BUONAMINI Louis, Joseph [né BUONAMINI Luigi, Giuseppe]
Dernière mise à jour : 19 avr.
Né le 14 mars 1913 à Port-de-Bouc et mort le 25 novembre 1984 à Port-de-Bouc ; docker, puis chanfreineur ; militant communiste de Port-de-Bouc.
Le père de Luigi Buonamini, Oreste Buonamini, né en 1875 à Lari (province de Pise) en Toscane (Italie), était riveur à Port-de-Bouc. Sa mère, née Giovanna Biondi en 1876, était originaire de Pomarance, dans la même province d'Italie. En 1911, la famille Buanamini était domiciliée à Port-de-Bouc au 21 rue Marceau, dans le quartier de la Lèque. Vivaient au foyer Oreste, le père, riveur aux Chantiers et Ateliers de Provence ; son épouse Giovanna ("Jeanne"), sans profession ; leurs enfants : Orsolina ("Ursule"), née en 1904 à Port-de-Bouc ; Silvaine, née en 1906 à Lari ; Varo, né en 1908 à Port-de-Bouc ; Pompillo, Alcide, né en 1910 à Port-de-Bouc. Le couple eut plus tard deux enfants supplémentaires : Magdeleine, Anna, Annonciation en 1917, et Luigi. Varo Buonamini et Pompillo, dit Achille Buonamini, seront également des militants communistes.
Luigi Buonamini devint français le 3 décembre 1932, en se déclarant volontaire aux opérations de recrutement de l’armée. Membre de la classe 1933, il fut ajourné par le Conseil de révision des Bouches-du-Rhône en avril de la même année. Il réalisa par la suite un an de service actif à Nîmes au 15e B.O.A. d’avril 1935 à mai 1936. Lors du conflit avec l’Allemagne, il fut mobilisé au 715e C.O.A., unité rattachée à l’armée des Alpes, et ne fut pas impliqué dans les opérations militaires.
Le 27 janvier 1942, le préfet des Bouches-du-Rhône écrira au ministère de la Justice pour lancer à son encontre une procédure de dénaturalisation selon les dispositions de la loi du 22 juillet 1940. Les différentes pièces du dossier qui sera constitué dans les mois suivants le disent célibataire, docker à la Compagnie des Dragues à Port-de-Bouc, "extrémiste", "militant communiste", et vivant au 86 rue Marceau depuis sa naissance.
Un rapport de gendarmerie du 30 avril 1942 le qualifie de "meneur actif de l’ex-parti communiste" pour la période allant de 1936 jusqu’à l’interdiction de l’organisation. Vendant les journaux l’Humanité et l’Avant-garde, il avait, selon les autorités, "participé à toutes les grèves", dans lesquelles "il s’est fait remarquer par sa violence" et "en était un instigateur". Tenu pour "indésirable", opposé au gouvernement de Vichy et "susceptible de participer à la reconstitution du Parti dissous", il semblait d’autant plus inquiéter les autorités qu’à vingt-trois ans il aurait "adhéré au parti communiste par conviction et non par entraînement", fréquentait toujours "les ex-communistes notoires encore en liberté, ou ayant fait l’objet de propositions d’internement", ainsi que "L’Amical Bar", taxé de "mal famé", "qui [venait] de réouvrir après être resté fermé pendant trois mois par décision préfectorale."
Louis Buonamini fut dénaturalisé le 2 septembre 1942 (annonce au JO le 8 septembre). Quelque temps plus tôt, son frère Pampillo avait subi le même sort pour son engagement communiste. En février 1943, Louis était chanfreineur et signa au commissariat de Port-de-Bouc le procès-verbal stipulant qu’il perdait la nationalité française.
Il est évoqué dans les souvenirs du résistant port-de-boucain Joseph Brando qui raconte qu’il fut arrêté avec des militants des Jeunesses communistes et torturé par le commissaire spécial Aufer, chargé de l'arrestation des communistes. Il fut emprisonné sur le bateau Le Providence et relâché en raison de son état de santé. Après sa dénaturalisation, il s’était retrouvé sans travail. Réfugié à Toulouse peu de temps avant la Libération, il reconnut le commissaire Aufer et le dénonça aux autorités. La police manifestant peu d'enthousiasme à l'idée d'arrêter ce dernier, Buonamini proposa de se menotter avec lui, idée qui fut acceptée. De cette façon il aurait ramené son bourreau jusqu'à Port-de-Bouc, où, dit Brando sans plus de précisions, "le traître fut jugé et pendu" à un arbre du Monument aux morts de la Lèque.
Louis Buonamini retrouva la nationalité française lors de l’abrogation de la loi de dénaturalisation appliquée par Vichy, le 24 mai 1944, par le Comité français de libération nationale. On ignore s’il était encore militant après la guerre.
Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, Recensement de la population de Port-de-Bouc, 1911, 6 M 453. — Archives nationales en ligne, BB/27/1422-BB/27/1445 (dénaturalisés de Vichy : lettres A à C). — Joseph Brando, Notes d'histoire vécue à Port-de-Bouc durant l'occupation allemande de 1940 à 1945 (non publié, sans date). — Site Généanet.
1ere version pour Le Maitron : 6 mars 2021.
2e version : 22 décembre 2023.
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