MELIA Salvator
Dernière mise à jour : 5 févr.
Né le 31 mai 1913 à Ozieri (province de Sassari) en Sardaigne (Italie) ; docker, ouvrier dans la construction navale, pêcheur ; syndicaliste CGT ; membre du Secours populaire français avant 1939 ; militant communiste de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône).
Le père de Salvatore Melia, Antoine, Louis Melia, journalier, était né à Ozieri (province de Sassari) en Sardaigne (Italie), sa mère, Giovanna, Maria Sanna, sans profession, était originaire de Benetutti, situé dans la même province. Leur nom de famille est tantôt écrit Melia tantôt Melias par l’administration. Pour Salvator, il semble que la graphie sans S se soit imposée. Deuxième garçon de sa fratrie, ses frères Antoine et Victor étaient nés en 1911 et en 1920.
Salvator Melia arriva en France avec ses parents lorsqu’il avait un an. La famille vécut à Nice, campagne Saint-Antoine, de novembre 1914 à août 1915, à Marseille, boulevard Honorine, dans le quartier de La Cabucelle, d’août 1915 à décembre 1916, et s’installa à Port-de-Bouc en décembre 1916. Salvator alla à l’école jusqu’à treize ans avant de travailler comme journalier aux Chantiers et Ateliers de Provence.
Selon la Préfecture des Bouches-du-Rhône, les frères Melia étaient tous engagés au Parti communiste dans les années 1930. En 1934, Salvator était docker et domicilié au quartier Tassy. Dans un courrier de la Préfecture rédigé à l’attention du Garde des Sceaux le 17 septembre 1941 au sujet d’Antoine Melias, il était envisagé d’appliquer aux trois frères la loi du 22 juillet 1940, relative au retrait de la nationalité française, qui visait particulièrement les communistes. On précisait que Salvator avait participé aux grèves de 1936 à 1938. Il fut de toute évidence membre de la CGT.
Le 4 juin 1937, il se maria à Port-de-Bouc avec Joséphine Garcin, originaire de Châteauroux (Hautes-Alpes). Ils auront trois enfants : Georges en 1935, Jean en 1936 et Sauveur en 1940.
Salvator Melia demanda en janvier 1938 sa naturalisation française pour effectuer son service militaire en France. Il fut naturalisé français par décret le 25 novembre 1938 (annonce au Journal officiel le 4 décembre 1938). Toujours docker, il était domicilié dans le quartier de la Baumasse. Il fut intégré à la classe 1939 sous le matricule 4436. Les autorités relèvent qu’il savait lire et écrire et était de religion catholique. D’après un certificat médical, il faisait 1,50m et 55 kg. Il fut incorporé le 8 novembre 1939 au 28e Régiment de Tirailleurs algériens en Avignon. La Commission de réforme le versa dans le service auxiliaire le 19 décembre 1939. Il fut affecté au Dépôt de guerre 155 et démobilisé le 18 juillet 1940.
Le Préfet des Bouches-du-Rhône le signala comme militant communiste dans un rapport du 16 février 1942 sur Antoine Melias. Le rapport consacré à Salvator était lui plus détaillé : il n’avait pas fait l’objet de condamnations, mais était "connu pour avoir professé des idées subversives" et "été membre cotisant du Secours Populaire Français, organisation recevant ses directives du Parti Communiste", concluant qu’ "actuellement, il se tient sur une prudente réserve." L’autorité préfectorale affirmait sa volonté de le dénaturaliser, à la différence de sa femme et de leurs enfants qui étaient nés français.
Salvator Melia perdit la nationalité française par décret le 27 octobre 1942 (annonce au Journal officiel le 7 novembre). Le 30 novembre, il fit un recours gracieux auprès du Garde des Sceaux. Il y disait avoir été "très douloureusement surpris" par la mesure prise à son encontre et mettait en avant son attachement à la communauté nationale, rappelant qu’il vivait en France depuis son plus jeune âge, qu’il y avait toujours travaillé, que son épouse et ses enfants étaient français. Il était alors chef de panneau aux Établissements maritimes de Caronte (Martigues). Contredisant les conclusions des trois enquêtes réalisées sur lui, il niait avoir appartenu à une organisation communiste comme avoir été abonné à une publication du parti, ajoutant qu’il n’a jamais exercé de fonction syndicale et s’était limité à faire partie du syndicat de sa corporation "comme bon nombre d’ouvriers". Il demandait de réexaminer son cas d’"honnête travailleur" et de "père de famille nombreuse".
Sa demande de recours de gracieux fut rejetée le 14 septembre 1943 (notifié le 11 novembre). Depuis avril 1941, son dossier avait été traité au moins quatre fois par la commission de révision des naturalisations.
Le Comité français de libération nationale abrogea le 24 mai 1944 la loi de dénaturalisation de juillet 1940. Il semble que Salvator Melia ne retrouva pas immédiatement la nationalité française, car en janvier 1943, il écrivait à la sous direction des naturalisations du ministère de la Santé publique et de la Population pour demander si on avait gardé trace de son décret de naturalisation de 1938.
En janvier 1960, il habitait avec sa femme 70 rue Danton, HBM, à Port-de-Bouc. De source militante, il était toujours lié au Parti communiste à cette époque.
Sources : Archives nationales en ligne, BB/27/1422-BB/27/1445 (dénaturalisés de Vichy : dossiers de MELIA Salvator et MELIAS Antoine). — Journal officiel de l’État français. Lois et décrets (74e année, N°267), 7 novembre 1942, p. 3715. — Propos recueillis auprès de Raymond Mateu.
Version au 5 février 2024.
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