MELIAS Antoine, Joseph [né MELIAS Antoine, Giuseppe]
Dernière mise à jour : 5 févr.
Né le 17 novembre 1911 à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), mort le 11 août 1995 à Martigues (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier de la chimie, puis plombier, soudeur et docker grutier ; syndicaliste CGT ; militant communiste de Port-de-Bouc.
Le père d'Antoine Melias, Antoine, Louis Melia (ou Melias), journalier, était né à Ozieri (province de Sassari) en Sardaigne (Italie), sa mère, Giovanna, Maria Sanna, sans profession, était originaire de Benetutti, situé dans la même province. Antoine avait deux frères plus jeunes que lui : Salvatore, né en 1913, et Victor, né en 1920.
Antoine Melias devint français en s’engageant le 16 novembre 1931 à participer volontairement aux opérations de recrutement militaire par application de l’article 3 de la loi du 10 août 1927. Inscrit dans la classe 1931 et au recrutement de Marseille (canton de Martigues), il fut classé « service armé » par le Conseil de révision des Bouches-du-Rhône en date du 6 avril 1932. Il accomplit son service militaire au 18e BCA (Bataillon de chasseurs alpins) d’octobre 1932 à octobre 1933 et fut libéré avec un certificat de bonne conduite.
Il fut délégué du Syndicat des ouvriers chimiques de la Vieille Montagne. D’après la Préfecture de police, il fut l’un des meneurs des grèves « de la période troublée de 1926-1938 ». Il travailla dans cette entreprise jusqu’à son licenciement suite à la grève du 30 novembre 1938. Il fut alors embauché comme plombier à la mairie de Port-de-Bouc.
Il s’était marié le 28 avril 1934 avec Marie-Jeanne Nicotra, née le 5 novembre 1914 à Port-de-Bouc, d’un père italien et d’une mère sétoise. Le couple aura deux enfants : Gaëtane, Angèle, née en 1936 à Marseille ; Antoine, Dominique, né en 1942 à Port-de-Bouc.
Mobilisé lors de la Seconde guerre mondiale, il fut rappelé à Orange (Vaucluse) et affecté à la 363e 1/2 Brigade en Corse. Il fut démobilisé le 12 août 1940 sans avoir participé aux opérations militaires. À partir de décembre 1940, il travailla un an à Salindres (Gard) en tant que soudeur autogène pour une entreprise de la localité. En septembre 1942, il était docker grutier aux Établissements Maritimes de Caronte (Martigues). Sa famille était alors domiciliée à Port-de-Bouc au 49 Cité Bon Marché.
Dans une lettre du 17 septembre 1942, le Préfet des Bouches-du-Rhône soumit au Garde des Sceaux le cas d’Antoine Melias en raison de ses opinions communistes pour faire appliquer la loi du 22 juillet 1940 relative à la révision des acquisitions de la nationalité française. Ce courrier mentionne que le père de l’intéressé était décédé, sa mère de nationalité italienne, qu’Antoine Melias n’avait presque jamais cessé de résider dans sa ville natale et qu’il n’avait fait l’objet d’aucune condamnation. La Préfecture précisait qu’il devait être considéré comme « suspect au point de vue national » en tant que « membre militant de l’ex-Parti communiste » mais aussi parce qu’il continuait à « fréquenter des individus connus pour leurs opinions extrémistes. » On mettait en avant le rôle syndical de premier plan qu’il avait tenu à la Vieille Montagne et son entourage familial connu pour ses idées communistes : ses frères Salvatore et Victor, le premier ayant participé aux grèves de 1936 à 1938 et le second pris part à la vente des publications communistes jusqu’à l’interdiction du PCF en 1939 ; ainsi que ses deux beaux-frères, Dominique et Paul Nicotra, « militants communistes fervents ».
La Préfecture conseillait d’étendre le retrait de nationalité à Marie-Jeanne Melias, semblant « partager les sentiments anti-nationaux de son mari et de ses frères » mais pas aux enfants du couple, « compte tenu de leur double origine française, et vraisemblablement destinés à être élevés sur notre territoire ». La commission de révision des naturalisations donna le 7 décembre 1942 un avis favorable à la dénaturalisation d’Antoine Melias. Le décret ne fut toutefois appliqué que le 5 mai 1943 (annonce au Journal officiel le 26 mai) et notifié le 7 juin.
Le 24 mai 1944, la loi de dénaturalisation appliquée par Vichy à partir de juillet 1940 fut abrogée par le Comité français de libération nationale. Antoine Melias put donc légalement retrouver la nationalité française.
Dans les années 1950-1960, il était plombier aux Chantiers et Ateliers de Provence de Port-de-Bouc et toujours membre du Parti communiste.
Sources : Site Match ID, Acte n°350 N, Source INSEE : fichier 1995, ligne n°384971. — Archives nationales en ligne, BB/27/1422-BB/27/1445 (dénaturalisés de Vichy : dossiers de MELIAS Antoine et MELIA Salvator). — Propos recueillis auprès de Raymond Mateu et d’Yves Tassy.
Version au 3 février 2024.
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