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Renaud Poulain-Argiolas

DEMORY Juliette [née BIDAULT Juliette, Caroline, Eugénie]

Dernière mise à jour : 19 avr.

Née le 1er janvier 1908 à Saint-Maurice-Montcouronne (Seine-et-Oise, Essonne), morte le 23 janvier 1982 à Miramas (Bouches-du-Rhône) ; militante communiste de Miramas ; syndicaliste CGT ; membre du comité local de l’UFF ; présidente de la Confédération Nationale du Logement (CNL) locale.


Réunion à la rue Favaro, siège du PCF de Miramas. Dans les années 1970. J. Demory est au milieu.

Juliette Bidault était la fille d’Henri Bidault, garde-chasse, né à Bullion (Seine-et-Oise, Yvelines), et d’Alice, Estelle, Eugénie Guilmet, sans profession, née à La Celle-les-Bordes (Seine-et-Oise, Yvelines).


Âgée de dix-huit, Juliette Bidault épousa André Demory (né André Georges) en octobre 1926 à Saint-Chéron. Celui-ci fut prisonnier de guerre en Allemagne au Stalag VI-F de Bocholt (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) pendant la Seconde guerre mondiale.


Les informations manquent sur l’évolution de Juliette Demory entre les années 1920 et les années 1960, notamment sur ce qui l’amena à s’installer en Provence et à s’engager sur le terrain politique. Par contre les sources et témoignages foisonnent sur sa présence militante dans les années 1960 à Miramas. Militante active du PCF, elle était membre du comité de section et de la cellule des Cités Jardins. Elle fut un temps exclue du parti, l’organisation désapprouvant moralement la conduite de son mari (les motifs étaient extérieurs au militantisme proprement dit). Comme elle avait demandé à être réintégrée, sa demande fut débattue en comité de section et finalement acceptée. Selon plusieurs témoignages recueillis en 2021, sa réintégration aurait été appuyée par Jean Pédinielli, alors secrétaire du comité de section, et Georges Thorrand au cours de débats assez âpres, l’engagement politique considérable de leur camarade jouant en sa faveur. Denise Clément, également membre du comité de section à ce moment-là, évaluait l’époque de la réintégration de Juliette Demory aux environs de 1968.


Fête de la Marseillaise, Parc Chanot, Marseille,1976. Elle est sous le panneau "Les dons n’existent pas".

Lors des élections municipales de mars 1977 à Miramas, elle fut présentée au premier tour sur la "Liste d’Union de la Gauche et des Démocrates" soutenue par le PCF et conduite par l’instituteur Georges Thorrand. Elle était alors retraitée et colistière de 5 autres femmes et 7 cheminots. Bien que la liste de Thorrand gagna finalement la mairie, Juliette Demory ne fut pas élue, n’étant plus candidate au second tour.


En plus de son engagement communiste, elle fut également très investie à la CGT, à la CNL et au sein de l’Association des Retraités de Miramas. Elle exerça la fonction de présidente de la CNL locale pendant des années. Un grand nombre de personnes de la commune la respectaient. Les gens qui la connaissaient la décrivaient comme une personne élégante, d’une grande droiture et dotée d’une forte personnalité. Elle avait des responsabilités syndicales chez Antargaz, s’opposant régulièrement à la direction pour faire respecter le droit du travail et défendant les salariés qui avaient des problèmes dans l’entreprise. Dans les années 1970, elle fut courtier en assurances pour La Populaire.


Elle était aussi très présente dans les actions de l’Union des Femmes Françaises (UFF) de Miramas. À l’occasion du congrès national de l’organisation en 1972, un article du journal de l’UFF, Heures claires, fut consacré en septembre au comité local. Juliette Demory y était mise en avant avec plusieurs de ses camarades, dont Simone Gachon, Denise Clément, Mimi Xéridat, Paulette Argiolas, Danielle Juana, Rosette Caramini et Marie-Claire Pédinielli. Créé en mars 1969, le comité local comptait alors 30 membres. En juin 1972, il en comptait 140. Les militantes organisaient deux réunions lorsqu’elles se réunissaient (une la journée pour les ménagères et une autre le soir pour les travailleuses), une kermesse de 3 jours lors de la Fête des Mères, une fête pour la Journée internationale des Femmes, une autre pour la revue Heures claires ainsi que pour d’autres occasions. Elles tenaient des stands lors des ferrades (fêtes provençales pour le marquage au fer des jeunes taureaux), vendant la revue de l’organisation, des petits travaux faits à la main, du linge et de l’artisanat local qui leur était laissé en dépôt-vente. En 1972, l’UFF de Miramas organisa un concours de dessins d’enfants pour la sauvegarde de la nature.


Une foule impressionnante fut présente aux obsèques de Juliette Demory. Le bulletin municipal parla d’elle comme "d’une femme de cœur, d’une combattante de la paix et de la justice". La ville lui rendit hommage en donnant son nom à une rue.


Juliette Demory avait un fils. Elle est enterrée au cimetière de Miramas.


Sources : État-civil de La Celle-les-Bordes, Naissances de 1880, Acte n°40 : Alice, Estelle, Eugénie Guilmet. — État-civil de Saint-Maurice-Montcouronne, Naissances de 1908, Acte n°1 : Juliette, Eugénie, Caroline Bidault (annoté en marge). — Liste officielle n°62 de prisonniers de guerre français (d’après les renseignements fournis par l’autorité allemande), publiée par le Centre national d’information sur les prisonniers de guerre, Paris le 11 janvier 1941 (Gallica). — Bulletin de vote des élections municipales du 13 mars 1977. — Article de Danièle Jeammet dans Heures claires N°96 (nouvelle série) de septembre 1972. — Article nécrologique de l’intéressée dans Miramas-Info, bulletin municipal d’information, février 1982. — Site Généanet. — Site Match ID, Acte n°6 N, source INSEE : fichier 1982, ligne n°407918. — Témoignages de Brigitte Argiolas, René Caramini, Denise Clément, Marie-Claude Incerti, Dominique Pédinielli, Roger Morard et Georges Thorrand. — Cimetière de Miramas.


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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