top of page
Renaud Poulain-Argiolas

ROMANO Donato

Né le 27 novembre 1893 à Castiglione Messer Raimondo (province de Teramo) dans les Abruzzes (Italie), mort le 15 novembre 1943 à Fourques (Gard) ; cultivateur, terrassier, manœuvre ; militant communiste de la section d’Arles-Fourques (Bouches-du-Rhône et Gard).


Donato Romano était le fils d’un couple d’agriculteurs, Dominico Romano et Anna Saveria Sfamuri, nés à Castiglione Messer Raimondo. Il avait quatre frères et sœurs : Antonio (né en 1892), Angelo (1895), Elisa (1897), Maria (1904). Aussi longtemps qu’il vécut en Italie, il habita avec ses parents et s’occupa de l’exploitation d’une ferme et de travaux agricoles avec eux.

Appelé de la classe 1913, il fut incorporé au 7e Alpins et était sous les drapeaux lors de l’entrée en guerre de l’Italie. Il fut engagé avec son régiment en mai 1915 dans la zone du Trentin et y resta jusqu’en décembre 1917, moment de sa capture. Envoyé en Bohème, il fut employé par l’ennemi à des travaux de défense. Il y resta jusqu’en décembre 1918.


Il se maria le 8 avril 1920 à Castiglione avec Giocondina Mingione. Le couple vint s’installer en France en 1923 avec ses deux premiers enfants : Domenico né en 1921, et Stefanina née en 1923.

Pendant dix ans, les Romano déménagèrent régulièrement. Ils vécurent ainsi à Sospel (Alpes-Maritimes) de décembre 1923 à fin novembre 1925, Donato travaillant comme journalier chez M. Bensa, charbonnier rue de l’Église. Jusqu’à fin janvier 1928, leur foyer était situé à L’Escarène. Le chef de famille était manœuvre chez MM. Gianotti Frères, entrepreneurs de travaux publics à Nice. Il allait garder le même employeur durant plusieurs années. Les Romano résidèrent dans la propriété Bousquet, dans le quartier de Saint-Pierre-de-Féric, à Nice, jusqu’en avril 1929, puis à Rochemaure (Ardèche) dans le quartier de Malarias. Un dernier changement les vit s’établir en janvier 1930 à Fourques (Gard), dans le quartier de la Fabrique, où ils s’installèrent durablement. Donato Romano travailla encore dix-huit mois chez les Gianotti avant de passer chez Guiramand et Burnet en mai 1932. À la fin de l’année, il avait repris une activité de cultivateur.


Lorsque Donato Romano effectua une demande de naturalisation française en juin 1933, il était devenu terrassier. Il gagnait 34 F par jour, payait 500 F de loyer et avait six enfants mineurs. En plus de Domenico et Stefanina, le foyer s’était agrandi de la présence d’Adelina (en 1926), d’Anna (1928), d’Émile (1929), d’Odette (1932), de Marguerite (1934) et d’Étienne (1941). Un autre de leurs enfants était décédé en bas âge. Dans sa demande de naturalisation, il déclarait ne pas manifester d’opinion politique, que sa famille étaient assimilée aux mœurs et à la culture françaises, qu’ils maîtrisaient tous correctement le français et que ses enfants étaient scolarisés dans des écoles françaises. Il notait avoir été précédemment voiturier. Lui et sa femme ne sachant pas écrire, ils firent une croix en bas des documents de l’administration. Les autorités italiennes ne répondirent pas à leur demande d’acte de mariage. Ils dûrent suppléer en faisant un acte de notoriété avec trois témoins devant le juge de paix du canton de Beaucaire, en novembre 1933. Toute la famille fut naturalisée le 23 juillet 1935 (annonce au JO le 28 juillet).


Le 14 octobre 1941, un rapport d’Angelo Chiappe, préfet du Gard, à son sujet, adressé au secrétaire d’État à l’Intérieur de Vichy dénonçait ses opinions communistes : « Romano Donato est sans situation de fortune. Ignorant, illettré, il vit avec sa famille du produit du travail commun. Sympathisant communiste, il suivait son fils Dominico, élément notoire du parti communiste, dans tous les mouvements de l’ex-parti. Guidé par ses intérêts, il fréquentait tour à tour l’Église et la cellule. » Après ces éléments factuels pour la plupart, le préfet s’adonnait ensuite à une diatribe quelque peu surprenante : « Il résulte également de renseignements recueillis auprès de personnes sûres, qu’il n’aurait sollicité sa naturalisation que dans un but personnel, afin de continuer son emploi de manœuvre à l’entreprise Gianotti à Arles. » En conclusion, Chiappe demandait la dénaturalisation de toute la famille Romano selon les dispositions de la loi du 22 juillet 1940. Deux mois plus tard, le secrétaire d’État à l’Intérieur contacta le Garde des Sceaux. La commission de révision des naturalisations décida le 12 février 1942 de dénaturaliser toute la famille [décret du 3 août 1942, annonce au JO le 21 août]. Paul Wiisler, commissaire de police principal aux Renseignements généraux de Nîmes, avisa les concernés de leur dénaturalisation le 27 octobre. Il leur reprit leurs décrets de naturalisation ainsi que leurs cartes d’identité.


On ignore si Donato Romano eut des engagements par la suite. Il mourut le 15 novembre 1943 à Fourques à l’âge de quarante-neuf ans.


Son fils aîné (voir Domenico Romano) fut un résistant de l’Organisation spéciale, puis chef de détachement FTP-MOI sur le secteur d’Arles-Saint-Rémy-de-Provence.


Sources : Archives nationales en ligne, BB/27/1422-BB/27/1445 (dénaturalisés de Vichy). — Dossier de ROMANO Dominique, SHD Vincennes, GR 16 P 519049. — Arch. Dép. Gard, Table des successions et absences 1943-1950, 1143 W 135 (Filae).


Version au 5 novembre 2024.

Comments


Au sujet de l'auteur :
Renaud Poulain-Argiolas.jpg

Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

Archives des articles

Tags

bottom of page