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Renaud Poulain-Argiolas

BLANC Antoine. Pseudonyme dans la clandestinité : ESPONNER

Né le 26 septembre 1912 à Toulon (Var), mort le 10 août 1983 à Istres (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier de raffinerie, chauffeur ; syndicaliste CGT ; militant communiste de Martigues (Bouches-du-Rhône) ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans français, responsable militaire auprès de Maurice Tessé ; à la Libération : trésorier de l’Union locale CGT de Martigues ; conseiller municipal de Martigues.


Fête du PCF à Gémenos, années 1930. G. à d. : Mme Pappatico, P. Pappatico, A. Blanc, M. Maras, P. Mudadu.

Le père d’Antoine Blanc s’appelait Jean, Marie, Auguste Blanc. Né à La Bastide-Pradines (Aveyron), il était journalier. Sa mère s’appelait Julie, Jeanne Beyne. À la naissance d’Antoine, la famille était domiciliée à Toulon au chemin des moulins, dans la campagne Roux.

Le 22 février 1933, il épousa Gilorme, Madeleine, Angèle Paddeu à Martigues.


Avant la Seconde guerre mondiale Antoine Blanc était probablement déjà membre du Parti communiste comme semble l’indiquer sa présence sur une photo des années 1930 aux côtés de Philippe Pappatico et de Paul Mudadu lors de la fête du PCF de Gémenos (Bouches-du-Rhône).


Ouvrier à la raffinerie de Lavéra, il fréquenta Paul-Baptistin Lombard et Maurice Tessé, tous deux licenciés suite aux grèves du 30 novembre 1938. Ils restèrent en lien, Lombard créant un réseau de résistance d’obédience communiste qui avait des contacts dans les principales entreprises de Martigues et de Port-de-Bouc. Contacté début 1942 par le Commandant Callas (Gaston Beau), responsable des FTP à Marseille, il fut chargé de l’approvisionnement en munitions des FTP de Martigues. Dans la clandestinité Blanc avait pour pseudonyme "Esponner". Maurice Tessé le prit comme responsable militaire tandis qu’il choisissait Marius Arnaud comme adjoint. Selon la liste des FTP du réseau conservée par Yvonne Tessé, Antoine Blanc rejoignit leur groupe dès sa création début 1943. Son adhésion fut enregistrée sous le matricule 52.172. Elle nota qu’il était alors chauffeur. Si d’après Jacky Rabatel la frontière entre activités relevant strictement du PCF et propres aux FTP était difficile à établir avec précision, Antoine Blanc fut de ceux qui assumèrent pleinement leur double appartenance. La majeure partie des FTP martégaux se connaissant, ils ne respectèrent pas strictement la consigne d’organisation en triangle et menèrent leurs actions au gré des circonstances, en recourant aux plus décidés ou à ceux qui étaient disponibles sur le moment.


Blanc se procura des plans des blockhaus allemands auprès de M. Gout, chef de chantier d’une entreprise de Martigues travaillant pour la Todt, avant de les transmettre à Wilfred Botté, membre du réseau Brutus (d’obédience socialiste). Les FTP du département recevant peu de soutien financier du gouvernement d’Alger, le réseau martégal organisa le 5 août 1944 une embuscade contre le convoi de la paye du personnel d’une entreprise locale. À la sortie de Martigues, six partisans interceptèrent au milieu d’une côte le camion de la Société Française du bâtiment de La Couronne. Louis Delague, caché dans les fourrés, faisait le guet. À l’arrière du camion, il y avait quinze ouvriers assis, Claude Vandelle étant assis sur le toit de la cabine, un chapeau enfoncé sur les yeux pour donner le feu vert pour l’attaque. Quand Delague siffla, Henri Arnaud, Auguste Tolosano et Alfred Paddeu tinrent les ouvriers en respect avec des mitraillettes Sten depuis le milieu de la route et de part et d’autre du véhicule. Pierre Costa ouvrit une portière, son viseur braqué vers le chauffeur, tandis que François Ivars se faisait remettre la serviette contenant 700 000 F, un chèque en blanc de cinq millions de francs et des papiers administratifs. Le chauffeur reçut pour consigne de ne pas s’arrêter dans le quartier où étaient basées les troupes allemandes. Les FTP avaient ainsi le temps de rejoindre la ville à vélo. Pourtant des femmes ayant vu la scène allèrent prévenir la police. Des patrouilles ratissèrent les collines et bloquèrent les routes. Antoine Blanc prévint l’inspecteur Vincent Sorrentino, résistant des MUR, que c’était les FTP qui avaient fait le coup. La police feignit alors de poursuivre ses recherches. Le pactole fut remis à Gaston Beau, responsable départemental des FTP.


À la Libération, Antoine Blanc était trésorier de l’Union locale CGT de Martigues. Il fut candidat sur la "Liste d’union patriotique républicaine et antifasciste", dite "liste unique", lancée par le Front national lors des élections municipales du 29 avril 1945. Il représentait la CGT avec Francis Turcan. Leurs colistiers étaient des membres du Front national, de l’UFF, du PCF, des FUJP, du syndicat régional agricole et de celui des pêcheurs, des représentants de la Chambre des métiers et des artisans, de l’Association des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, ainsi qu’un socialiste indépendant et deux représentants des prisonniers et déportés, qui se présentèrent également sur la liste concurrente de la SFIO. Vingt-six candidats de la « liste unique » sur vingt-sept furent élus au premier tour. Antoine Blanc siégea donc dans la municipalité de Jean Toulmond, père du résistant fusillé Lucien Toulmond, puis dans celle de Francis Turcan, après la démission de Toulmond un an plus tard.


Sources : État civil, Naissance, Toulon, 1912, Acte n°1455 (avec mentions marginales), 7 E 146/516. — Présence de plusieurs dossiers au SHD au même nom, mais aucun ne correspond à son état civil. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Culturel, Martigues, 1986 (pp. 33 [photographie], 102, 224, 228, 349, 352). — Copie de liste manuscrite de membres des FTP attribuée à Yvonne Tessé. — Site Généanet.


Version au 9 octobre 2022.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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