CAPPOEN Henri, Frédéric
Dernière mise à jour : 16 août
Né le 7 février 1904 à Flers-en-Escrebieux (Nord), mort le 23 février 1945 à Buchenwald (Allemagne) ; mineur puis cordonnier ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans français du Pas-de-Calais ; déporté "NN" (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard).
Les parents d’Henri Cappoen étaient Henri Louis Cappoen, trente-huit ans, né à Méteren (Nord), employé aux mines, et Marie-Rose Bonnet, trente-et-un ans, née à Vred, qui donna la vie à neuf enfants. Deux de leurs filles moururent en bas âge. Parmi les frères et sœurs d’Henri Cappoen qui parvinrent à l’âge adulte, il y avait : Paul, né en 1894 ; Maurice, né en 1898 ; Germaine, née en 1901 ; Ernest, né en 1907 ; Georges, né en 1909 ; Romanie, née en 1914. La famille fut lourdement marquée par la Première guerre mondiale. En effet, le fils aîné, Paul, mourut en 1916 de ses blessures aux Islettes (Meuse), alors qu’il était caporal dans le 1er régiment d’infanterie. Il fut reconnu "Mort pour la France". Le père, Henri Louis, perdit la vie en 1918 en tant que victime civile. Maurice Cappoen, nouvel aîné des garçons, devint soutien de famille et, en 1919, les trois plus jeunes membres de la fratrie furent adoptés par la Nation.
À Flers, les Cappoen étaient domiciliés rue de l’Escarpelle. La voie portait le même nom que la compagnie minière dont l'activité s'étendait sur plusieurs communes, à cheval sur les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Tout comme son père et ses frères aînés, Henri Cappoen allait travailler comme mineur. En 1922, il était conducteur de portique. En mai de la même année, il s’engagea dans l’armée pour trois ans, au titre du 1er dépôt des équipages de la flotte. Selon sa fiche de matricule, il savait lire et écrire, mesurait un mètre soixante-cinq, avait les yeux gris, les cheveux châtains et le nez rectiligne. Nommé fusilier de 2e classe en avril 2023, il fut renvoyé dans ses foyers une fois les trois années écoulées et reçut un certificat de bonne conduite. En 1925, il était domicilié 53 rue de Douai à Waziers.
Henri Cappoen se maria à Douai le 22 janvier 1927 avec Louise Laureys, originaire de Booms (Belgique). Les témoins de la noce étaient Maurice Cappoen, frère du marié, et son beau-frère Eugène Lalande, époux de Germaine Cappoen. Le couple n’aura pas d’enfant. Henri Cappoen s’installa dans le pays d’origine de son épouse : l’été suivant leur union, ils vivaient 81 avenue Isabelle à Anvers. Cappoen ne resta de toute évidence pas longtemps en Belgique, car début 1931, il était revenu à Flers-en-Escrebieux, au 60 rue de la Briquette. En avril 1937, il était employé aux Eaux du Nord, service de distribution d’eau potable et industrielle, qui lui valut un classement comme affecté spécial. Il vivait dans le Pas-de-Calais, à Courcelles-lès-Lens, 31 Cité du Château d’eau, une adresse qu’il conserva plus longtemps que les précédentes.
Après l’armistice de juin 1940, Henri Cappoen était devenu cordonnier à l’usine Peñarroya de Noyelles-Godault, ville voisine de Courcelles. Selon Henri Fenzy [le nom est difficile à lire], responsable des FTPF locaux, Cappoen s’engagea auprès de lui dans la Résistance le 23 septembre 1940. Néanmoins la direction du Parti communiste ne crééra la future colonne vertébrale des FTPF qu’à la fin de l’année 1941. Vu la précocité du passage à la clandestinité de Cappoen, on peut se demander si les deux hommes ne se sont pas fréquentés dans le Parti communiste clandestin. Cela pourrait expliquer la confusion temporelle. Il n’en demeure pas moins qu’Henri Cappoen s’engagea dans ce qui allait devenir les FTPF du secteur d’Hénin-Liétard (aujourd’hui Hénin-Beaumont).
D’après Fenzy, Cappoen participa en avril 1941 au sabotage des pylônes électriques de la centrale de Courrières. Deux mois plus tard, il prenait part à l’expédition dirigée contre la centrale de Harnes (selon le site « La Résistance dans le Pas-de-Calais », cette action aurait eu lieu en juillet 1941). Le 23 septembre, il était présent lors de l’attaque de la poudrière de Beaumont-en-Artois, organisée notamment par Michel Brûlé. Le même Fenzy ajoutait que Cappoen « contribua largement à organiser notre réseau de résistance à l’ennemi, notamment à l’usine Peñarroya où il était occupé. »
Arrêté le 20 mars 1943 par la police allemande, Henri Cappoen fut interné à la prison de Cuincy (maison d’arrêt de Douai). Il y resta jusqu’au 20 décembre 1943, moment de son transfert à la prison Saint-Nicaise, à Arras. Le 15 janvier 1944, il fut déporté depuis la gare d’Arras à destination de la prison Saint-Gilles de Bruxelles. Onze personnes au total, classées NN pour "Nacht und Nebel" (Nuit et Brouillard), étaient transportées dans un convoi I. 178. La prison Saint-Gilles dépendait du Commandement militaire de Bruxelles. C’était le lieu principal de départ vers l’Allemagne des personnes déportées de la zone rattachée (Nord-Pas-de-Calais), surtout celles classées NN. Il continua à être transféré de prison en camp de concentration. D’abord à Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans l’ouest de l’Allemagne d’aujourd’hui), une prison de prévention pour les déportés NN. Puis au camp de concentration d'Esterwegen, situé à l'ouest de Brême (nord-ouest du pays). Il fut envoyé dans ce qui deviendra la Pologne, à Gross Strehlitz (en polonais : Strzelce Opolskie), une prison de prévention et d'exécution de peine pour les NN belges et du Nord-Pas-de-Calais, située au sud-est de Breslau (Wrocław), puis à Laband, Kommando de ladite prison.
Le 5 février 1945, Henri Cappoen était déporté à Buchenwald. Il reçut le matricule 86955 et intégra le Block 47 du Grand camp. L’inventaire de ses effets personnels porte la mention "Gen.Staatsanwalt Kattowitz" (procureur général de Katowice), de même qu’une autre fiche le concernant, intitulée "Polizei" (Police) et annotée "Schreibverbot" (interdiction de publication) au crayon papier. On peut en déduire que son arrivée à Buchenwald aurait pu être une sanction disciplinaire. La fiche de renseignement remplie par les nazis à son propos le dépeint, elle, mesurant un mètre soixante-sept, mince, le visage ovale, les yeux marron clair, le nez droit, les lèvres fines et les oreilles décollées. Il avait les cheveux poivre et sel, une calvitie, quatre dents en moins et des tatouages sur les deux bras. L’administration du camp précise qu’il fut tué le 23 février 1945 par une attaque aérienne ennemie et défalqué des effectifs du camp le 25 février. C’est peut-être une erreur de traduction qui fit dater sa mort au 25 février par les autorités françaises. Henri Cappoen fut reconnu "Mort pour la France".
Ses frères Maurice Cappoen et Ernest Cappoen furent des résistants FTPF. On les déporta à Dachau. Seul le second en revint. André Cappoen, neveu d'Henri et membre de l’encadrement FTPF du Nord, survécut à Dachau, ainsi qu’Eugène Lalande, beau-frère d’Henri, qui était investi dans les Forces Françaises combattantes.
En octobre 1949, Henri Fenzy, l’ancien responsable de Cappoen, remplit la demande de certificat d’appartenance aux FFI à sa place, à Courcelles-lès-Lens, depuis sa fonction de lieutenant local FTPF. Le mois d’après, l’État-major de la 2e Région militaire de Lille délivra un certificat d’appartenance aux FFI au nom de l’intéressé, signé par le Général de CA Chevillon, commandant la 2e Région militaire, pour la période allant du 1er février au 20 mars 1943. Sa veuve, Louise Cappoen, était alors domiciliée à la Briqueterie Cataux, 4 chemin des Postes, à Marly-lez-Valenciennes.
Sources : Sources : Arch. Dép. Nord, État civil de Flers-en-Escrebieux, Naissances 1900-1910, Acte n°5 (1904), 3 E 6196 ; État civil de Douai, Mariages 1927, Acte n°2, 3 E 6131 ; Fiche matricule, classe 1922, matricule 415, 1 R 3728. — SHD Vincennes, GR 16 P 105435. — SHD Caen, AC 21 P 433 164 (nc) ; AC 21 P 38082 (nc). — Archives Arolsen. — Livre-Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Site de l’Association Française Buchenwald Dora et kommandos. — Site "La Résistance dans le Pas-de-Calais".
1ere version : 31 juillet 2024.
2e version : 16 août 2024.
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