MORARD Roger, Robert, René
Dernière mise à jour : 19 avr.
Né le 5 janvier 1944 à Gargas (Vaucluse) ; employé à la SNCF ; militant communiste et élu de Miramas (Bouches-du-Rhône) ; syndicaliste ; membre de la commission exécutive de l’UD CGT de 1979 à 1999 ; trésorier de l’Union locale CGT de Miramas.
Le père de Roger Morard s’appelait Robert, Armand, Paul Morard. Il fut d’abord agriculteur, puis cheminot, activité qu’il exerça durant la majeure partie de sa vie professionnelle. Sa mère, née Suzanne Constantin, était sans profession. Robert Morard travaillait au service exploitation de la gare de Miramas. Il était syndicaliste à la CGT et délégué du personnel pour les aiguilleurs. Il était aussi adhérent au PCF et engagé dans l’association de parents d’élèves APE Cornec. Suzanne Morard était militante de l’UFF. Roger était l’aîné d’une fratrie de cinq enfants.
Si Robert Morard commença à travailler à la gare de Miramas en 1945, il logea dans un premier temps à Miramas chez un cousin, tandis que sa famille habitait toujours Gargas. Par la suite, ils trouvèrent un logement à Saint-Chamas, où ils vécurent de 1946 à 1951, dans une maison sans eau courante. En 2020, Roger Morard évoquait ces temps difficiles où il fallait aller vider la tinette au bout du port. Il y avait pourtant une part de réjouissance, car ils en profitaient pour pêcher des gobies au même endroit. C’est en 1951 qu’ils emménagèrent à Miramas, au 23 rue Voltaire. Les séjours dans les colonies de vacances de la SNCF, qu’il connut dès l’âge de sept ans, marquèrent également son enfance. Il avait une grande estime pour son père. Avec sa mère, c’était plus délicat. Il la trouvait dure sous le poids de la responsabilité d’élever cinq enfants au quotidien.
Après le BEPC, Roger Morard passa plusieurs concours d’entrée dans les administrations publiques. Il en réussit deux, dont un se déroulant à Toulouse pour devenir ingénieur aéronautique. Toutefois l’inscription coûtait plus de 700 Francs, ce qui était au-dessus de leurs moyens. Il passa donc un concours "élève exploitation" à la SNCF. Il y entra à 16 ans, le 1er octobre 1960. Pendant deux ans il fut élève, passant la première année à Istres et la seconde à Port-de-Bouc, où il resta finalement. Au terme de ces deux années, il passa un autre concours et devint facteur enregistrant de 2e classe. D’après ses souvenirs, au triage 8 à 15 trains par jour devaient être traités, arrivées et départs compris. Ils étaient alors 110 cheminots à Port-de-Bouc.
Roger Morard épousa Michèle, Marcèle, Rose Gibaud en 1965. Elle fut déléguée du personnel CGT à la CPAM, adhérente au PCF jusque dans les années 1990 et également trésorière de sa cellule. Ils eurent ensemble un fils en 1974, Christophe, qui fut lui aussi un cheminot de la CGT.
En 1973, il adhéra au PCF. C’était pendant la guerre du Vietnam, sur la place de l’Église. C’est Denise Clément qui l’avait convaincu. Il avait l’habitude de la voir à cet endroit assurer une présence militante. Comme il aimait dire avec humour : elle l’avait eu « à l’usure ». Il prenait très à cœur son engagement au parti, particulièrement le soutien financier, ajoutant qu’il payait même un 13e timbre quand il y en avait besoin.
La CGT fut pour lui une adhésion « de conscience ». Il l’avait rejointe en 1963. Il passa plusieurs écoles de formation : les niveaux 1 et 2, puis la formation spécifique destinée aux secrétaires généraux d’UL. De 1979 à 1999, il fut membre de la commission exécutive de l’UD CGT. Il s’amusait du fait d’être encore trésorier de l’UL à 76 ans.
Interrogé sur grands moments de sa vie militante, Roger Morard évoqua avec enthousiasme les grèves de 1968 qu’il avait vécues à Port-de-Bouc. Des moments de grande camaraderie à ses yeux, commentant qu’il n’avait peut-être jamais autant bu, mangé et fumé que dans cette période. Les concours de boules soudaient aussi les grévistes. L’après-midi, il allait parfois cueillir des pissenlits dans la colline avec sa femme du côté du quartier Saint-Jean. Les femmes de l’UFF avaient une présence constante parmi les grévistes. Des pêcheurs qui les soutenaient leur apportaient du poisson. Des agriculteurs manifestaient également leur solidarité, comme l’illustre cette anecdote d’un camion qui leur livra quinze tonnes de pommes de terre.
En février 1969, il fut muté à Miramas en tant que délégué à la sécurité. Après le congrès fédéral des cheminots CGT de 1970, il fut élu dans la nouvelle équipe de direction du syndicat de Miramas. André Maurin devint secrétaire général, Francis Nardy secrétaire général adjoint, Edmond Charpail secrétaire adjoint, Morard étant lui aussi secrétaire adjoint (spécifiquement pour les questions d’organisation). La trésorerie était assurée par Jean-Marie Argiolas, assisté de Jean-Claude Vighetti comme trésorier adjoint.
Suite à la loi d’amnistie des cheminots sanctionnés pour faits de grève dans le passé portée par le Ministre des Transports Charles Fiterman en 1981, il anima conjointement avec Francis Nardy la journée du 12 mars 1982, où l’on célébra à Miramas la réintégration de quatre cheminots révoqués en 1947. Nardy rendit hommage à leurs camarades Louis Deluy et Jean Ligé, ainsi qu’à deux cheminots d’autres villes. Il rappela le courage des militants de la CGT qui les avaient précédés, ceux qui après l’occupation allemande avaient subi la répression du pouvoir gaulliste et s’étaient retrouvés licenciés, emprisonnés, rétrogradés, avant de faire l’expérience des emplois précaires. La foule se rendit ensuite devant le Monument aux Morts de la guerre, où Roger Morard évoqua le souvenir de Pierre Semard, secrétaire de la CGT fusillé par les nazis en 1942.
Au niveau politique, il se présenta aux élections municipales en 1995 sur la liste d’Union de la gauche menée par Georges Thorrand et fut élu au conseil municipal jusqu’en 2001. Il fut à nouveau intégré dans la liste pour les élections municipales suivantes, mais, placé en position non éligible, il ne fut pas élu.
Sources : Miramas-Info, juin 1982. — Propos recueillis auprès de l’intéressé.
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