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Renaud Poulain-Argiolas

MOULIN Marie-Louise, dite Nini [née BUIL Marie-Louise, épouse MOULIN, puis PÉRAUDEAU]

Dernière mise à jour : 25 avr.

Née le 16 juin 1914 à Valence-d'Agen (Tarn-et-Garonne), morte le 27 juin 2005 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; ouvrière d’usine, puis femme de ménage ; militante communiste de Martigues, membre du comité fédéral du PCF des Bouches-du-Rhône de 1947 à 1952 ; membre fondatrice du comité local de l'UFF ; conseillère municipale de Martigues (1945-1959) ; militante de la CNL.


Marie-Louise, Mado et Lucien Moulin en 1954

De source familiale, le père de Marie-Louise Buil était Manuel Buil, né le 1er janvier 1892 à Alquézar (province de Huesca) dans la communauté autonome d'Aragon (Espagne). Il travailla comme journalier et cordonnier et fut naturalisé français le 21 avril 1926 (annoncé le 27 avril au Journal officiel). Sa mère s'appelait Rosalia Moreno, née en 1887. Elle travaillait chez des particuliers, dont elle s'occupait de la maison, et mourut renversée par un enfant à vélo en 1933. Le couple n'eut qu'une fille, mais la mère avait eu deux enfants d'un premier mariage.


Marie-Louise Buil se maria à Marignane (Bouches-du-Rhône) le 4 décembre 1934 avec Lucien Moulin, qui fut employé aux pompes funèbres (privées) à Martigues, dans le quartier de Jonquières, et lui aussi militant communiste. En 1935, ils eurent une fille, Madeleine, dite Mado, qui suivra plus tard la voie de ses parents (voir Mado Luard. Les Moulin étaient-ils déjà engagés au PCF avant la guerre ?


Ouvrière d’usine, Marie-Louise Moulin prit part à la création du comité de l'UFF de Martigues dans l'après-guerre, avec notamment Marcèle Turcan et Marie-Louise Maîtrerobert. Elle fut présentée lors des élections municipales du 29 avril 1945 sur la "Liste d'union patriotique républicaine et antifasciste", dite aussi "liste unique", qui rassemblait principalement des mouvements et personnalités d’obédience communiste : Front national, UFF, CGT, PCF, Anciens Combattants, délégués des prisonniers et déportés, organisations professionnelles locales ou régionales. Elle figurait en tant que femme de prisonnier de guerre et membre de l'UFF aux côtés de deux autres femmes : Césarie Lombard, elle aussi membre de l’UFF et veuve du résistant communiste Paul-Baptistin Lombard, et Julie Fabre, représentant le PCF. Francis Turcan (futur maire de Martigues), employé de bureau et membre de la CGT, et Antoine Blanc, trésorier de l'Union locale CGT, étaient sur la même liste. C'était la première fois que les femmes exerçaient leur droit de vote à Martigues. D'après l’historien Jacky Rabatel, il y aurait eu très peu d'abstentions féminines. Marie-Louise Moulin devint 3e adjoint du maire Jean Toulmond, après Albert Long (Front national), 1er adjoint, et Gabriel Mouttet (PCF), 2e adjoint. Elle présida la commission d’Hygiène, Assistance, Bienfaisance et Famille. Césarie Lombard et Julie Fabre entrèrent elles aussi au conseil municipal. Elles étaient trois femmes sur vingt-sept sièges.


D’après le témoignage de sa fille Mado, des réunions du Parti communiste et des Femmes françaises se déroulaient dans le logement de fonction de Lucien Moulin aux pompes funèbres. Celles-ci contribuèrent au développement de la conscience politique de l’enfant.


Marie-Louise Moulin fut réélue lors des municipales de 1947, toujours avec Césarie Lombard et Julie Fabre, sur la liste "Union Républicaine et Résistante de Défense des Intérêts Communaux", présentée par le PCF. Au total, les femmes étaient quatre (une autre portait l’étiquette RPF) sur vingt-sept conseillers dans l’assemblée dirigée par le socialiste Théodore Cheillan. Les communistes, menés par Francis Turcan, avaient le groupe le plus nombreux (douze sièges), mais l’atmosphère était tendue, sur fond de Guerre froide, entre eux et le maire SFIO.


De 1947 à 1952, elle fut une des rares femmes élue au comité fédéral de la fédération PCF des Bouches-du-Rhône (10 femmes sur 58 membres).


Réélue à Martigues dans la municipalité du socialiste Paul Pascal en 1953, elle était la seule femme de l’assemblée. Avec l’UFF elle contribua à la création du centre social Eugénie Cotton en 1958, situé dans la rue du 14 Juillet. Après avoir exercé des fonctions politiques plus importantes que la majorité des femmes de son époque, Marie-Louise Moulin n’appparaît plus à des postes à responsabilités à partir de 1959 pour des raisons qu’on ignore. Elle continua cependant à militer au PCF et à l’UFF.


Elle participa aux réalisations des Femmes françaises pour améliorer la vie des Martégales, comme l’ouverture de la première halte d’enfants en 1966, dans la rue du 14 Juillet. Elle avait été financée par la municipalité, la Caisse d’allocations familiales, le Conseil général, la Caisse d’Epargne et l’UFF. Selon Marie-Louise Maîtrerobert, qui était secrétaire locale de l’organisation et conseillère muncipale en 1969, deux ans après son inauguration, la halte accueillait, signe de son succès, une moyenne mensuelle de cinq cents enfants. Par la suite, deux haltes d’enfants supplémentaires seront ouvertes dans la commune et gérées elles aussi par l’UFF.


Marie-Louise Moulin travaillait comme femme de ménage à l’hôpital de Martigues. 

Après son divorce en avril 1962, elle épousa le 25 mai 1963 un autre militant communiste, Edmond Péraudeau, ouvrier à la CFR de La Mède (Châteauneuf-les-Martigues). Le couple habitait l’ensemble HLM des Capucins à Martigues, dans lequel il y avait une cellule du PCF, au bâtiment A6. Dans le même quartier vivaient Mado, son époux Claude Luard et leurs enfants. Les Luard militaient dans la même cellule que Marie-Louise et Edmond Péraudeau, ainsi que Maurice Garenq, permanent de la section martégale.


Marie-Louise Péraudeau s’investit dans la Confédération Nationale du Logement – Amicale des locataires des Capucins. Vers cinquante ans, elle arrêta de travailler pour s’occuper de ses deux petites-filles.


Sources : État-civil de Valence-d'Agen, Année 1914, Acte de naissance n°17. — Arch. mun. Martigues : composition du conseil municipal après les élections de 1945, 1947 et 1953 ; interview de Marie-Louise Maîtrerobert, Bulletin municipal N°3 de Martigues, 1969. — Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 26 et 27.04.1926 (58e année, N°98), page 4839. — Collectif, Communistes dans les Bouches-du-Rhône : 1920-2020, Un siècle au service des luttes et du bien commun, Fédération PCF des Bouches-du-Rhône / Association Former Transformer Partager, 2020, 428 p. — Jacky Rabatel, Une Ville du Midi sous l'Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Culturel, 1986 (pp. 348, 352, 360-361). — Site Match ID, Acte n°298 N, Source INSEE : fichier 2005, ligne n°290429. — Propos recueillis auprès de sa fille Madeleine Luard et de sa petite-fille Christine.


2e version : 12 décembre 2023.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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