top of page
Renaud Poulain-Argiolas

JOUANIN Amélie [née LARDEAU Marie, Joséphine, Amélie]

Dernière mise à jour : 29 avr.

Née le 6 juin 1904 à Chasseneuil (Indre), morte le 29 mai 1998 à Rochefort (Charente-Maritime) ; militante communiste de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; résistante, membre du Front national de lutte pour la libération ; membre de l’UFF ; déportée à Ravensbrück.


Amélie et Jean Jouanin [photo transmise par Danièle Dubois]

Amélie Lardeau vit le jour au lieu-dit La Jalousie à Chasseneuil. Ses parents étaient Jean Lardeau, né à Chasseneuil, cultivateur, et Catherine, Ernestine Huguet, née à Nuret-le-Ferron (Indre). Le couple eut douze enfants (neuf filles et trois garçons), Amélie étant la sixième de la fratrie. Son premier prénom était Marie, mais elle se faisait appeler Amélie car une de ses sœurs s’appelait déjà Marie. Elle avait une sœur jumelle nommée Juliette (décédée le 25 octobre 1986 à Vitry-sur-Seine). Son jeune frère Fernand Lardeau fut un militant communiste.


Elle se maria à Chasseneuil en octobre 1925 avec Jean Jouanin. Ils eurent une fille, Madeleine, née dans la même commune l’année suivante. Ils s’installèrent plus tard à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) au 52 rue de la Ferme. Si son mari était un militant du PCF depuis juin 1936, on peut supposer qu’elle était au moins sympathisante communiste avant la guerre.


D’après les éléments qu’Amélie Jouanin mentionna dans sa demande d’homologation transmise par la Fédération du PCF de la Seine après la guerre, elle fut contactée par André Morillon, mari de Renée Le Morillon avec qui elle était amie, et rejoignit la résistance communiste à partir de janvier 1941. Elle faisait également partie d’un groupe qui fut à l’origine de la création de l’Union des Femmes Françaises. Elle distribua du matériel, mit un local à disposition pour servir de dépôt de matériel clandestin et hébergea des résistants du Front national de lutte pour la libération. André Morillon reconnut après la Libération l’avoir eu sous ses ordres. Elle cacha un certain "Berman" (ainsi orthographié par Morillon - qu’Amélie Lardeau nomme "Bernand Bernard"), Maurice Lecointe, "Mme Dubois" (probablement Marie Dubois) et "Morillon" (sans doute André). Elle fit également la liaison entre les groupes Front national de Paris et de Vitry et travailla "à l’impression des tracts patriotiques appelant à lutter contre l’occupant allemand". Une attestation faite à son nom en juillet 1953 par Marcel Mugnier, liquidateur national du Front national, mentionne que la police de Vichy découvrit son activité et perquisitionna son domicile le 6 décembre 1942. Les autorités y découvrirent une machine à écrire et du papier blanc avant de la conduire au dépôt. Elle fut ensuite incarcérée à la prison de Fresnes, à Romainville puis au camp de Compiègne (Oise).


Le 28 avril 1943, Amélie Jouanin était à bord du convoi I. 95 partant de Compiègne à destination de Ravensbrück (à 80 km au nord de Berlin). Il y avait 931 hommes et 216 femmes dans ce transport, dont son amie Renée Morillon qu’elle retrouva au camp. Un certificat de validation des services précise qu’elle était "considérée comme blessée" pendant le trajet. Peut-être avait-elle été brutalisée par les soldats allemands ? À Ravensbrück on lui donna le matricule 19328. Son mari Jean Jouanin fut déporté à Buchenwald. Elle fut affectée aux Blocks 24-27 et au Kommando Industrie Hof. Le 25 avril 1945 elle fut officiellement libérée par la Croix-Rouge suédoise et déplacée le lendemain. Elle rentra en France le 7 juillet en avion.


En août 1948 elle fut homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF) en "isolée" pour les services rendus de 1942 au 7 juillet 1945 (date de son retour en France). On lui attribua le grade de sergent. Elle reçut le titre de Déportée et internée de la Résistance (DIR) en février 1965. La même année, le ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre attribua à Amélie Jouanin une pension de 100% pendant trois ans, en raison de problèmes de santé multiples considérés comme des séquelles de sa déportation.


Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 338621. — Arch. Dép. Indre, État civil de Chasseneuil, Naissances, 1904, Acte n°18, 3 E 042/14. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Site Match ID, Acte n°295 N, Source INSEE : fichier 1998, ligne n°324224. — Données du site Filae. — Données du site Généanet. — Archives familiales. — Propos recueillis auprès de Danièle Dubois, sa nièce (mai 2022).


Posts récents

Voir tout

ROMANO Donato

Né le 27 novembre 1893 à Castiglione Messer Raimondo (province de Teramo) dans les Abruzzes (Italie), mort le 15 novembre 1943 à Fourques...

Comments


Au sujet de l'auteur :
Renaud Poulain-Argiolas.jpg

Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

Archives des articles

Tags

bottom of page