CARRÈRE Étienne, André
Dernière mise à jour : 19 avr.
Né le 12 août 1901 à Condom (Gers), disparu le 24 août 1944 à Buchenwald (Thuringe, Allemagne) ; manœuvre spécialisé à la SNCF ; militant communiste de Miramas (Bouches-du-Rhône) ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans Français ; déporté.
Le père d’Étienne Carrère s’appelait Pierre Carrère et exerçait le métier de chauffeur mécanicien (probablement à la compagnie PLM). Sa mère, Marie Andreu, était sans profession. À sa naissance, ses parents étaient domiciliés à Condom, avenue Alsace-Lorraine.
En 1942 il vivait au 11 boulevard Talabot à Miramas. Il était alors manœuvre spécialisé à la SNCF et père de quatre enfants. Il s’était marié le 19 décembre 1925 à Cahors avec Berthe Dupuis. Le PCF s’étant implanté dans la commune avant guerre, des tracts du parti y circulaient pendant l’Occupation. Étienne Carrère prit part à sa reconstitution clandestine. Une attestation réalisée après la Libération le reconnut comme chef de groupe FTP, tandis qu’un certificat d’appartenance aux FFI signé par le général de division commandant la 9e RM par délégation et le colonel ex-chef régional FFI R2 (signatures illisibles) atteste de son engagement de janvier 1942 au 6 décembre 1942, date à laquelle il fut arrêté. Suspendu pour activité communiste par la SNCF, la police spéciale l’interpella au dépôt avant de le conduire à la prison Chave de Marseille. Des documents saisis quelques jours plus tôt sur deux responsables arrêtés à Marseille le mettaient en cause ainsi que d’autres militants communistes de la région. Les hommes furent inculpés pour reconstitution du PCF, détention d’armes et d’explosifs. Le 25 juin 1943, il fut transféré à la prison d’Aix-en-Provence, puis le 22 juillet jugé par la section spéciale de la cour d’appel de la même ville avec une trentaine de camarades. Il fut relaxé avec une dizaine d’autres pour défaut ou insuffisance de preuves, sans être toutefois remis en liberté. On le transféra le 4 novembre 1943 au camp d’internement de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn).
Selon la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, il fut déporté pour Buchenwald le 30 juillet 1944 à bord du convoi I. 252, comprenant plus d’un millier d’hommes et une centaine de femmes, au départ de la gare Raynald de Toulouse. La liste des prisonniers portait à son arrivée au camp l’annotation "BDS Paris" (Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des Sicherheitsdienstes) pour signifier que le Commandant de la Police de sécurité de l’État et du service de sécurité de la SS de Paris avait ordonné le transfert. L’armée allemande, soucieuse d’échapper à la progression des troupes alliées, fit ainsi évacuer plusieurs centres d’internement de la région, dont le camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). On ajouta aux détenus du camp des réfugiés espagnols, des familles juives, des résistants raflés en Haute-Savoie et des FTP des Bouches-du-Rhône. Parmi les résistants communistes des Bouches-du-Rhône présents dans le même convoi, il y avait aussi Lucien Giorgetti, Armand Guigue, Louis Barsotti, Jean Longinotti et André Cometto.
D’après une note du Secours catholique international du 18 décembre 1944, le convoi passa par Sète, Montpellier, Nîmes, Avignon, Orange, Valence, Chalon-sur-Saône, Dijon, Chaumont, Lunéville et Weimar. Les hommes adultes furent ensuite transportés jusqu’au camp. L’arrivée d’Étienne Carrère fut enregistrée à Buchenwald le 6 août. Sa fiche d’entrée mentionne qu’il était déporté politique et portait le numéro de matricule KLB 69346. Il fut affecté au Block 51. Le soucis du détail de l’administration nazie donne un grand nombre d’informations supplémentaires sur lui. Il est mentionné que ses enfants étaient âgés de deux à quinze ans à ce moment-là, que sa formation scolaire s’était limitée à l’école élémentaire, qu’il avait été incorporé dans l’infanterie de 1921 à 1923, puis de 1939 à 1940. Concernant sa description physique, on sait qu’il mesurait 1m61, avait les cheveux bruns, les yeux bleus et portait une prothèse dentaire à la mâchoire supérieure. Deux domiciles sont évoqués : celui de Miramas du 11 boulevard Talabot et un autre à Layrac (Lot-et-Garonne). Il fut déclaré "verstorben" (décédé) en date du 24 août 1944. En novembre 1945, un témoin déclara l’avoir vu vivant en décembre 1944. Néanmoins d’après des témoignages de "plusieurs de ses camarades" il serait mort lors d’un bombardement du camp le 24 août 1944. C’est cette dernière hypothèse qui fut retenue comme version officielle.
En septembre 1948, le maire de Miramas déclarait que la mention « Mort pour la France » avait été inscrite en marge de son acte de décès à la demande du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Il fut gratifié après sa mort du grade de sergent et du titre de Déporté politique. Son nom figure sur le monument de la Résistance du val de Cuech à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et à Miramas à trois endroits différents : sur une stèle élevée près de la gare, sur une grande plaque commémorative à la mairie et sur le Monument aux Morts. Pour honorer sa mémoire une rue de la commune fut d’ailleurs nommée Étienne Carrère. Il est également cité parmi 446 agents SNCF "des 8e arrondissements morts pour la France" sur la colonne octogonale qui se dresse à Marseille dans le square de la gare Saint-Charles, ainsi que sur le monument de Saint-Anne, dans la chaîne des Côtes (Bouches-du-Rhône).
D’après le site Mémoire des Hommes, le Service historique de la Défense de Vincennes a dans ses archives une cote contenant des informations sur lui (GR 16 P 108547). Dans la partie Base des morts en déportation (1939-1945) du site, il est précisé que les archives de Caen disposent elles aussi d’une cote ayant des informations le concernant (AC 21 P 433 626).
Sources : Archives Dép. Gers, État civil de Condom de 1899 à 1901 (5 E 38497), Acte de naissance n°62 : Étienne, André Carrère. — Copie du Certificat de présomption de décès, Mairie de Miramas, 7 février 1946. — Certificat d’appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur, Marseille le 15 octobre 1946 (copie certifiée conforme le 28 octobre 1952). — Livre-Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Archives Arolsen. — SHD Vincennes, GR 16 P 108547 (nc) ; SHD Caen, AC 21 P 433 626 (nc). — Notice CARRÈRE Étienne de Robert Mencherini dans Cheminots victimes de la répression, 1940-1945 : Mémorial (livre dirigé par Thomas Fontaine), Perrin/SNCF, 2017. — Archives Argiolas. — Site Généanet.
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