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Renaud Poulain-Argiolas

CANARD Jean, Ernest, Joseph

Dernière mise à jour : 1 mai

Né le 3 avril 1919 à Paris (XIIe arr.), mort le 7 août 1995 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ; employé de banque ; militant communiste clandestin ; déporté à Buchenwald.


Fiche d'enregistrement à Buchenwald de Jean Canard

Jean Canard était le fils de Ernest Canard, emballeur, et de Marguerite Marthe Alphonsine Pichard, couturière, domiciliés 95 rue de Charonne (Paris XIe arr.). En 1940, il travaillait comme employé de banque. Célibataire, il était domicilié au 16 rue Édouard-Robert à Paris (XIIe arr.). Il organisait des réunions de propagande des Jeunesses communistes clandestines de son secteur au début de l’Occupation. En plus de Joseph Le Lagadec qui les animait, elles étaient également fréquentées par Armand et Jean Feldmann, Raymond G., Henri et Robert Migdal et Roland Pannetrat. Certaines se tenaient dans la rue, près des grilles d’entrée d’immeuble, comme au 10 rue Tourneux et dans la rue Édouard-Robert, voisine. D’autres avaient lieu de temps en temps chez Robert Poing, dont le père était souvent absent le soir de son domicile du 10, rue Tourneux, rue voisine (il pourrait s’agir d’un autre groupe). La nuit tombée, les militants diffusaient tracts et journal, inscrivaient des slogans à la craie ou collaient des papillons sur les murs.


La découverte du centre clandestin de propagande du 15 rue Édouard Robert (chez Ludovic G., père de Raymond G.) le 25 janvier 1941 entraîna une série d’arrestations le lendemain. En interrogeant les G., la police obtint une liste de militants familiers de l’appartement. Outre Pierre Pannetrat, Ludovic et Raymond G., désignés comme les responsables du lieu, treize autres personnes étaient mises en cause : Marguerite Pannetrat (la femme de Pierre), Gilbert et Roland Pannetrat (leurs fils), Robert Poing, les frères Feldmann, Joseph Le Lagadec, Roger Stéphan, Henri et André Migdal, Marcel Lozet, Louis Vadkerti et Jean Canard. Tous furent inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et conduits au Dépôt à disposition du Procureur de la République. Selon André Migdal, 36 personnes furent raflées au total.


Ses camarades comparaissant le 30 mai 1941 devant la XVe Chambre correctionnelle de la Seine, on peut supposer que Jean Canard fut jugé avec eux. Comme Pierre Pannetrat, il partit de Compiègne le 12 mai 1944 à bord du convoi I. 211 transportant 2073 hommes à destination de Buchenwald. Arrivé au camp deux jours plus tard, il reçut le matricule 51834. L’inventaire effectué par l’administration à son arrivée mentionne qu’il avait avec lui un manteau, un blouson, un pantalon, un pullover, un sous-vêtement, une paire de chaussures, une paire de chaussettes, mais aussi un portefeuille avec des papiers, quatre serviettes de bain, trois mouchoirs, un blaireau à raser et six livres.


Jean Canard fut affecté au kommando de Dora-Ellrich. De mai à septembre 1944, des milliers de détenus y furent transférés pour travailler sur des chantiers dépendants du "Sonderstab Kammler", creusant des galeries souterraines ou effectuant des travaux de génie civil en surface. Il fut par la suite enrôlé dans le kommando de Dora-Nordhausen, près de Dora, fonctionnant au service d’entreprises de la ville. Les détenus étaient logés à la Boelcke Kaserne, où on regroupait de plus en plus, en 1945, des détenus inaptes au travail, extraits d’autres Kommandos, dont celui d’Ellrich. C’est d’ailleurs à Nordhausen qu’il fut libéré le 11 avril 1945.


Suite à la réunion générale à Paris de l’Amicale des Anciens de Dachau le 26 août 1945, le journal communiste La Champagne mentionnait Jean Canard comme délégué de la Marne, joignable à Maison du Prisonnier, Épernay. Il se maria le 28 septembre 1946 avec Marcelle, Bernadette Mulo à la mairie du XIIe arrondissement de Paris. Il mourut le 7 août 1995 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).


Sources : État civil, Paris 12, en ligne, 12N 290, vue 16/21. — La Champagne, bi-hebdomadaire du PCF (Marne), 10 octobre 1945 (BNF-Gallica). — Notice biographique d’Henri Migdal par Claudine Cardon-Hamet sur le site Déportés politiques à Auschwitz. — Site Mémoire vive. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Site Match ID, Acte N° 463 N, Source INSEE : fichier 1995, ligne n°371745.


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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