LAURENT Gaston, Mathurin, Joseph
- Renaud Poulain-Argiolas
- 9 janv. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 oct.
Né le 1er juillet 1920 à Martigues (Bouches-du-Rhône), mort le 27 mai 1997 à Martigues ; cultivateur, facteur aux PTT ; militant communiste ; conseiller municipal de Martigues de 1965 à 1989, adjoint spécial de la mairie annexe de Lavéra ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF) ; engagé dans l'armée de libération.

Gaston Laurent était le fils d’un couple de cultivateurs : Léopold Norbert Laurent, né à Martigues, et Alix Pauline Albertine Roubieu, domiciliés dans le hameau de Saint-Julien à Martigues. Mobilisé pour le STO (Service du travail obligatoire) dans sa commune, il fut cultivateur à Saint-Julien avant de devenir facteur auxiliaire. Il adhéra au Parti communiste en 1943 et rejoignit les rangs des FTPF de Martigues dirigés par Maurice Tessé. Il témoignera plus tard : « Les Allemands sur place ce n’étaient pas les pires : la plupart avaient fait la retraite de Russie… Certains étaient vieux ou estropiés ». Le moment de son engagement – décembre 1943 – ses nom, date de naissance et numéro de matricule – 52.149 – sont mentionnés sur une liste des membres du réseau que détenait Yvonne Tessé.
À la même période, les effectifs du réseau s’enrichirent des arrivées de Joseph Gatto, Antoine Anguille et Jules Turcat. Gaston Laurent avait déjà pris l’initiative de saboter des trains à destination de l’Allemagne avec ses frères. Guy et Noël Laurent rejoignirent également les FTPF le même mois. En plus des groupes de trois placés sous l’autorité de Paul-Baptistin Lombard, une douzaine de membres regroupés autour de Maurice Tessé constituaient le fer de lance de l’action armée locale. Ils étaient entourés de personnes de confiance, sollicitées pour distribuer des tracts, cacher des armes ou pour des coups de main ponctuels. Le 15 décembre 1943, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Gabriel Peri, fusillé par les Allemands, le groupe déposa une gerbe de fleurs « cravatées aux couleurs de la France » sur le socle de l’ex-monument Richaud, devant la mairie. Grâce à son poste de facteur, Gaston Laurent distribuait des tracts de propagande anti-nazie en allemand dans les secteurs contrôlés par la Wehrmacht. Il les glissait sous ses pédales pour pouvoir les lâcher au moment opportun.
À partir de janvier 1944, les FTPF sortirent du travail de propagande et de recrutement, passant à l’action directe : les actes de sabotage se multiplièrent dans la région. Le 1er janvier, trente locomotives furent visées à Miramas. Les FTPF martégaux rejoignirent cette action concertée à l’échelle départementale le 7 janvier, en tentant de saboter la voie ferrée Marseille-Martigues près de la gare de Ponteau-Saint-Pierre. Gaston Laurent était présent, ainsi que Louis Delague, Marius Arnaud, Henri Arnaud, François Ivars, Henri Bonifay et François Martinez. Vers minuit, le poste des garde-voies fut investi. Les résistants ligotèrent et bâillonnèrent le chef de poste, coupèrent les fils du téléphone et emportèrent les fusils de chasse des garde-voies. Ensuite Marius Arnaud attacha à un rail de la dynamite volée à la plâtrière. Trois garde-voies, des civils, arrivèrent à ce moment-là, dont Joseph Gatto et son père. Ils furent sommés de lever les mains en l’air et de suivre les FTPF dans leur retraite. Joseph Gatto reconnut certains de ses copains. Le sabotage échoua : quelques boulons lâchèrent mais le rail resta en place. Cette expérience leur fit prendre conscience de la nécessité brûlante d’acquérir des armes et des explosifs pour être à la hauteur de la lutte armée qui avait lieu dans la région.
En mai 1944, après la mort de Tessé, Gaston Laurent était responsable d’un groupe de trois dans le groupe mené par Marius Arnaud. Au mois d’août, ils désarmèrent les gardes-voies de la gare de Caronte. À la Libération, ils réquisitionnèrent des armes à Saint-Julien. Laurent prit part aux combats de la victoire avant de quitter Martigues, le 9 septembre 1944. pour s’engager dans la 1ere Division Française Libre. Il y fut caporal. Le 18 juin 1945, il défila sous l’Arc de triomphe avec son régiment. Dans son témoignage, il mentionnera avoir été rétrogradé soldat de 2e classe après la guerre, un sort que subissaient parfois les militants communistes.
![Séance de travail du conseil municipal, 1965. De gauche à droite : Gaston Laurent, Gabriel Mouttet, Julien Olive, Victor Pistoun, Paul Lombard, Clément Escoffier, Francis Turcan (maire), Julien Fabre, Olivier Griscelli, Gabriel Catto, Félix Salemme et Marius Gouirand [Martigues 65, bulletin municipal]](https://static.wixstatic.com/media/080998_84431a9f546447449b7ef70f3c6c173f~mv2.jpg/v1/fill/w_550,h_316,al_c,q_80,enc_avif,quality_auto/080998_84431a9f546447449b7ef70f3c6c173f~mv2.jpg)
Facteur dans le quartier de Lavéra à Martigues, il fut conseiller municipal PCF dans la municipalité de Francis Turcan élue en mars 1959. Il fut réélu lors du scrutin de mars 1965. En janvier 1969 se déroula une élection municipale partielle pour compléter les sièges laissés vacants par les décès de plusieurs élus, dont celui du maire, remplacé par Paul Lombard, fils de Paul-Baptistin Lombard. Gaston Laurent devint dès lors l’adjoint spécial attaché à la mairie annexe de Lavéra, une fonction qu’il assuma pendant presque quinze ans. En mars 1971, il était candidat sur la "Liste d’Union démocratique et de Défense des intérêts communaux", conduite par Paul Lombard, qui obtint 65,94 % des suffrages exprimés face à une liste intitulée "Front unifié des Républicains pour un nouveau Martigues" (droite) menée par Bernard Fleuriot et Ruggieri Marcelli. L’intégralité de la liste de gauche fut élue au premier tour avec un score qui n’avait jamais été aussi élevé depuis la Libération.
![Le conseil municipal de Martigues, janvier 1969. Gaston Laurent se tient à gauche sous le buste de Marianne [Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues]](https://static.wixstatic.com/media/080998_45a1cb2732384dd88448c0adc037c7cd~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_482,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/080998_45a1cb2732384dd88448c0adc037c7cd~mv2.jpg)
![André Auffray et Gaston Laurent, élus de Martigues en 1977 [Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues]](https://static.wixstatic.com/media/080998_bb94cd7c37b94caf923c6ecb4a10485d~mv2.jpg/v1/fill/w_466,h_550,al_c,q_80,enc_avif,quality_auto/080998_bb94cd7c37b94caf923c6ecb4a10485d~mv2.jpg)
En mars 1977, Gaston Laurent était candidat sur la "Liste d’Union de la Gauche et de Défense des intérêts communaux" menée par Paul Lombard, gratifiée de 74,54 % des suffrages exprimés. Les résultats des vainqueurs étaient supérieurs de 8,60 % à ceux du scrutin précédent, la "Liste d’action Municipale Martigues-Avenir" (droite) faisant un score à peu près équivalent à celui fait par la droite en 1971. Le conseil municipal de 1977 était constitué de 15 techniciens, ouvriers et employés, 4 enseignants, 3 retraités, 2 artisans ou professions libérales, 5 cadres techniques et 2 personnes sans emploi. Il comprenait aussi 7 femmes, des candidatures que l’Union de la gauche tenait à favoriser.
À nouveau élu de la municipalité de Paul Lombard de 1983 à 1989, Gaston Laurent siégea comme simple conseiller municipal, remplacé à son poste d’adjoint de Lavéra par Robert Ippoliti. Ce fut son dernier mandat municipal.
Il s’était marié avec Lucie Maria Egurreguy le 15 février 1985 à Lavéra (Martigues) et était domicilié dans le quartier les Plaines, à Saint-Julien-les-Martigues.Son acte de décès mentionne qu’il mourut sur l’avenue des Rayettes, ce qui correspond à l’adresse de l’hôpital de Martigues.
Sources : Arch. mun. Martigues, liste des conseillers municipaux ; Etat civil, Naissances 1920, Acte n°81, 2 E 130. ; Copie intégrale de l’acte de décès n°220, année 1997. — Martigues 60, bulletin municipal n°2 ; Martigues 65, bulletin municipal [photographie] ; Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues, début 1969 [photographie] ; n°13, décembre 1970-janvier-février-mars 1971 ; n°37, début 1977 [photographie] ; n°62, 1983/1. — « Ils avaient 20 ans en 44 » (dossier), Reflets, le magazine de Martigues et sa région, n°75, juillet-août 1994. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Cuturel, Martigues, 1986. — Site Match ID, Acte n°00220 N, Source INSEE : fichier 1997, ligne n°275616.
1ere version pour Le Maitron : 9 octobre 2022.
2e version : 9 janvier 2024.
3e version : 7 juillet 2025.
4e version : 13 octobre 2025.




![MARESTAN Jean [HAVARD Gaston, dit]](https://static.wixstatic.com/media/080998_e376198839fc49138b357d03aaa54a8b~mv2.jpg/v1/fill/w_363,h_581,al_c,q_80,enc_avif,quality_auto/080998_e376198839fc49138b357d03aaa54a8b~mv2.jpg)

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