande figure qui avait inspiré son parcours militant.
Ses obsèques firent l’objet de deux rassemblements successifs dans les villes où elle avait été principalement active, Miramas et Port-de-Bouc, en présence des drapeaux des deux sections du PCF. Denise Clément lui rendit un hommage. Paulette Argiolas est enterrée avec ses parents au cimetière communal de Port-de-Bouc.
Sources : Listes des candidats de 1965 à Miramas. — Lettre de convocation à une réunion du Collectif Féminin de la Commission Fédérale des Bouches-du-Rhône du 21 novembre 1972. — Tract des femmes de Miramas appelant à la manifestation du 12 janvier 1991 contre la guerre en Irak. — Attestation de remise de Médaille des Mutuelles de France du 12 décembre 1997. — Articles de La Marseillaise : "Pour la paix en Algérie", hiver 1957 ; "Magnifique succès du rallye de ballons pour la paix en Algérie", hiver 1958. — Article de Danièle Jeammet dans Heures claires N°96 (nouvelle série) de septembre 1972. — L’Unité (journal de la section du PCF de Miramas), mars 1981. — Articles de La Marseillaise : "Miramas : Soutien aux peuples libanais et palestinien", août 1976 ; "Soutien financier 434 137,50 F", 14 février 1993 ; "Marseille : Premier février, une manif qui fera date", 3 février 2003 ; "Michel Étiévent réhabilite Croizat, le ministre oublié", 4 mars 2012. — Séverine Justin (éd.), Miramas à travers temps : Quand les anciens témoignent, Association Vivre Notre Temps, 2000. — Souvenirs et notes sur sa jeunesse rédigés par l’intéressée en 2000 (non publié). — Témoignages de l’intéressée et de Denise Clément. — Archives Argiolas. — Site Ciné-Archives : Fête de l’Humanité 1970.
Œuvres : Collectif, Mots et émotions, Vivre Notre Temps, [sans date].
1ere version pour Le Maitron : 26 octobre 2021.
2e version : 11 janvier 2024.
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[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon ainsi que d’un article signé Louis...
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