BOTTÉ Wilfred, Aurélien [parfois orthographié BOTTE]
Dernière mise à jour : 25 avr.
Né le 10 février 1907 à Saintes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 2 janvier 1997 à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) ; ingénieur dans la pétrochimie ; militant socialiste ; résistant à Martigues (Bouches-du-Rhône) dans les réseaux Brutus puis Gilbert.
Socialiste n’ayant pas accepté la défaite française de juin 1940, Wilfred Botté fut un temps déstabilisé devant l’absence de structures clandestines de son parti. Il finit cependant par rencontrer Aldéric Chave, militant socialiste des MUR, début 1941. Botté confia à Jacky Rabatel qu’ils déchiraient un billet de cinq francs en deux, en gardant une moitié chacun « et ça valait la carte du Parti. » Ils se regroupèrent à trois ou quatre, mais ne firent rien en tant que Parti socialiste avant 1943, le parti étant selon lui fort électoralement alors que la section était assez faible. En juillet 1942, il retrouva un ami, membre du réseau Brutus, qui le mit en lien avec la secrétaire de l’avocat André Boyer, un des responsables du réseau d’inspiration socialiste. Botté était rattaché directement à Marseille, placé sous les ordres du colonel Boiseaux, franc-maçon et ancien officier de gendarmerie qui avait travaillé avant la guerre dans le renseignement au Moyen-Orient. À Martigues existait un autre contact du réseau Brutus : le radical-socialiste Victor Guillen. Botté et lui n’avaient pourtant aucun lien.
En 1943, il élargit son réseau de contacts. Un Ausweiss en main, il allait à vélo rencontrer un contremaître aux Établissements Maritimes de Caronte, un ouvrier polonais de la base aérienne d’Istres (qui avait travaillé à la raffinerie de Lavéra), un adjudant d’origine indochinoise de la gare de triage de Miramas et un Alsacien représentant de commerce en fourrage à Tarascon. À Martigues, à la raffinerie, un technicien nommé Harris l’informait sur le moral de la population et des troupes d’occupation en prenant la température dans les bars. Antoine Blanc, ouvrier communiste de la raffinerie, lui fournissait les plans de blockhaus allemands obtenus auprès de M. Gout, chef de chantier dans une entreprise locale qui travaillait pour la Todt. À Mouriès, Botté avait chargé le fils de treize ans d’un ami de dessiner sur un cahier les symboles des camions allemands qu’il apercevait. Chaque semaine un agent de liaison nommé Colson (alias « Colin »), ancien sous-officier de la base d’Istres, venait récupérer tous les renseignements. Après l’arrestation de Colson, début 1943 avec un carnet d’adresse, le lieutenant-colonel Boiseaux perdit le contact avec le réseau Brutus et s’affilia au réseau Gilbert, réseau franco-anglais de l’Intelligence Service dirigé par le colonel Groussard. Botté passa ainsi au réseau Gilbert. Ses agents de liaison devinrent des inspecteurs de police d’origine corse de Marseille.
Le Journal officiel de l’État français du 30 mars 1944 annonça la création d’un « Syndicat unique des ingénieurs et cadres de la famille des industries chimiques des Bouches-du-Rhône », dont Botté devenait un des membres du conseil d’administration. On peut supposer qu’il chercha par ce biais à avoir une couverture respectable pour masquer ses activités clandestines. Le 22 août 1944, les chars américains atteignaient Martigues [la ville était libérée depuis la veille] et s’installèrent en nombre au port de Caronte, qui servit pour débarquer le matériel allié. Ils mirent également à profit la raffinerie de Lavéra pour en l’utilisant comme tête de pont pour approvisionner leurs troupes dans la vallée du Rhône. Botté, déjà prévenu par son réseau depuis le mois de juillet, avait remis en état les installations, la salle des pompes et le diesel pour l’électricité, car la ville était privée de courant. En décembre 1944 les Alliés lui fournirent un laisser-passer pour préparer la raffinerie pour leur projet d’oléoduc.
On perd sa trace après la Libération. Wilfred Botté aurait été marié à Simone, Denise Cordeiro da Graça. Ensemble ils auraient eu un fils prénommé Jean-Michel.
Dans sa partie Titres, homologations et services pour faits de résistance, le site « Mémoire des Hommes » cite Wilfred, Aurélien Botte (sans accent) comme membre des « forces françaises combattantes » (FFC), des « forces françaises libres (FFL) et du réseau Gilbert. Les archives du Service historique de la Défense de Vincennes possèdent des éléments le concernant à la cote GR 16 P 75874.
Sources : Journal officiel de l’État français. Lois et décrets du 30 mars 1944 (77e année, N°77), p. 950. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation : Martigues, 1939-1945, Centre de Développement Artistique et Culturel, 1986 (pp. 158, 228, 294). — Sites Filae et Généanet.
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