BLANC Raymond, Gabriel
- Renaud Poulain-Argiolas
- 2 janv. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 juin
Né le 11 mai 1913 à Vergongheon (Haute-Loire), mort le 24 juillet 2001 à Istres (Bouches-du-Rhône) ; ajusteur au chemin de fer ; militant communiste d’Istres et de Miramas (Bouches-du-Rhône), secrétaire de la section PCF d’Istres, puis secrétaire de la section de Miramas ; syndicaliste CGT ; militant du Mouvement de la Paix ; conseiller municipal d’Istres ; militant associatif.

Raymond Blanc était le fils d’Albert Blanc, né à Peyrolles (Bouches-du-Rhône), employé de la compagnie ferroviaire Paris-Lyon-Méditerranée (PLM), et d’Honorine Brun, née à Meyrargues, sans profession. Son père avait été muté à Vergongheon par la direction du PLM pour sanctionner sa participation à une grève cheminote. Celui-ci transmit à son fils des valeurs solidarité et de lutte collective. Raymond avait trois frères : Léonce (né en 1910), René (1912) et Marcel (1919). Tous les hommes de la famille travailleront au chemin de fer. Après la naissance de Raymond, le foyer se réinstalla à Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, qu’il avait dû quitter quelques années plus tôt.

Il obtint le certificat d’études. Son instituteur l’encouragea à poursuivre sa scolarité, mais ses parents s’y opposèrent faute de moyens. Il commença à travailler en octobre 1924. Il avait onze ans. En 1927, il entrait à PLM comme apprenti au dépôt de Miramas. À la sortie de son apprentissage en 1931, il adhéra à la CGT. Il était encore domicilié avec sa famille au Pertuis, rue Lafayette, à Saint-Chamas. En 1934 il vivait sur l’avenue d’Arles à Miramas. En 1936, il devint collecteur pour le syndicat des cheminots, une tâche qu’il assurera durant trente-deux ans.
Raymond Blanc se maria le 10 avril 1937 avec Lucienne Hermite, fille d’un sous-agent technicien de la poudrerie de Saint-Chamas. Ils auront trois filles : Monique en 1939, Michelle en 1941, Nicole en 1942. En 1943, ils vinrent habiter à Istres chez l’oncle de Lucienne, Adrien Hermite. Ce dernier était devenu sourd à cause de l’explosion de la poudrerie en 1936 et ne pouvait plus vivre seul. Hermite leur proposa de partager sa maison avec eux jusqu’à son décès, à la condition que ses hôtes s’occupent du jardin et des animaux.
Raymond Blanc faisait les 3x8 au chemin de fer. Après son travail, il jardinait avec Adrien.
De mémoire familiale, Georges Lazzarino se cacha un temps chez eux pendant la guerre alors qu’il était recherché par les autorités. Raymond Blanc était-il déjà communiste avant 1939 ? Cette anecdote sur Lazzarino pourrait le suggérer. En tout cas, il l’était après la guerre.

À partir de 1949, Blanc était délégué du Comité mixte d'établissement (CME) au dépôt SNCF de Miramas. En 1951, il était membre des "Combattants de la Paix et de la Liberté", qu’on appela bientôt familièrement Mouvement de la Paix. L’organisation menait cette année-là une campagne pour la signature d’un pacte garantissant la paix entre les « 5 grands » : les USA, l’URSS, la France, le Royaume-Uni et la Chine. Elle revendiquait de 9 à 12 millions de signatures dans le pays.

De 1951 à 1953, Raymond Blanc militait avec Jean-Marie Argiolas et Paulette Argiolas au sein de la section du PCF d’Istres. Les Blanc étaient également proches des Pizzella : Félix, Flora, Amélie et Tany (voir Gaëtan Pizzella). En 1953, Raymond Blanc était secrétaire de la section istréenne. En avril, il mena la "Liste d’Union ouvrière et démocratique pour la Défense des Libertés républicaines, la Paix, le Pain et l’Indépendance nationale", présentée par son parti, aux élections municipales à Istres, face à la municipalité sortante dirigée par le socialiste Félix Gouin depuis 1945. Sur la liste du PCF figuraient essentiellement des ouvriers : quatre employés de l’aviation, deux travailleurs du bâtiment, dont Adrien Hermite, Trifon Nentcheff (ancien secrétaire de la section), Vincent Calatayud (secrétaire de l’Union locale CGT), et quatre femmes, parmi lesquelles Amélie Pizzella et Pauline Casanova (secrétaire du comité de l’UFF). C’est la liste de Félix Gouin qui remporta le scrutin.

Délégué syndical au dépôt de Miramas, Blanc militait dans la cellule communiste des cheminots du dépôt. Sa femme Lucienne était active dans la cellule Gabriel Péri à Istres.
En 1960, il fréquenta à nouveau les Argiolas, revenus dans la région, mais cette fois au sein de la section communiste de Miramas. Il en fut d’ailleurs secrétaire jusqu’en 1965, moment où il fut relayé par Jean Pedinielli. Sur le plan associatif, il était membre au début des années 1960 du bureau de la section football de la "Société Saint-Maurice cheminote de Miramas" (créée en 1908). En 1965, l’équipe de foot locale disputa un huitième de finale de la coupe de France.

En 1968, Blanc faisait partie de la cellule communiste Joliot-Curie. Il acheva sa carrière professionnelle au mois de juin avec le grade de chef de brigade d’ouvriers principal. Pour son pot de départ à la retraite, ses camarades lui offrirent une perceuse électrique et à sa femme une friteuse Tefal et un bouquet de fleurs. Pierre Massotier, secrétaire des retraités CGT, était présent, tout comme Raymond Perrot, secrétaire général du syndicat des cheminots, et André Maurin, secrétaire adjoint.
La même année, il aurait été élu dans la municipalité de Guy Romelli, maire SFIO, lors d’une élection partielle à Istres. Néanmoins, en désaccord avec la politique d’attribution des logements, il démissionna de sa fonction dans cette commission. Il aurait continué à siéger au conseil municipal durant le reste de son mandat. Adhérent à la CGT des cheminots retraités d’Istres et membre de la cellule Marcel Cachin du PCF, il militait dans cette dernière avec sa femme.

Lors des élections municipales de mars 1977, Raymond Blanc fut candidat sur la "Liste d’Union de la gauche et des démocrates pour Istres", présentée par le Parti communiste et menée par Yvette Bourdeau. La liste comprenait au total dix-neuf hommes, parmi lesquels le commerçant Félix Pizzella, et huit femmes, dont l’institutrice Nicole Verdumo. Jacques Siffre (PS) fut le nouveau maire de la commune.
Raymond Blanc habitait avec sa femme le quartier Saint-Jean à Istres. Il conserva ses convictions politiques jusqu’à la fin de sa vie.
Son frère René Blanc participa à la Résistance. Militant communiste, il fut adjoint au maire de Raphèle puis conseiller municipal de Berre-l'Étang (Bouches-du-Rhône).
Son frère Marcel Blanc fut lui aussi résistant et siégea après la guerre au comité fédéral du PCF des Bouches-du-Rhône.
Sources : Arch. Dép. Haute-Loire, État civil de Vergongheon, Naissances 1913, Acte n°7, 1925 W 1006. — Livret de famille. — Arch. mun. d’Istres, Décès 2001, Acte n°150. — Archives familiales. — Archives Argiolas. — Bulletin de vote du 26 avril 1953. — Bulletin de vote du 13 mars 1977. — « Miramas : Bonne retraite à R. Blanc », La Marseillaise, juin 1968. — Jonathan, « Les cheminots ont toujours été des passionnés de sport », La Provence, 9 novembre 2014 (en ligne). — Propos recueillis auprès de Paulette Argiolas. — Témoignage de sa fille Nicole (juin 2025). — Ciné-Archives, « 14 juillet 1951 : une manifestation placée sous le signe de la paix », 1951. — Site Généanet.
1ere version pour Le Maitron : 5 mars 2021.
2e version : 2 mars 2025.
3e version : 11 juin 2025.
4e version : 13 juin 2025.
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