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Renaud Poulain-Argiolas

XÉRIDAT Georges, Pierre

Dernière mise à jour : 1 mai

Né le 14 février 1916 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 23 janvier 2001 à Perpignan ; mécanicien d’aviation ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant, prisonnier en Allemagne et évadé multirécidiviste ; militant communiste de Miramas (Bouches-du-Rhône).


Georges Xéridat en 1971 [extrait de "La Marseillaise" spéciale L’Unité]

Georges Xéridat vit le jour à l’hôpital civil de Perpignan. Ses parents, originaires de localités voisines, vivaient maritalement dans la commune au 2 rue Queya. Son père, Pierre, Sébastien, Joseph Xéridat, hôtelier, trente-cinq ans, était né à Palau-del-Vidre. Sa mère, Marie, Thérèse, Catherine, Amélie Founs, couturière, âgée de vingt-neuf ans, était de Sorède. Pierre Xéridat avait fait la campagne militaire d’Algérie de novembre 1902 à octobre 1905 dans le 5e régiment de chasseurs d’Afrique. Il avait obtenu un certificat de bonne conduite. Au moment de la naissance de Georges, il était mobilisé dans la campagne contre l’Allemagne depuis août 1914. Il le resta jusqu’à février 1919, où il se retira à Cerbère. Il fut décoré de la médaille de la Victoire et commémorative de la Grande guerre. En avril 1920, il fut classé affecté spécial en tant qu’homme d’équipe à la Compagnie des chemins des fer du Midi.


Georges Xéridat fut formé à l’école des apprentis mécaniciens de l’armée de l’air de Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure, Charente-Maritime). En septembre 1933, il faisait partie des candidats admis en 2e année. Devenu mécanicien d’aviation, il partit se battre dans les Brigades internationales, suite au coup d’État de Franco, pour soutenir la République espagnole. Etait-il déjà membre du Parti communiste ?


Appartenant à la classe 1936, il fut mobilisé lors de la Seconde Guerre mondiale. Le 7 octobre 1940, il était officiellement prisonnier de l’armée allemande au Frontstalag 150 en tant que soldat de 2e classe de la 11e escadrille d’aviation. À l’annonce de sa captivité, le Frontstalag 150 était situé dans les environs de Saint-Florentin (Yonne), mais quelques mois plus tôt il se trouvait à Aix-la-Chapelle (Aachen, Allemagne). Mise à part cette incertitude géographique, nous savons que jusqu’à la fin de la guerre Georges Xéridat fut détenu dans différents camps de prisonniers situés dans les frontières de l’Allemagne nazie.


Selon les informations qu’il fournit en juin 1965 dans son dossier de demande d’homologation de services, il s’évada du Stalag XVII-B de Krems-Gneixendorf (situé dans l’Autriche actuelle), avant d’être repris dans la région de Salzbourg et renvoyé à Krems en mai 1942. On l’affecta au Stalag XVII-A de Kaisersteinbrück (toujours dans l’Autriche actuelle) pour former un convoi d’évadés repris à destination du camp de représailles de Rawa-Ruska - Stalag 325 - situé à Lviv (Ukraine actuelle), dans la partie de l’URSS conquise par les troupes allemandes. À Rawa-Ruska on déportait les prisonniers de guerre français qui avaient tenté de s’évader ou refusaient de travailler. Les conditions de vie y étaient particulièrement rudes, aussi bien à cause du climat très chaud en été et avoisinant les -20 à -30°C en hiver, que de la famine, du manque d’hygiène et des mauvais traitements ajoutés au travail forcé. Georges Xéridat resta à Rawa-Ruska du 28 août 1942 au 12 janvier 1943, quelques jours avant la dissolution du camp devant l’avancée des troupes soviétiques.


Par la suite, on l’envoya au Stalag II-E, près de Schwerin, à environ cent kilomètres de Hambourg. S’il mentionne lui-même qu’il refusa de travailler pour l’armement allemand, on peut supposer qu’il le fit de manière répétée, au vu du nombre de ses évasions et des représailles dont il fit l’objet. Entre janvier 1943 et avril 1944, il s’évada du Stalag III-D, situé près de Berlin, fut repris à Bamberg (Bavière) et envoyé au Kommando disciplinaire du XIII-B à Weiden (Bavière).

En mai, il réussit sa troisième évasion, fut repris à Darmstadt, dans le centre de l’Allemagne actuelle, et envoyé au Kommando disciplinaire du Stalag IX-B de Bad Orb (Hesse) en juillet.

Entre août 1944 et avril 1945, il s’évada une quatrième fois, avant d’être repris à une quarantaine de kilomètres, à Hanau, et affecté à un autre Kommando disciplinaire du IX-B. Ce furent les troupes américaines du général Patton qui le libérèrent fin avril 1945 près de Nüremberg.


Revenu dans son département d’origine, Georges Xéridat se maria le 8 octobre 1945 à Prades avec Marie Planas, native de la localité. D’après plusieurs militants qui les fréquentèrent, dans les années 1950 lui et sa femme, surnommée Mimi Xéridat, vivaient à Miramas (Bouches-du-Rhône). Ils avaient une fille nommée Monique, un fils nommé Gérard et militaient activement pour le Parti communiste. Quoiqu’elle ne fût que sympathisante, elle était également active à l’Union des Femmes Françaises. Pendant sa longue détention en Allemagne, Georges Xéridat aurait eu là-bas une fille.


Georges Xéridat (au centre) lors d’une réunion publique du PCF à Miramas, années 1970. Plus à droite, on voit Jean-Marie Argiolas et Jean-Claude Reynaud, Robert Cambres derrière Argiolas. Au premier plan, cigarette aux lèvres : Louis Deluy.

En août 1965, on attribua à Georges Xéridat un certificat de validation des services, le reconnaissant interné de la Résistance en "isolé" pour la période allant du 28 août 1942 au 11 janvier 1943 (période de sa détention à Rawa-Ruska). Il était alors domicilié au 65 avenue de Saint-Chamas à Miramas.

Lors des élections municipales de mars 1971, il fut candidat sur la "Liste d’union pour une gestion sociale, moderne et démocratique", présentée par le PCF et "des démocrates" et menée par l’instituteur communiste Georges Thorrand. Sur cette liste il y avait notamment quatorze cheminots, trois femmes et aussi dix sans-parti, qui s’étaient ralliés aux communistes en regrettant l’absence de volonté d’union de la part de la direction socialiste des Bouches-du-Rhône. Ce fut le maire UDR sortant Pierre Tristani qui conserva la mairie à l’issue du scrutin.


Une fois à la retraite, Georges Xéridat s’installa avec sa femme à Prades (Pyrénées-Orientales), commune de naissance de cette dernière. Il y finit vraisemblablement sa vie.


Les archives du Service historique de la Défense de Caen possèdent des éléments le concernant.


Sources : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, Registre matricule de XÉRIDAT Pierre Sébastien Joseph, classe 1901, matricule 423, 13NUM1R455 ; État civil de Perpignan, Naissances (après 1793), 1916, Acte n°59, 9NUM2E5082. — SHD Vincennes, GR 16 P 604649. — SHD Caen, AC 21 P 625910 (nc). — Archives Argiolas. — Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 21 septembre 1933 (65e année, N°221), p. 9917. — Centre national d’information sur les prisonniers de guerre, Liste officielle n°27 de prisonniers de guerre français, 7 octobre 1940 (p. 63). — « La Marseillaise » spéciale : L’Unité, journal de la section PCF de Miramas (numéro spécial pour les élections municipales de mars 1971) [photographie]. — Site Généanet, Arbre généalogique de Gérard Xéridat. — Site de l’Union nationale Rawa-Ruska. — Site The Pegasus Archives, German Frontstalag Camps (en anglais). — Propos recueillis auprès de Paulette Argiolas et de Georges Thorrand.


2e version : 15 décembre 2023.

3e version : 15 avril 2024.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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