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Renaud Poulain-Argiolas

NICOTRA Dominique, Lucien

[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Antoine Olivesi. 

Je l'ai complété, en mettant en gras mes propres apports pour pouvoir les distinguer.]


Né le 26 mars 1909 à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), mort le 15 mai 1940 à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) ; docker ; syndicaliste révolutionnaire, puis militant communiste de Port-de-Bouc ; secrétaire du syndicat CGT des dockers de Port-de-Bouc-Martigues.


Dominique Nicotra

Fils d’un forgeron italien, Dominique Nicotra devint en 1919 pupille de la Nation. Docker, il fut secrétaire du syndicat CGT des dockers de Port-de-Bouc-Martigues avant 1932. Le 12 mars de cette année-là, il essaya vainement d’empêcher par la propagande et l’intimidation la conclusion d’un accord entre les dockers de Port-de-Bouc et Kuhlmann, selon un rapport de police du 14. Le travail reprit mais le mécontentement persista parmi les dockers.


Début juin 1932, Dominique Nicrota participa à une grève sur les chantiers de Caronte (entre Port-de-Bouc et Martigues) qui entraîna le 6 des affrontements avec les forces de l’ordre. Un article du journal local Le Petit Provençal se fit l’écho d’"incidents sanglants" qui se soldèrent par un procès le 1er juillet au Tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Vingt-quatre manifestants furent jugés, au nombre desquels figuraient plusieurs leaders syndicaux, comme Dominique Nicotra et Clément Mille. Le procès se déroula dans une salle relativement bien remplie avec un gros déploiement de forces de police et de gendarmerie. Tandis que Mille fut condamné à huit mois de prison et cinq ans d’interdiction de séjour, Nicotra écopa d’une peine de quatre mois.


Assemblée générale en 1936 aux Chantiers et Ateliers de Provence de Port-de-Bouc. Au centre : Dominique Nicotra.

En 1936, sur fond de Front populaire, le syndicalisme avait le vent en poupe à Port-de-Bouc. Le Syndicat CGT des Métaux, devenu puissant aux Chantiers et Ateliers de Provence, aida à la reconstitution du syndicat de la Chimie à l’usine Saint-Gobain, un mouvement qui s’étendit à l’usine Kuhlmann et à la Vieille Montagne. Les responsables syndicaux gagnèrent en popularité et furent dès lors considérés comme des interlocuteurs légitimes. Cette évolution profita à Dominique Nicotra, qui fut choisi comme médiateur entre le commissaire de police, la direction de Saint-Gobain et les grévistes. Il fut chargé par la direction d’obtenir l’évacuation de l’usine posée comme condition à l’acceptation du protocole d’accord issu des négociations.


D’abord influencé par le syndicalisme révolutionnaire, il se rapprocha peu à peu du Parti communiste auquel il adhéra peut-être au début de l’année 1939.


Avec les soudeurs des CAP en grève, 8 juin 1936. Dominique Nicotra est le 6e à partir de la gauche, rang du milieu [Arch. mun. Port-de-Bouc]

Selon l’historien Jean Domenichino, il fut arrêté en novembre 1939 et interné à Digne, où il mourut. Cependant, d’après le site Mémoire des Hommes, il aurait trouvé la mort d’une "maladie contractée en service" alors qu’il était soldat du 203e R.I.A. On peut donc en déduire qu’il fut mobilisé pour la guerre. Son nom est accompagné de la mention « Non Mort pour la France ». Les archives du Service historique de la Défense possèdent des éléments le concernant.


Boulevard Nicotra à Port-de-Bouc (photo de Renaud P-A, avril 2021)

La ville de Port-de-Bouc fit graver son nom sur son Monument aux Morts parmi les Morts pour la France de la Seconde Guerre mondiale. On baptisa également Boulevard Nicotra une voie du centre-ville.


Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/11379, XIVM 24/62. — État civil. — SHD Vincennes, AC 21 P 123960 (nc). Arch. mun. Port-de-Bouc [photographie]. Le Petit Marseillais, 9 juin 1932. — Le Petit Provençal, 2 juillet 1932. — Jean Domenichino, Une ville en chantiers : La construction navale à Port-de-Bouc, 1900-1966, Edisud, 1989 (pp. 152-153 et 157). — Site Généanet. — Monument aux Morts de la commune de Port-de-Bouc.


1ere version pour Le Maitron par Antoine Olivesi : 1er mai 2021.



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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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