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Renaud Poulain-Argiolas

LOMBARD Paul-Baptistin [LOMBARD Paul, Baptistin, dit Paul-Baptistin]

Dernière mise à jour : 17 avr.

[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Antoine Olivesi et Robert Mencherini. Je l'ai complété en mettant en gras nos propres apports pour pouvoir les distinguer.]


Né le 19 avril 1903 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), exécuté sommairement le 13 juin 1944 au Fenouillet, commune de la Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier, docker ; syndicaliste CGT et communiste ; résistant du Front national de lutte pour la libération et des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).


Portrait de Paul-Baptistin Lombard au siège de la section du PCF de Martigues (photo de Renaud Poulain-Argiolas).

Né à La Ciotat dans une famille de petits commerçants, fils de Henri, Marius Lombard et de son épouse, Emma, Mathilde, Thérésine, née Roux, Paul-Baptistin Lombard, deuxième enfant du couple, commença par travailler à la charcuterie de son père. Il se maria, dans sa ville natale, le 17 février 1927, avec Césarie, Joséphine, Léonie Eygasier avec qui il eut un enfant. Après son mariage, il géra en 1925 le bureau des tabacs de son beau-père à La Ciotat, puis il devint patron de bar à Marseille (Bouches-du-Rhône), dans le quartier de Montolivet en 1934. Il partit ensuite aux Martigues (Bouches-du-Rhône) car sa belle-mère restait seule. Il travaille alors à la raffinerie de Lavera, puis à l’usine Verminck. Il fut, après 1935, le secrétaire du syndicat CGT des produits chimiques, puis le créateur de l’union locale CGT et de la Bourse du Travail de Martigues. D’après la police, il était correspondant local de l’hebdomadaire communiste Rouge-Midi. Licencié après la grève de novembre 1938, il exerça alors divers métiers, dont celui de docker aux Établissements Maritimes de Caronte.


Mobilisé du 9 septembre 1939 au 17 juillet 1940, il adhéra au Parti communiste en 1940, pendant la "Drôle de guerre". Il joua un rôle important, à Martigues, dans la reconstitution clandestine du PCF, créant début juillet 1941 un groupe de résistants de tendance communiste avec Albert Domenech, puis mettant sur pied le Front National (de lutte pour la libération et l’indépendance de la France) local, dont il attribua la direction à Georges Galdy en octobre 1942. Soupçonné par la police d’activité communiste et de vouloir reconstituer le syndicat, il fut perquisitionné à deux reprises en vain, mais il fut impliqué dans l’affaire Joseph Gabalda, responsable de l’OS (Organisation spéciale) dans la région. Il fut arrêté le même jour que lui, le 10 octobre 1941 et déféré devant la justice militaire. Écroué au fort Saint-Nicolas, il bénéficia d’un non-lieu le 11 novembre 1941 mais resta encore plusieurs semaines en prison puisque son frère, instituteur à Marseille, intervint le 3 décembre auprès du préfet pour s’en inquiéter et réclamer une nouvelle enquête. Les autorités hésitaient sans doute puisque la police spéciale, estimant qu’il s’agissait d’un "élément dangereux", proposait son internement administratif. À la différence la plupart des militants dans son cas, il fut relâché.


Selon les souvenirs de Joseph Brando, Lombard poursuivit son action aussi bien à Martigues qu’à Port-de-Bouc, où il fut aidé par d’autres syndicalistes comme Armand Guigue, Lucien Giorgetti, Joseph Brando, Marius Mouttet, André Blanc, P. Alexandrini et Marius Desvoy. Toujours selon Brando, le port aurait été le seul endroit où la présence des licenciés des grèves de novembre 1938 était tolérée. Le 8 juin 1944, Paul-Baptistin Lombard se rendit à la réunion organisée par les Mouvements unis de Résistance chez Robert Daugey, avant le départ pour le maquis, pour signifier le désaccord de son organisation avec cette initiative. Mais, peu après son arrivée au domicile de Daugey, les participants à cette réunion furent arrêtés par les services allemands. Paul-Baptistin Lombard et ses camarades furent conduits à Marseille et interrogés par la SIPO-SD (la "Gestapo"). Il apparaît dans le "rapport Catilina", établi par la "Gestapo", sous le numéro 9, comme "membre des FFI". Extrait de sa prison marseillaise, il fut fusillé par les Allemands, le 13 juin 1944, avec vingt-sept autres résistants, dans la clairière du Fenouillet, près de la Roque d’Anthéron.


Rue Paul-Baptistin [photo Renaud P-A, septembre 2024]

Le 17 octobre 1944, la presse régionale annonça que l’on venait de découvrir le destin tragique et le lieu d’exécution des huit résistants des Martigues, dont les familles étaient à la recherche depuis la Libération. Mais ce n’est que le 19 octobre que leurs dépouilles furent exhumées et identifiées. Paul-Baptistin Lombard fut inhumé définitivement au cimetière Saint-Joseph de Martigues, comme ses compagnons originaires de cette ville, au cours d’obsèques solennelles, en présence d’une foule nombreuse, le 21 octobre 1944. Paul-Baptistin Lombard a obtenu les mentions "Mort pour la France" et "Interné Résistant" et fut homologué adjudant, à titre posthume. Son nom figure sur la stèle érigée dans la clairière du Fenouillet et sur le mémorial du maquis de Sainte-Anne à Lambesc. À Martigues, il a également été donné à la rue des Moulins, dans le quartier de Jonquières, où il habitait. Son fils Paul Lombard exerça les mandats de maire (communiste) de cette ville pendant quarante ans, ainsi que de conseiller général du canton de Martigues et de député des Bouches-du-Rhône.


Le site "Mémoire des Hommes" répertorie Paul-Baptistin Lombard comme "déporté et interné de la résistance" et membre de la "résistance intérieure française" en individu isolé, lui attribuant "Chocolat" comme pseudonyme dans la clandestinité. Une cote contient des informations le concernant aux archives du Service historique de la Défense de Vincennes (GR 16 P 375587). En revanche, la Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale le fait apparaître en tant que FFI avec la mention "Mort pour la France". Une cote correspondant à ces faits est consultable au Service historique de la Défense de Caen (AC 21 P 84507). Il apparaît également dans la Base des morts en déportation. Le Service historique de Caen possède à ce titre une cote dans ses archives en lien avec lui (AC 21 P 479 610). De plus, il est mentionné qu’il fut décoré à titre posthume de la médaille de l’Ordre de la Libération en janvier 1959.



Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 5 W 216 (dossier Thomas). — AVCC Caen, 21P 479610, 21P 84507. — Arch. nationales, 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, "Rapport final […] Affaire Catilina", Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation, Martigues : 1939-1945, Martigues, Centre de Développement Artistique et Culturel, 1986 (p. 157). — Madeleine Baudoin, "Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine", thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — État civil. — Joseph Brando, Notes d’histoire vécue à Port-de-Bouc durant l’occupation allemande de 1940 à 1945 (non publié, sans date). — SHD Vincennes, GR 16 P 375587 (nc) ; SHD Caen, AC 21 P 479 610 (nc) et AC 21 P 84507 (nc). — Cimetière Saint-Joseph (Martigues). — Notes de Jean-Marie Guillon.


1ere version pour Le Maitron par Robert Mencherini : 8 février 2021.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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