LUARD Mado [née MOULIN Madeleine, Rosalie, Emmanuelle]
Dernière mise à jour : 1 mai
Née le 4 août 1935 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; institutrice remplaçante, puis ouvrière et femme de ménage ; militante de l’éducation populaire (Francas) ; militante communiste de Martigues ; syndicaliste CGT ; militante du Mouvement de la Paix.
La mère de Mado Moulin, Marie-Louise Buil, née à Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne), était une militante communiste, membre fondatrice de l’UFF de Martigues et élue au conseil municipal à la Libération. Son père, Lucien Moulin, né à Aïn Témouchent (Algérie française), était lui aussi militant communiste. Il avait été prisonnier de guerre et travaillait comme employé aux pompes funèbres (privées) de Martigues dans le quartier de Jonquières.
Mado Moulin vint au monde un 4 août, au boulevard du 14 juillet, ce qui lui faisait dire avec humour en 2021 qu’elle était prédestinée à la cause révolutionnaire. Elle grandit dans le logement de fonction de son père aux pompes funèbres, où avaient lieu des réunions du PCF et de l’UFF, et adopta les idées de ses parents. Après avoir fréquenté les Vaillants et Vaillantes, elle milita au sein de l’UJRF et de l’UJFF de Martigues. En 1951, elle participa à une campagne de pétition pour la Paix avec l’UJRF. En récompense pour son efficacité, elle gagna un voyage à Berlin-Est pour le festival mondial de la jeunesse du mois d’août. Elle en garda un bon souvenir de l’humour de Paul Carpita, qui faisait partie du voyage et réalisa un film sur le festival.
Après avoir obtenu un bac littéraire, elle exerça comme institutrice remplaçante dans plusieurs écoles successives : dans le hameau de Saint-Pierre (Martigues), à Saint-Victoret (Bouches-du-Rhône), puis à Nanterre (Hauts-de-Seine). Elle utilisait des méthodes avant-gardistes, travaillant avec un magnétophone et s’inspirant des théories pédagogiques de Célestin Freinet et d’Anton Makarenko. D’après son témoignage, ses méthodes ne furent pas vues positivement partout. Suite à des désaccords, elle fut renvoyée et finalement non titularisée.
Vers 1963, elle se réorienta professionnellement et entra au centre Suzanne Masson à Paris pour suivre une formation en câblage. Elle était déjà syndiquée à la CGT. Passionnée de poésie, elle pratiquait le théâtre au centre d’apprentissage et sortit diplômée de sa formation. Elle travailla dans le câblage pendant un temps.
Lors de la préparation d’une fête de la CGT, Mado rencontra Claude Luard. Ils se marièrent à Martigues le 7 août 1965 et vécurent en banlieue parisienne, à Clichy (Hauts-de-Seine), dans un logement humide quelque peu insalubre. Claude et Mado Luard eurent deux filles, Mireille en 1966 et Christine en 1968, nées à Paris (XIe arr.).
La famille s’installa vers 1971 à Martigues (Bouches-du-Rhône), dans le quartier de L’Île. Claude fut embauché comme factotum au collège Marcel Pagnol où ils habitèrent ensuite, probablement jusqu’à sa démission en 1975 sur fond d’opposition à une réforme de l’enseignement (la réforme Haby). Ils emménagèrent alors dans le quartier des Capucins, place Paul Vaillant-Couturier. Leur voisin de pallier direct était Maurice Garenq, responsable de la Fédération du PCF des Bouches-du-Rhône. Dans le même quartier vivaient la mère de Mado, Marie-Louise Moulin, et son second mari, Edmond Péraudeau. Une cellule du PCF s’y réunissait d’ailleurs, la cellule Maurice Thorez, dont les époux Luard étaient membres.
Dans les années 1970, Mado Luard exerça sur un poste de direction chez les Francas, dans les locaux de l’école Aupècle du quartier de Jonquières. La structure fonctionnait sensiblement comme un centre aéré. Elle coordonnait une équipe d’animation qui proposait des activités aux enfants, dont des spectacles. Les enfants pouvaient aussi en proposer. De plus, elle dirigea des colonies de vacances et créa entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 un cercle artistique composé d’enfants de son quartier, le groupe Gavroche. Celui-ci avait également pour but de jouer des spectacles dans les fêtes. Il y avait du chant, de la danse et des sketchs, chaque enfant choisissant selon ses goûts. Les filles de Mado Luard participaient au groupe.
Dans les années 1990, elle travailla comme femme de ménage au lycée Paul Langevin, puis au collège Marcel Pagnol.
Mado Luard prit part à de nombreuses manifestations du Mouvement de la Paix. Un premier comité pour la paix avait été créé localement vers 1979-80, comprenant notamment Sylvia de Luca, le père Louis Droz et Maguy Cheinet, la première exerçant la fonction de présidente. Après le décès de cette dernière, le comité avait un peu mis ses activités en veille. C’est l’ « Appel des Cent » qui le fit renaître en 1982-83 et s’affilier officiellement au Mouvement de la Paix. Mado et Claude Luard en furent des membres actifs. Avec eux une centaine de Martégaux se rendirent à la marche de la Paix à Paris en juin 1983.
En dehors de ses heures de travail comme femme de ménage, Mado Luard gardait un pied dans la pédagogie, proposant bénévolement son aide aux élèves ayant des difficultés en classe. Elle faisait beaucoup de soutien scolaire. Un article du journal Le Provençal d’avril 1994 évoquait le travail d’accompagnement qu’elle faisait avec cinq adolescents « en mal d’identité » à travers l’histoire de la ville. Chaque semaine elle les menait à la rencontre de figures locales travaillant dans différents secteurs d’activité, le but étant de leur faire découvrir leurs racines.
D'après Gabrielle Bouny, secrétaire de la section communiste de Martigues au début des années 1990, Mado Luard siégeait à cette époque au comité de section.
Sources : « Les enfants de Madeleine », Le Provençal, 18 avril 1994. — Témoignages de l’intéressée et de sa fille Christine en mars 2021. — Témoignage d’Élisabeth Grand, présidente du Mouvement de la Paix de Martigues. — Propos recueillis auprès de Gabrielle Bouny.
1ere version pour Le Maitron : 30 août 2022.
2e version : 3 décembre 2023.
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