ARVANITIS Stéphan, Démêtre, dit Étienne
Dernière mise à jour : 15 mai
Né le 30 juillet 1927 à Martigues (Bouches-du-Rhône), mort le 29 septembre 2006 à Martigues ; cadre supérieur, chef d’entreprise ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans français ; proche du Parti communiste durant l’Occupation, puis farouche adversaire des communistes après la guerre ; militant gaulliste de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) et du MSP (Mouvement pour le Socialisme par la Participation) ; conseiller municipal de Martigues (1983-1989).
Les parents de Stéphan Arvanitis étaient Démêtre, Stéphan Arvanitis, journalier, et Théodora Hatjidimitrion, sans profession, tous deux nés en Turquie. À sa naissance, ils étaient domiciliés rue du Docteur Sérieux à Martigues (quartier de Jonquières). Ils déménagèrent peu de temps après pour un autre logement situé 3 rue Rolland dans le même quartier.
De 1938 à janvier 1944, Stéphan Arvanitis était élève au lycée Mignet d’Aix-en-Provence.
Après avoir obtenu le baccalauréat, il travailla pour la Compagnie Moderne de Construction de Martigues, où restera en activité jusqu’à la Libération.
C’est également en janvier 1944 qu’il rejoignit les Francs-Tireurs et Partisans français du secteur de Martigues. Il donna son adhésion à Henri Arnaud, chef de groupe franc et frère de Marius Arnaud. D’après l’historien Jacky Rabatel, à Martigues il était difficile de distinguer vraiment l’action des FTP de celle du Parti communiste. Sans pour autant avoir adhéré aux idées communistes, on peut donc supposer que Stéphan Arvanitis en était proche. Il eut pour supérieur hiérarchique Paul-Baptistin Lombard dit « Titin », puis Gratien Santucci dit « Horace ». Jusqu’en février 1944, il assura la protection du groupe lors de la pose des affiches et la distribution des tracts. Entre février et juillet, il participa au sabotage de la Platrière de Saint-Pierre-les-Martigues et des mines allemandes destinées à faire sauter les quais de Martigues. Il transporta des armes à destination de différents maquis de la région, notamment entre Aix-en-Provence, Martigues et Miramas. Avec son groupe il prit part aux combats de la libération et du sous-secteur jusqu’au 31 août.
Après la guerre, il fut jeune classe au sein de la 7e Compagnie 4e Peloton dans l’école de sous-officiers de Strasbourg [école des cadres de Rouffach] (Bas-Rhin), inaugurée par le général de Lattre de Tassigny. D’après Paul Lombard, qui l’avait connu sur les bancs de l’école, Arvanitis serait devenu gaulliste à la Libération. Henri Arnaud attesta par écrit qu’il avait fait partie des FTPF sous ses ordres. On lui remit un certificat d’appartenance aux FFI daté du 7 avril 1948, signé par le colonel Simon, ex-chef régional FFI – R.2 pour le général Astier de Villatte, commandant la IXe Région Militaire. Il vivait alors au 30 rue Rolland à Martigues.
Le 9 septembre 1950, Stéphan Arvanitis se maria dans la commune avec Maria Specogna. Ils eurent un fils, nommé Jean-Fernand, l’année suivante.
Directeur commercial de la petite entreprise qu’il avait créée en 1949, les Ateliers de Chaudronnerie de Martigues, il la transforma en ACM-Services en 1968, puis en holding sous le nom d’ACM-groupe Arvanitis en 1990. Afin de faire entendre la voix des petits commerçants et des petites entreprises, il fonda l’Union des activités Commerciales Industrielles et Artisanales de Martigues (UCIAM). Aux dires de Paul Lombard, la structure eut « un certain succès (…) au moment de la poussée du Poujadisme. » Avec la municipalité menée par Francis Turcan, il fut à l’initiative de la création du Syndicat Mixte d’Équipement de Martigues, qui réalisa la zone commerciale du canal de Caronte, et de la construction d’une annexe de la Chambre de Commerce pour la formation et l’écoute de ses ressortissants. Il fut membre du Conseil d’Administration du Port autonome de Marseille.
Sous le nom d’Étienne Arvanitis, il fut candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR) aux élections législatives de novembre 1958 dans la 10e circonscription, celle de l’étang de Berre. Il fut gratifié de 17 951 voix sur 56 118 suffrages exprimés, ce qui le plaçait en seconde position derrière le socialiste Denis Padovani (21 071 voix) et devant le communiste René Rieubon (17 096 voix). De nouveau candidat en 1962, ce fut cette fois René Rieubon qui remporta le scrutin.
En décembre 1972, Étienne Arvanitis était secrétaire adjoint du MSP (Mouvement pour le Socialisme par la Participation), rassemblant des gaullistes de gauche. Il se présenta aux élections législatives de mars 1973, toujours pour la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, aux côtés d’Adrien Roux, sous l’étiquette "Majorité nouvelle pour le président – avec Edgar Faure pour un nouveau contrat social". Leur liste appelait les électeurs à s’opposer au Parti communiste et à ses alliés partisans du Programme commun de la gauche. Parmi les éléments de son parcours qu’il mettait en avant dans sa profession de foi, il disait avoir été « combattant volontaire de la Résistance » à 17 ans et avoir fait la « campagne de France dans un commando », éludant son appartenance aux FTPF d’obédience communiste. René Rieubon conserva son siège.
Syndiqué à la CGC, il eut des responsabilités économiques importantes : trésorier de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille (au sein de laquelle il siégeait depuis une quinzaine d’années), président des petites et moyennes entreprises industrielles et artisanales de l'étang de Berre et du golfe de Fos, administrateur de la Foire Internationale de Marseille, de la Caisse d’Épargne, du Syndicat mixte de Fos-sur-Mer, de Berre et de Martigues et président de l’Association départementale du Tourisme. Sur les plans sportif et culturel, il fut président du CA du Football-Club de Martigues, de l’UGBCM - rassemblant 1500 boulistes licenciés - et des "Amis de Saint-Blaise" (fouilles archéologiques). Passionné de sport, il avait été membre de l’équipe II du Football-Club de Martigues de 1947-1948, qui fut championne de Provence, et participé au championnat du monde pétanque de 1965 à Madrid.
Candidat lors des municipales de 1983 à Martigues, il fut élu d’opposition dans la municipalité dirigée par le communiste Paul Lombard. Ce dernier lui rendit hommage après son décès, lors de la séance du conseil municipal du 20 octobre 2006, rappelant notamment qu’il avait apporté « la plus grande part du capital privé au sein de la SEMIVIM [bailleur social de la ville de Martigues créé en 1961] où il fut un partenaire compétent, efficace et d’une assiduité exemplaire. »
Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, Recensement de la population de Martigues, 1931, 6 M 510. — SHD Vincennes, GR 16 P 19202. — Profession de foi pour les élections législatives du 4 mars 1973 [photographie]. — « D’un département à l’autre », Le Monde, 27 décembre 1972 (en ligne). — Robert Bertano, Jean-Marie Bianchi et Football-Club de Martigues, 60 ans de football à Martigues : 1921-1981, 1982 [photographie]. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Culturel, 1986. — Notice Maitron de PADOVANI Denis par Antoine Olivesi. — Discours de Paul Lombard, compte rendu de séance du conseil municipal du 20 octobre 2006, site de la Ville de Martigues. — Site Match ID, Acte n°446, Source INSEE : fichier 2006, ligne n°401767. — Biographie d’Etienne Arvanitis, site Who’s who in France (https://www.whoswho.fr).
Version au 10 mai 2024.
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