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MIGDAL Henri, Hermann

Dernière mise à jour : 26 avr.

Né le 26 novembre 1920 à Paris (XIVe arr.), mort en janvier 1943 à Auschwitz (Pologne) ; magasinier chez Citroën ; militant communiste ; résistant de l’Organisation Spéciale et du Front national de lutte pour la libération ; interné ; déporté.


Henri Migdal

Henri Migdal était le deuxième garçon d’une fratrie de onze enfants nés entre 1914 et 1935. Ses parents étaient des juifs immigrés. Le père s’appelait Joseph (Jossek) Migdal. Juif polonais né à Ostrow (Russie), il avait fui les pogroms et immigré en France à 14 ans. La mère, Sophie, Bertha Pester, était originaire de Würzbourg (Allemagne) et arrivée en France avec sa famille à l’âge de quatre ans. Tous deux avaient été naturalisés français. Le père travaillait comme marchand des quatre saisons rue d’Aligre. De 1926 à 1936 tous les membres de la famille étaient domiciliés 72 rue Claude Decaen à Paris (XIIe arr.).

Par la suite, Henri Migdal habita au numéro 95 de la même rue. Surnommé "Riton" d’après son frère André, il était célibataire et travaillait comme magasinier aux Usines Citroën à Levallois-Perret. En juillet 1938, il adhéra à la 12e section de Paris des Jeunesses communistes. D’après l’historienne Claudine Cardon-Hamet, pendant l’Occupation Henri Migdal fit partie, avec ses frères Robert et André, de l’un des premiers groupes armés de l’OS (Organisation Spéciale du Parti communiste) à Paris.

Pierre Pannetrat, ancien trésorier de la 12e section de Paris-Ville, mit en place un centre clandestin de diffusion de tracts au début de l’Occupation. Les militants venaient s’y ravitailler. En septembre 1940, il demanda à un ancien camarade, Ludovic G., jugé moins exposé, d’entreposer chez lui le matériel de propagande. Des délégués régionaux vinrent plusieurs fois de manière anonyme y déposer des tracts, qui étaient diffusés par les jeunes militants du secteur, dont Raymond G., fils du précédent, âgé de 19 ans. Des exemplaires de l’Avant-Garde, journal des Jeunesses communistes, de La Vie Ouvrière, organe de la CGT clandestine, et des brochures étaient également stockés. L’appartement accueillait aussi les réunions d’un comité de chômeurs de l’arrondissement.

Henri Midgal participait aux réunions de propagande des JC, qui étaient organisées par Jean Canard et dirigées par Joseph Le Lagadec. Y participaient en outre les frères Armand et Jean Feldmann, Raymond G., Robert Migdal et Roland Pannetrat. Certaines se tenaient dans la rue, près des grilles d’entrée d’immeuble, comme au 10 rue Tourneux et à la rue Édouard-Robert. D’autres avaient lieu de temps en temps chez Robert Poing, dont le père était souvent absent le soir de son domicile, au 10 rue Tourneux (il pourrait s’agir d’un autre groupe). La nuit tombée, ils diffusaient tracts et journal, inscrivaient des slogans à la craie ou collaient des papillons sur les murs.

L’intensité de la propagande communiste du XIIe arrondissement attira l’attention de la brigade spéciale des RG fin 1940-début 1941. Un militant (peut-être Fernand Notin), recevant « à son domicile, [19] rue de la Lancette, de nombreux individus », fut étroitement surveillé. Suite à la filature de plusieurs militants, la police perquisitionna le 25 janvier au 15 rue Édouard-Robert, chez Ludovic G. Dans un coffre à charbon, elle découvrit 15 000 tracts ronéotypés et dans le logement des brochures, 90 exemplaires de l’Avant-garde, 70 tickets de souscription pour les chômeurs et 530 papillons gommés. Interrogés, Ludovic et Raymond G. reconnurent leur implication. Ce dernier rédigea une liste nominative de militants qu’il savait fréquenter leur domicile.

Henri et André Migdal, furent arrêtés le 26 janvier par le Service de police anticommuniste (SPAC) au domicile de leurs parents. A l’exception d’un exemplaire de l’Humanité clandestine qu’André avait sur lui, rien de compromettant ne fut trouvé au domicile familial ni dans la chambre d’hôtel d’Henri. Le procès-verbal de police du 27 janvier désignait Ludovic G., Raymond G. et Pierre Pannetrat comme principaux animateurs du « centre clandestin ». En plus d’Henri et André Migdal, onze autres militants ayant activement participé à son fonctionnement avaient été appréhendés : Marguerite Pannetrat (la femme de Pierre), Gilbert et Roland Pannetrat (leurs fils), Robert Poing, Armand Feldmann, Jean Feldmann, Joseph Le Lagadec, Jean Canard, Roger Stéphan, Marcel Lozet, Louis Vadkerti. Tous furent inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et conduits au Dépôt à disposition du Procureur de la République. Selon André Migdal, ce furent au total 36 personnes qui furent raflées.

Les inspecteurs relevant que la carte d’identité d’Henri Migdal « ne porte pas l’indication "Juif" bien que l’intéressé soit israélite », celui-ci répondit avoir négligé cette formalité par manque de temps. Il reconnut sa participation à la propagande clandestine jusqu’à la fin du mois d’octobre, prétendant toutefois y avoir mis fin deux mois plus tôt. Lorsqu’il fut confronté à Raymond G., ce dernier le présenta comme un simple exécutant que Joseph Le Lagadec avait présenté comme un militant sûr. Henri Migdal fut écroué à la Maison d’arrêt de la Santé jusqu’au jugement. Le 30 mai, il comparaissait devant la 15e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine avec ses frères Robert et André. Ce fut Michel Rolnikas, avocat du Parti communiste, qui prit leur défense (il sera arrêté quelques semaines après). Trois pères avaient été convoqués à l’audience comme civilement responsable, dont Joseph Migdal. Henri fut condamné à six mois d’emprisonnement. L’avocat fit appel, mais les peines furent augmentées. Il exécuta la sentence à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne).

Il devait être interné ensuite au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Atlantique), mais fut libéré comme « contagieux » (pour gale infectée) grâce à la complicité d’un inspecteur de police. Il reprit donc ses activités de résistance. D’après son frère André, il participa à une attaque à main armée contre le dépôt d’essence de la Wehrmacht boulevard Diderot. Il échappa à ses poursuivants en se glissant par le portillon automatique du métro. On l’appréhenda de nouveau le 1er novembre 1941 au cimetière du Père-Lachaise, où il participait à une manifestation patriotique avec une quinzaine de militants sur la tombe de Paul Vaillant-Couturier. Après quelques jours passés au Dépôt, il fut interné le 10 novembre au camp de Rouillé (Vienne) avec 57 autres militants communistes parisiens sur décision de François Bard, préfet de police de Paris. Le 18 mars 1942, il fit partie d’un groupe de jeunes communistes transférés au camp de Royallieu à Compiègne. Il y reçut le matricule 3797.

Henri Migdal fut sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs pour être déportés en représailles aux actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande. Le 6 juillet 1942 à l’aube, ils furent menés à pied à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le convoi I. 42, dit « convoi des 45.000 », partit à 9h30 avec à bord 1175 hommes. Son camarade Roland Pannetrat était du nombre. Si on ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet, on sait qu’il fut soumis à la tonte et à la désinfection, puis passa la nuit au Block 13, tous les déportés du convoi étant entassés dans deux pièces. Le lendemain, ils furent conduits à pied à Birkenau, à 4 km du camp principal. Le 13 juillet, on l’interrogea sur son métier, les SS ayant besoin de certains dans leurs ateliers d’Auschwitz I, les autres étant employés au terrassement et à la construction des Blocks à Birkenau. Mais on ne sait pas plus où il fut alors affecté.

La date exacte de sa mort est incertaine. Selon un rescapé, Aimé Oboeuf, il aurait été pris dans une sélection comme « inapte au travail » fin novembre ou début décembre 1942 : « En partant pour la chambre à gaz, il chantait La Marseillaise. » Il fut déclaré « Mort pour la France ». On ajouta la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès (arrêté du 18 septembre 1995, publié au Journal officiel le 21 décembre 1995). Henri Migdal fut reconnu « décédé en janvier 1943 à Auschwitz (Pologne) », membre des déportés et internés de la résistance (DIR), de la résistance intérieure française (RIF) et du mouvement Front national. Les archives du Service historique de la Défense possèdent des éléments le concernant à Caen et à Vincennes.

Son frère Robert Migdal était mort à Auschwitz le 9 août de la même année. Leurs parents, Joseph et Sophie Migdal, avaient arrêtés comme juifs par la police française, avec tous les autres habitants de leur immeuble (158 personnes), livrés à l’armée allemande et déportés à Auschwitz le 13 février 1943. Eux non plus n’étaient pas revenus eux, tout comme d’autres membres de la famille. Le père et la mère seront reconnus comme déportés et internés de la résistance (DIR), membres de la résistance intérieure française (RIF) et du mouvement Front national. Ils seront médaillés de la Résistance à titre posthume le 6 juillet 1962 (publication au JO le 10 juillet 1962).

Le 10 octobre 1947, une cérémonie fut organisée par les cercles de l’UJRF du XIIe arrondissement pour apposer une plaque commémorative sur l’immeuble du 72 rue Claude Decaen à la mémoire d’Henri et Robert Migdal « et des 46 familles de cet immeuble victimes de la barbarie nazie ». Néanmoins la société immobilière propriétaire du bâtiment s’y opposa. Une cellule du PCF de l’arrondissement prit le nom des deux frères après la guerre.

Henri Migdal fut médaillé de la Résistance à titre posthume le 8 septembre 1961 (publication au JO le 22 septembre 1961).


Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 418455 (nc) ; SHD Caen, AC 21 P 516 602 (nc). — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Biographie de l’intéressé par Claudine Cardon-Hamet sur le site Déportés politiques à Auschwitz. — Biographie de l’intéressé sur le site Mémoire vive. — Mémoire des Hommes.


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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