LAURENT Gaston, Mathurin, Joseph
Né le 1er juillet 1920 à Martigues (Bouches-du-Rhône), mort le 27 mai 1997 à Martigues ; facteur aux PTT ; militant communiste ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans français ; conseiller municipal de Martigues de 1965 à 1989, adjoint spécial de la mairie annexe de Lavéra.
Gaston Laurent était le fils de Léopold, Norbert Laurent, né à Martigues, et d'Alix, Pauline, Albertine Roubieu. Facteur à Martigues (Bouches-du-Rhône) sous l’Occupation, il rejoignit à vingt-deux ans les rangs des FTP de Martigues dirigés par Maurice Tessé. Le moment de son engagement - décembre 1943 - ainsi que ses nom, date et lieu de naissance, numéro de matricule (52.149) et métier sont mentionnés sur une liste des membres du réseau que détenait Yvonne Tessé. À la même période, les effectifs du réseau s’enrichirent des arrivées de Joseph Gatto, Antoine Anguille et Jules Turcat. Gaston Laurent avait déjà pris l’initiative de saboter des trains à destination de l’Allemagne avec ses frères. Guy et Noël Laurent rejoignirent également les FTP le même mois. En plus des groupes de trois placés sous l’autorité de Paul-Baptistin Lombard, une douzaine de membres regroupés autour de Maurice Tessé constituaient le fer de lance de l’action armée locale. Ils étaient entourés de personnes de confiance, sollicitées pour distribuer des tracts, cacher des armes ou pour des coups de main ponctuels. Le 15 décembre 1943, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Gabriel Peri, fusillé par les Allemands, le groupe déposa une gerbe de fleurs "cravatées aux couleurs de la France" sur le socle de l’ex-monument Richaud, devant la mairie.
À partir de janvier 1944 les FTP sortirent du travail de propagande et de recrutement, passant à l’action directe : les actes de sabotage se multiplièrent dans la région. Le 1er janvier, trente locomotives furent visées à Miramas. Les FTP martégaux rejoignirent cette action concertée à l’échelle départementale le 7 janvier, en tentant de saboter la voie ferrée Marseille-Martigues près de la gare de Ponteau-Saint-Pierre. Gaston Laurent était présent, ainsi que Louis Delague, Marius Arnaud, Henri Arnaud, François Ivars, Henri Bonifay et François Martinez.Vers minuit, le poste des garde-voies fut investi. Les résistants ligotèrent et bâillonnèrent le chef de poste, coupèrent les fils du téléphone et emportèrent les fusils de chasse des garde-voies. Ensuite Marius Arnaud attacha à un rail de la dynamite volée à la plâtrière. Trois garde-voies, des civils, arrivèrent à ce moment-là, dont Joseph Gatto et son père. Ils furent sommés de lever les mains en l’air et de suivre les FTP dans leur retraite. Joseph Gatto reconnut certains de ses copains. Le sabotage échoua : quelques boulons lâchèrent mais le rail resta en place. Cette expérience leur fit prendre conscience de la nécessité brûlante d’acquérir des armes et des explosifs pour être à la hauteur de la lutte armée qui sévissait dans la région (voir Maurice Tessé).
Après la guerre, Gaston Laurent était facteur dans le quartier de Lavéra. Militant du PCF, il fut conseiller municipal de Martigues dans la municipalité de Francis Turcan, élue en mars 1959. Il fut réélu lors du scrutin de mars 1965. En janvier 1969 eut lieu une élection municipale partielle pour compléter les sièges laissés vacants par les décès de plusieurs élus, dont celui du maire, remplacé par Paul Lombard, fils de Paul-Baptistin Lombard. À partir de ce mandat, Gaston Laurent devint l’adjoint spécial attaché à la mairie annexe de Lavéra, une fonction qu’il assuma pendant près de quinze ans. En mars 1971, il était candidat sur la "Liste d’Union démocratique et de Défense des intérêts communaux", conduite par Paul Lombard, qui obtint 65,94 % des suffrages exprimés face à une liste intitulée "Front unifié des Républicains pour un nouveau Martigues" (droite) menée par Bernard Fleuriot et Ruggieri Marcelli. L’intégralité de la liste de gauche fut élue au premier tour avec un score qui n’avait jamais été aussi élevé depuis la Libération.
En mars 1977, Gaston Laurent était candidat sur la "Liste d’Union de la Gauche et de Défense des intérêts communaux" menée par Paul Lombard, gratifiée de 74,54 % des suffrages exprimés. Les résultats des vainqueurs étaient supérieurs de 8,60 % à ceux du scrutin précédent, la "Liste d’action Municipale Martigues-Avenir" (droite) faisant un score à peu près équivalent à celui fait par la droite en 1971. Le conseil municipal de 1977 était constitué de 15 techniciens, ouvriers et employés, 4 enseignants, 3 retraités, 2 artisans ou professions libérales, 5 cadres techniques et 2 personnes sans emploi. Il comprenait aussi 7 femmes, des candidatures que l’Union de la gauche tenait à favoriser. À nouveau élu de la municipalité de Paul Lombard de 1983 à 1989, Gaston Laurent siégea comme simple conseiller municipal, remplacé à son poste d’adjoint de Lavéra par Robert Ippoliti. Ce fut son dernier mandat municipal.
Marié avec Lucie, Maria Egurregui, Gaston Laurent était domicilié dans le quartier les Plaines, à Saint-Julien-les-Martigues.
Sources : Arch. mun. Martigues. — État civil de Martigues, Copie intégrale de l’acte de décès n°220, année 1997. — Martigues 60, bulletin municipal, n°2 ; Martigues 65, bulletin municipal [photographie] ; Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues, début 1969 [photographie] ; n°13, décembre 1970-janvier-février-mars 1971 ; n°37, début 1977 [photographie] ; n°62, 1983/1. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Cuturel, Martigues, 1986. — Site Match ID, Acte n°00220 N, Source INSEE : fichier 1997, ligne n°275616.
1ere version pour Le Maitron : 9 octobre 2022.
2e version : 9 janvier 2024.
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