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Renaud Poulain-Argiolas

MIGDAL Robert

Dernière mise à jour : 1 mai

Né le 30 mai 1922 à Paris (XIVe arr.), mort le 9 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; militant communiste clandestin ; résistant de l’Organisation Spéciale ; interné ; déporté.


Robert Migdal était le troisième garçon d’une fratrie de onze enfants nés entre 1914 et 1935. Ses parents étaient des juifs immigrés. Son père s’appelait Joseph (Jossek) Migdal, Juif polonais né à Ostrow (Russie) qui avait fui les pogroms et immigré en France à l’âge de 14 ans. Sa mère, Sophie, Bertha Pester, était originaire de Würzbourg (Allemagne) et arrivée en France avec sa famille à l’âge de quatre ans. Tous deux avaient été naturalisés français. Tailleur de formation, le père travaillait comme marchand des quatre saisons rue d’Aligre à Paris (XIIe arr.). De 1926 à 1936 tous les membres de la famille étaient domiciliés 72, rue Claude-Decaen à Paris (XIIe arr.).


D’après l’historienne Claudine Cardon-Hamet, pendant l’Occupation Robert Migdal fit partie, avec ses frères Henri et André, de l’un des premiers groupes armés de l’OS (Organisation Spéciale du Parti communiste) à Paris.


Robert Midgal participait aux réunions de propagande des Jeunesses communistes, qui étaient organisées par Jean Canard et dirigées par Joseph Le Lagadec. Y participaient en outre les frères Armand et Jean Feldmann, Raymond G., Henri Migdal et Roland Pannetrat. Certaines se tenaient dans la rue, près des grilles d’entrée d’immeuble, comme au 10, rue Tourneux et à la rue Édouard-Robert. D’autres avaient lieu de temps en temps chez Robert Poing, dont le père était souvent absent le soir de son domicile, au 10 rue Tourneux (il pourrait s’agir d’un autre groupe). La nuit tombée, ils diffusaient tracts et journal, inscrivaient des slogans à la craie ou collaient des papillons sur les murs.


Robert Migdal fut appréhendé suite à la découverte du centre de diffusion de tracts clandestin du 15 rue Édouard-Robert, chez le militant communiste Ludovic G., le 25 janvier 1941. Le locataire et son fils, Raymond G., interrogés dans les locaux des renseignements généraux, avaient reconnu leur implication et mis en cause les membres de leur réseau dont ils connaissaient les noms. André, Henri et Robert Migdal furent arrêtés par le Service de police anticommuniste (SPAC) au domicile de leurs parents pour infraction au décret du 26 septembre 1939 interdisant le Parti communiste. Selon André Migdal, 36 personnes furent raflées au total, dont la moitié étaient des jeunes.


Le 30 mai 1941, leur groupe passait en jugement devant la 15e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. Les frères Migdal étaient défendus par Michel Rolnikas, avocat du Parti communiste (qui sera arrêté quelques semaines plus tard). Robert et Henri Migdal furent condamnés à six mois de prison qu’ils exécutèrent à Fresnes. A leur levée d’écrou, ils furent internés administrativement à Châteaubriant, puis libérés comme « contagieux par infection de la gale ». Arrêté une nouvelle fois en mai 1942, Robert Migdal fut interné à Compiègne le 8 mai, d’abord au camp A des « politiques » avec son frère, puis affecté au camp C, celui des otages juifs.


Le 5 juin 1942, il fut déporté à Auschwitz dans le « convoi N°2 » (ou convoi I. 296), regroupant des juifs résistants : 117 hommes et 41 femmes. Enregistré le 7 juin au camp, il reçut le matricule 38789. Il y mourut le 9 août 1942.


Son frère Henri connut le même sort en janvier 1943.


Le 10 octobre 1947, les cercles de l’UJRF du XIIe arrondissement organisèrent une cérémonie pour apposer sur l’immeuble du 72 rue Claude-Decaen une plaque commémorative à la mémoire de Robert et Henri Migdal « et des 46 familles de cet immeuble victimes de la barbarie nazie ». La société immobilière propriétaire de l’immeuble s’y opposa. Une cellule du PCF de l’arrondissement prit dans l’après-guerre le nom des deux frères pour leur rendre hommage.


Robert Migdal fut reconnu parmi les déportés et internés de la résistance (DIR) et comme membre de la résistance intérieure (RIF) en isolé. Le 6 juillet 1962, il fut décoré de la Résistance à titre posthume (publication au JO le 10 juillet 1962). Les archives du Service historique de la Défense possèdent des éléments le concernant à Vincennes et à Caen.


Ses parents, Joseph et Sophie Migdal, morts eux aussi à Auschwitz en 1943, furent également reconnus comme déportés et internés de la résistance (DIR), membres de la résistance intérieure française (RIF) et du mouvement Front national. Ils ont été décoré de la médaille de la Résistance le 6 juillet 1962 (publication au JO le 10 juillet 1962). D’autres membres de la famille avaient disparu dans les camps.


Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 418457 (nc) ; SHD Caen, AC 21 P 516 605 (nc). — Biographie d’Henri Migdal par Claudine Cardon-Hamet sur le site Déportés politiques à Auschwitz. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Site Déportés politiques à Auschwitz. — Mémoire des Hommes.


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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