CAPARROS François [né CAPARROS NUÑEZ]. Pseudonyme dans la clandestinité : MAUREL Yves
Dernière mise à jour : 17 avr.
[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Antoine Olivesi.
Je l'ai complété en mettant en gras nos propres apports pour pouvoir les distinguer.]
Né le 13 août 1919 à Vera (Almeria), en Andalousie (Espagne), mort le 21 février 1995 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; manœuvre, poseur de voies et grutier ; militant communiste de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) ; résistant ; membre du premier triangle clandestin des Jeunesses communistes de Port-de-Bouc ; syndicaliste CGT, secrétaire général du Syndicat des Métaux CGT des Chantiers et Ateliers de Provence ; conseiller municipal puis adjoint au maire de Port-de-Bouc (1953-1977).
Les parents de François Caparros étaient nés eux aussi à Vera. Son père, Bartolome Caparros Martinez, était ouvrier journalier ; sa mère s’appelait Francisca Nunez Leon. Il était le plus jeune d’une fratrie de deux filles et deux garçons. Sa famille émigra à Port-de-Bouc, où son père travailla comme manœuvre à l’usine Saint-Gobain. D’autres militants port-de-boucains sont ses cousins, leurs ascendants ayant comme les siens immigré de Vera vers Port-de-Bouc. Ainsi Jean Nunez et Zé Nunez avaient des arrière-grands-parents en commun avec lui.
Après son certificat d’études, il entra à treize ans comme apprenti aux Chantiers et Ateliers de Provence (CAP), qui le licencièrent l’année suivante. Il fut ensuite embauché chez Matteï, société marseillaise des essences, en tant que poseur de voies. Témoin de bonne heure, au cours des années de crise, des luttes populaires, des grèves, aux chantiers navals ou parmi les dockers, sa conscience politique se développa très tôt. En 1934, il participait aux luttes contre les fascistes, en 1935 à celles contre les Sabianistes (voir Simon Sabiani) et adhérait aux Jeunesses communistes. En 1936, il prit part aux mobilisations du Front populaire, vendit les journaux L’Humanité, Rouge-Midi et L’Avant-Garde, forgeant ainsi son expérience de militant. Il participa au congrès de la jeunesse communiste. Il se porta volontaire pour partir en Espagne défendre la République menacée par les troupes de Franco, mais on refusa de le laisser partir en raison de son jeune âge. C’est suite aux accords de Munich et à la grande grève du 30 novembre 1938 qu’il décida d’adhérer au Parti communiste. Il fut membre du bureau de sa cellule.
Le Journal officiel de la République annonça sa naturalisation française le 31 mars 1940. Mobilisé cette même année, il s’engagea dans l’artillerie, une expérience qui tourna court à cause de la "Drôle de guerre" suivie de la victoire allemande. Toutes les organisations communistes ayant été interdites, Caparros fut chargé de reconstituer les Jeunesses communistes clandestinement. Il rencontra Robert Giudicelli, membre du comité central, qui vint un soir à Port-de-Bouc. Mi-janvier 1941, une réunion secrète eut lieu chez Jean Nunez, au quartier Saint-Jean. Étaient également présents : Charles Scarpelli, à qui allait échoir le secrétariat de la section locale ; Louis Vallauri, qui allait faire partie des fondateurs du journal communiste La Marseillaise ; Sauveur Pastourel, John Vella et François Caparros. Ils y discutèrent notamment des moyens de mettre sur pied une nouvelle organisation.
D’après l’historien Jean Domenichino, à la fin du mois de janvier Caparros créait le premier triangle clandestin des JC de Port-de-Bouc avec Louis Barsotti et Michel Barrat (bien que Caparros ait pu dater cette création à novembre 1940). Malheureusement ses deux camarades furent très vite arrêtés par la police de Vichy et internés. Après cette expérience il lui fallut du temps pour reprendre contact avec le Parti communiste. Selon les souvenirs du résistant port-de-boucain Joseph Brando, un quatrième homme aurait participé à la renaissance des JC : André Saborit. Comme ni Barsotti ni Barrat ne parlèrent, Caparros et Saborit purent continuer à œuvrer dans la Résistance.Toujours est-il que les JC se reconstituèrent et que le PCF grandit en diffusant des journaux clandestins (L’Avant-Garde, l’Humanité, Rouge-Midi), des tracts et des papillons, « pour la plus grande fureur des flics », commentait Caparros lui-même. En 1942 il revint brièvement travailler aux Chantiers et Ateliers de Provence. On lui donna ensuite pour mission d’être actif dans le Var, où il rencontra d’autres résistants du parti, comme Lucien Lambert, dit "Paulus", ou Léon David. Pour tous les militants de la clandestinité François Caparros était "Yves Maurel".
Ce n’est qu’en 1945 qu’il revint à Port-de-Bouc et aux CAP, alors réquisitionnés, en tant que grutier. Il fut chargé de l’organisation politique de la section locale du PC, militant aux côtés de Georges Lazzarino. En 1948, il devint secrétaire général du Syndicat des Métaux. La même année, il épousa Odette Zadro, secrétaire d’un cercle de l’UJFF. Ils eurent une fille ensemble, nommée Françoise. En 1949, la période de réquisition des CAP prenant fin, un conflit important porta sur la suppression d’une prime au lancement des bateaux par la direction. Celle-ci répondit à la grève par un lock-out de l’entreprise, désireuse de briser l’influence du Syndicat des Métaux. Caparros avait alors cédé la place de secrétaire du syndicat à Zé Nunez* pour concentrer son activité sur le travail du parti dans les entreprises. Au terme de quatre mois de bras de fer avec la direction qui donnèrent lieu à une formidable mobilisation populaire, on le licencia une nouvelle fois. François Caparros entra au conseil municipal de Port-de-Bouc en avril 1953 sur la liste de René Rieubon. Il y siégea pendant près de vingt-cinq ans et fut deuxième adjoint au maire à partir de 1965. Réélu lors du scrutin de mars 1977, il démissionna pour raisons de santé en novembre de la mème année.
Considéré dans sa ville comme une incarnation de la mémoire populaire, il fit des interventions en 1994, lors du 50e anniversaire de la Libération.
Il est enterré au cimetière communal de Port-de-Bouc.
En octobre 2016, le maire communiste Patricia Pédinielli honora la mémoire de quatre résistants locaux en donnant leur nom à des rues du quartier des Résidences de la Paix : Joseph Brando, Albert Domenech, Armand Guigue et François Caparros.
Sources : Arch. mun. Port-de-Bouc. — SHD Vincennes, GR 16 P 104856 (nc). — Réponse (transmise par Georges Righetti, directeur de La Marseillaise) du militant au questionnaire en mai 1982. — Renseignements communiqués par Jean Domenichino. — Joseph Brando, Notes d’histoire vécue à Port-de-Bouc durant l’occupation allemande de 1940 à 1945 (non publié, sans date). — Article de Maritima Info, "Port-de-Bouc, les rues de l’histoire", 13 octobre 2016 (en ligne). — Site Généanet, Arbre généalogique de Robert Pardo. — Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 31 mars 1940 (72e année, N°83), p. 2353 — Article nécrologique de Germain Laffont dans La Marseillaise, février 1995. — Jean Domenichino, Une ville en chantier : La construction navale à Port-de-Bouc, 1900-1966, Edisud, 1989 (pp. 174, 184-185, 223). — Cimetière de Port-de-Bouc.
1ere version pour Le Maitron par Antoine Olivesi : 27 janvier 2021.
2e version complétée par moi : 4 septembre 2022.
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