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Renaud Poulain-Argiolas

GARENQ Maurice

Dernière mise à jour : 17 avr.

[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Jean-Claude Lahaxe. 

Je l'ai complété, en mettant en gras mes propres apports pour pouvoir les distinguer.]


Né le 12 mars 1918 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 21 octobre 2015 à Arles ; employé de la poste puis ouvrier de l’industrie chimique ; militant communiste ; résistant des Francs-tireurs et Partisans français, chef adjoint du 1er détachement de la 1ere compagnie du 1er bataillon FTPF (Sous-secteur d’Arles) ; membre du comité fédéral puis du bureau de la Fédération communiste des Bouches-du-Rhône ; conseiller municipal d’Arles (1953-1959) ; membre du bureau national de l’amicale des vétérans du PCF et président de l'Amicale des Bouches-du-Rhône.


Maurice Garenq en 1944

Avant-dernier né d’une famille de cinq enfants, Maurice Garenq vit le jour à Salin-de-Giraud (dépendant de la commune d’Arles) dans une cabane de gardian. Son père, Louis, Guillaume Garenq, ouvrier d’usine au moment de sa naissance, était employé aux salines et sa mère, Émilie, née Amalric, faisait des ménages. Après avoir réussi son certificat d’études primaires au mois de juin, Maurice Garenq fut porteur de télégrammes en octobre 1930 à l’âge de douze ans. Il devint ensuite facteur. Il se syndiqua et adhéra aux Jeunesses communistes en 1936. Après être demeuré sous les drapeaux de 1938 à 1941, il trouva un emploi à l’usine Solvay à Salin-de-Giraud. Maurice Garenq mena dès lors une activité de soutien (distributions de tracts, collectes d’argent) aux mouvements de résistance de la région. À la suite de son adhésion au Parti communiste en 1943, il devint secrétaire de la section locale tout en étant responsable du comité d’entreprise.


Dans sa fiche individuelle d’officier FFI datée du 30 décembre 1944, il déclarait avoir été "responsable (à) Salin-de-Giraud" à partir de 1942. Il pourrait s’agir des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF). Entre le 1er janvier 1943 et le 31 août 1944, il était d'ailleurs chef adjoint FTPF (Secteur Nord) du 1er détachement de la 1ere compagnie du 1er bataillon (Sous-secteur d’Arles), correspondant à la zone Le Sambuc – Salin-de-Giraud – Trinquetaille. Auguste Fillioux était chef du détachement, Edouard Hermil conseiller exécutif, Michel Garridecci conseiller technique et Léonie Pechinet agent de liaison. En août 1944, il participa à la constitution du régiment Rhône et Durance. Il était dans la 4e compagnie du bataillon 6/15.


Après sa nomination comme lieutenant, un chef départemental des FFI précisait à son sujet fin décembre 1944 : "Officier bien noté, à maintenir dans les cadres après un stage dans une école de cadres." Maurice Garenq était alors domicilié 25 rue Victor Hugo à Salin-de-Giraud, à la même adresse que ses parents. Son père était devenu agriculteur.

Du 9 au 26 janvier 1945, il fit un stage militaire au camp de Carpiagne qu’il enchaîna par un stage à l’Ecole des Cadres d’Aix-en-Provence. Il y était encore le 10 mai, où le colonel commandant l’école écrivait à son propos : "Ne peut faire un officier, mais cependant son travail et ses résultats méritent une récompense. Peut faire un adjudant, à verser dans son arme d’origine." Avant la guerre, il avait été 2e classe dans le 405e RADCA (régiment d'artillerie de défense contre aéronefs).


Il se maria en octobre 1944 à Arles avec Odette, Marcelle Leblanc, sa cadette de sept ans. Originaire de la Creuse, celle-ci travaillait à Salin comme employée de boucherie. Ils eurent une fille, Monique, en février 1945.


Conférence de Maurice Garenq à Arles, 1966 [photo fournie par Monique Garenq]

Maurice Garenq entra au comité fédéral du PCF des Bouches-du-Rhône, puis au bureau fédéral en 1947 et y demeura jusqu’en 1982. Quand il était jeune, il se rendait aux réunions à Marseille à moto, mais au retour, comme le bac de Barcarin ne fonctionnait pas la nuit, il se faisait prêter une barque par le responsable du bac qui était un ami. Il y mettait sa moto et traversait le Rhône à la rame jusqu’à Salin-de-Giraud. Affecté à la section d’Arles en 1953 en remplacement de Charles Barontini, il resta dans cette ville jusqu’en 1965. Il fut candidat sur la liste communiste aux élections municipales du printemps 1953, mais le socialiste Charles Privat, qui était maire depuis 1947, conserva la direction de la municipalité et Garenq fut élu conseiller dans l’opposition. Lors de la séance d’installation du nouveau conseil le 8 mai 1953, Maurice Garenq se présenta au poste de deuxième adjoint. Il perdit toutefois face à Jean Blanc, deuxième adjoint de la municipalité précédente, en obtenant douze voix contre dix-neuf. Désigné responsable du secteur nord des Bouches-du-Rhône au sein du bureau fédéral, il fut désigné pour représenter le Parti communiste à Arles-Ouest lors des élections cantonales du 17 avril 1955.


La foëne de Maurice Garenq [photo fournie par Monique Garenq]

Maurice Garenq pêchait régulièrement à l’épervier (filet) et à la foëne sur la côte arlésienne. Sa fille portait la musette et rabattait le poisson. Il possédait de nombreux accessoires de pêche ainsi que pour ramasser les moules. Ses prises constituaient un apport important aux repas du foyer.

De mémoire familiale, suite à une grève chez Solvay à laquelle il avait pris part, la direction lui aurait laissé en 1954 le choix entre le licenciement et une promotion au poste de contremaître. Il aurait choisi de partir. Durant quelques mois, les Garenq vécurent à la villa "La Nizado", rue Georges Bizet, chez Adrien et Zoïa Mouton, qui leur laissèrent plusieurs pièces de leur maison, avant de s’installer fin 1955 au 5 rue Balzac.


Ayant suivi les cours de l’école centrale de Viroflay en 1954, Maurice Garenq effectua un séjour de neuf mois à Clermont-Ferrand en tant qu’instructeur du comité central affecté chargé de s’occuper de l’usine Michelin. Il revint dans cette région pour soutenir la candidature de Pierre Bot opposé lors des cantonales de 1960-1961 à Valéry Giscard d’Estaing. Domicilié à Arles rue Jean-Louis Barthou, dans le quartier de La Genouillade, il quitta cette ville en 1965 pour remplacer Albert Bastoni, un des responsables du Parti communiste de Martigues, décédé dans un accident de la route.


Du milieu à gauche : Maurice Garenq, Vincent Salas, Georges Parenti (baissé à gauche), probablement lors d'une réunion chez Eternit [Arch. mun. Port-de-Bouc]

De janvier à mars 1966, l’annonce de la fermeture des Chantiers et Ateliers de Provence de Port-de-Bouc provoqua de nombreuses actions de résistance. La CGT et le PCF étant très investis dans cette lutte, Maurice Garenq fit partie des représentants du Parti communiste présents aux meetings de soutien à l’entreprise.


Dans le cadre de la construction du site industrialo-portuaire du "Grand Fos", il anima au début des années 1970 avec Félix Girolami un comité de coordination initié par la Fédération PCF des Bouches-du-Rhône. Le comité rassemblait les directions des sections et des élus communistes du secteur, avec pour tâche d’accueillir la main-d’œuvre venue construire le complexe sidérurgique, puis les sidérurgistes eux-mêmes. Environ 25 000 ouvriers employés sur les chantiers, originaires de Turquie, de Yougoslavie et du Maghreb, travaillaient selon un cycle continu, sans jamais s’arrêter, soumis à des conditions de vie indignes, un fort taux de mortalité et une répression patronale intense. Le comité de coordination dût rapidement assurer la construction de logements et d’infrastructures que le gouvernement n’avait pas prévues. Une des premières batailles menées par les communistes à Fos-sur-Mer concerna l’accès à l’eau, les travailleurs n’ayant ni point d’eau ni toilettes. Une fois par semaine, Félix Girolami et Maurice Garenq faisaient le tour des secrétaires de sections pour alimenter la politique de la Fédération communiste sur le terrain.


Pendant quatre ans, le journal communiste La Marseillaise fit campagne pour dénoncer cette catastrophe sociale et environnementale : grâce son rédacteur en chef Jacques Roger, au journaliste Jean-Claude Izzo qui, envoyé sur le terrain, publiait un article sur Fos-sur-Mer par semaine, et à Sauveur Lartas qui assurait la diffusion du journal parmi les ouvriers de Fos. Izzo et Garenq avaient des bureaux voisins à la section de Martigues. Maurice Garenq fit plus tard relier tous les numéros du journal traitant de la bataille de Fos.


Maurice Garenq (debout à gauche) avec Jacques Duclos (assis), en visite à Martigues, après son allocution très applaudie, mai 1974 [opus cité].

Vers 1974-1975, il fit un séjour en URSS avec sa femme, passant par Erevan, Moscou et Saint-Petersbourg. Il avait fait précédemment un voyage en Tchécoslovaquie.


Il exerça sa responsabilité à Martigues jusqu’en 1989, se montrant en particulier actif lors des actions entreprises en mai et juin 1968. En mai 1974, il accueillit Jacques Duclos, qui fit une allocution en faveur de l'Union de la gauche dans le cadre des élections présidentielles.


Pour nombre de responsables fédéraux qui le fréquentèrent, Maurice Garenq laissa le souvenir d’un homme d’expérience resté modeste, patient et pédagogue avec les plus jeunes, qui n’hésitait pas à mettre "la main à la pâte" sans se contenter du rôle de donneur d’ordres. Par ailleurs il faisait preuve d’une grande intransigeance sur le plan de la moralité, une caractéristique sans doute propre au Parti communiste de son époque.


Il était domicilié à Martigues dans l’ensemble HLM Les Capucins, au bâtiment D4 et avait pour voisins de palier Claude et Mado Luard. Au terme de son mandat au bureau fédéral des Bouches-du-Rhône, il se rendit disponible durant plusieurs années bénévolement pour la fédération communiste. Après 1989, il retourna s’installer définitivement à Arles. Il vécut 4 rue Gérard Philipe, avec Charles Barontini pour voisin.


Maurice Garenq, Jean-Jacques Lucchini et Georges Thorrand à Miramas lors des 80 ans du PCF, 17 décembre 2000.

De 1982 à 1990, il fut continuellement réélu à la commission fédérale de contrôle financier du PCF des Bouches-du-Rhône.

Il anima l’Amicale des vétérans du PCF arlésienne, devint membre du bureau national, dont il était encore membre dans les années 2000, et présida celle des Bouches-du-Rhône.

Le 17 décembre 2000, il participa à la célébration du 80e anniversaire du Parti communiste à Miramas, avec Georges Thorrand, maire de la commune, et Jean-Jacques Lucchini, secrétaire de la section PCF Saint-Chamas/Miramas.


Il mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans. Ses obsèques eurent lieu le 24 octobre 2015 à Arles, sans discours, pour respecter sa volonté. Incinéré à Martigues, ses cendres furent inhumées au cimetière de Barcarin, à Salin-de-Giraud.


Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 243432. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, dossiers 148 W 290 et 294, notes du commissariat central d’Arles des 26 janvier, 25 février, des 8 juillet et 2 septembre 1950 et du 17 mai 1952. — Arch. mun. Arles, Conseil Municipal (R) Délibérations municipales 1947-1948, D56 : Période 12 février 1947 - 27 février 1948) ; Conseil Municipal (V) Délibérations municipales 1952-1953, D60 : Période 5 Février 1952 - 8 Mai 1953. — Arch. centrales du PCF, décision du secrétariat du 11 février 1954. — Listes établies de mars 1952 à août 1968 à la suite de l’élection des instances de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. — Arch. mun. Port-de-Bouc.La Marseillaise, 29 mai 1953, 16 mars 1955, 9 juillet 1956, 23 mai 1968 ; « "L’arbre droit", banquet des 80 ans du PCF », 21 décembre 2000 [photographie] ; « Nécrologie : Maurice Garenq n’est plus », octobre 2015. — Collectif, Communistes dans les Bouches-du-Rhône : 1920-2020, Un siècle au service des luttes et du bien commun, Fédération PCF des Bouches-du-Rhône / Association Former Transformer Partager, 2020. Un siècle d’images martégales, Office municipal socioculturel, 1981, Martigues [photographie]. — Jean Domenichino, Une ville en chantiers : La construction navale à Port-de-Bouc, 1900-1966, Edisud, 1989 (pp. 285-286, 291). Stefania Nardini, Jean-Claude Izzo, histoire d’un marseillais, Éditions des Fédérés, 2019. Déclarations effectuées lors de l’entretien du 7 avril 1998, corrigées le 2 juin 2001, complétées le 20 août 2003. — Mémoire des Hommes, GR 19 P 13/3. — Propos recueillis auprès de Monique Garenq et de Raymond Mateu (décembre 2023-janvier 2024). — Témoignage de Félix Girolami (janvier 2024). — État civil d’Arles (2008). — Site Match ID, Acte n°602, Source INSEE : fichier 2015, ligne n°465557.


1ere version pour Le Maitron de Jean-Claude Lahaxe : 7 mars 2021.

3e version : 2 février 2024.

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Né le 27 novembre 1893 à Castiglione Messer Raimondo (province de Teramo) dans les Abruzzes (Italie), mort le 15 novembre 1943 à Fourques...

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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