BLANC Albert, Jean
- Renaud Poulain-Argiolas
- 13 juin
- 3 min de lecture
Né le 6 mai 1878 à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône), mort le 10 décembre 1946 à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) ; employé des chemins de fer ; syndicaliste CGT ; militant communiste ou sympathisant ; sanctionné pour faits de grève en 1910.
Albert Blanc était le fils de Joseph André Blanc, cultivateur, et de Marie Françoise Audran, tous deux natifs de Peyrolles. Employé de la compagnie ferroviaire Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) à Miramas, il était domicilié à Saint-Chamas et marié avec Honorine Brun. Le couple eut un premier fils en 1910, Léonce, né à Marseille.
![Affiche du Syndicat national des chemins de fer, 1910 [Extrait de Cheminots en Provence]](https://static.wixstatic.com/media/080998_fc86014f77df4209ac493b1bc034f6ff~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_1518,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/080998_fc86014f77df4209ac493b1bc034f6ff~mv2.jpg)
De mémoire familiale, il fut muté à Vergongheon (Haute-Loire) par mesure disciplinaire après sa participation à une grève. Il s’agit très probablement de la grève de « la thune » d’octobre 1910. Dans un contexte d’inflation importante, le syndicat des cheminots faisait campagne à l’échelle nationale pour une augmentation significative des salaires. Toute la corporation reprenait le slogan : « C’est la thune qu’il nous faut ». Sentant venir le mouvement, le gouvernement mit en place des ordres de mobilisation permettant d’appeler sous les drapeaux les cheminots pour une durée de 21 jours. La presse régionale, comme Le Petit Marseillais, tenta de dresser l’opinion publique contre la grève. Selon les historiens Jean Domenichino et Robert Mencherini (voir sources), la grande réactivité du gouvernement (arrestation de responsables syndicaux, application d’un plan antigrève, cantonnement des troupes dans les gares, dépôts et ateliers) et la discipline des responsables syndicaux marseillais qui attendaient les ordres d’en haut, permirent aux autorités de saboter le mouvement. « À Miramas, le nombre de grévistes tombe de cent trente-six (sur trois cent soixante et dix agents) à trente-six en deux jours. » (Domenichino/Mencherini). Les ouvriers des ateliers en grève furent licenciés et remplacés par des journaliers. 3300 révocations furent prononcées dans le pays – soit 5,6 % des grévistes et 11,7 % sur le réseau PLM – et 38 sanctions furent à Miramas. Si Albert Blanc ne fut pas révoqué, il aura été envoyé ailleurs, une pratique courante de la part de la direction du PLM.
Ses fils René et Raymond naquirent à Vergongheon en 1912 et 1913. Après la naissance de ce dernier, la famille Blanc s’établit à nouveau dans le sud, où vit le jour Marcel, leur quatrième fils, en 1919. En 1931, ils étaient domiciliés rue Lafayette, au Pertuis, à Saint-Chamas.
Syndiqué à la CGT et possiblement membre du PCF, Albert Blanc transmit à ses fils des valeurs de solidarité et de lutte collective. Les quatre frères furent cheminots comme leur père. Parmi eux, René Blanc fut résistant, militant du PCF, de la CGT et conseiller municipal de Raphèle et de Berre. Raymond Blanc fut secrétaire des sections communistes d’Istres et de Miramas, syndicaliste CGT et conseiller municipal d’Istres. Marcel Blanc fut résistant, puis membre du comité fédéral du PCF des Bouches-du-Rhône de 1952 à 1954.
Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, État civil de Peyrolles, Naissances 1878, Acte n°11, 202 E 959 ; Naissances 1833, Acte n°11, 202 E 527 (sur Joseph André Blanc) ; Naissances 1845, Acte n°39, 202 E 528 (sur Marie Françoise Audran) ; Recensement de la population, Saint-Chamas 1931, 6 M 513. — Robert Mencherini et Jean Domenichino, Cheminots en Provence : Des voix de la mémoire aux voies de l’avenir (1830-2001), La Vie du Rail, 2001, 247 p. — Collectif, Communistes dans les Bouches-du-Rhône, 1920-2020 : Un siècle au service des luttes et du bien commun, Fédération PCF des Bouches-du-Rhône/ Association Former Transformer Partager, 2020, 428 p. — Propos recueillis auprès de sa petite-fille Nicole Blanc (juin 2025).
Version au 13 juin 2025.
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