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Renaud Poulain-Argiolas

BELLEGUIC Emma [née LE GARREC Emma, Marguerite]

Dernière mise à jour : 19 avr.

Née le 22 septembre 1911 à Kerglouanou, lieu-dit rattaché administrativement à Moëlan-sur-Mer (Finistère), morte le 3 avril 1980 à Port-de-Bouc (Bouches du Rhône), cultivatrice, manœuvre, matelassière ; syndicaliste CGT, secrétaire du syndicat CGT à l’usine Verminck de Croix-Sainte (Martigues) ; militante communiste de Port-de-Bouc ; une des animatrices de la solidarité des femmes avec les ouvriers lors du lock-out des Chantiers et Ateliers de Provence de 1949.


Port-de-Bouc, 1972. Campagne du PCF pour le non à l’élargissement de la CEE. Emma Belleguic est à droite, cheveux couverts [photo fournie par Cathy Borios]

Emma Le Garrec était issue d’une fratrie de douze enfants (cinq garçons et sept filles). Son père, Louis, Joseph, Le Garrec, déjà né à Kerglouanou (Moëlan-sur-Mer), fut cultivateur et marin-pêcheur. Il avait des idées de gauche, allant jusqu’à nommer Communiste un cheval à robe rouge qui lui appartenait. Sa mère, Marie, Hélène Péron, née également à Moëlan-sur-Mer, était elle aussi cultivatrice.


Ses parents possédant un peu de terre, elle travailla d’abord avec eux avant d’entrer à l’adolescence en apprentissage chez un tapissier de Quimperlé. En juin 1932, elle épousa Joseph Belleguic. Déménageant avec lui dans le Sud de la France (à Port-de-Bouc), elle y exerça successivement différents métiers. Après la mort de leur père en 1934, Emma convainquit sa jeune sœur Marie de la suivre en Provence.


Sous le régime de Vichy, elle distribua des tracts de la Défense passive. En 2020, sa sœur se souvenait encore d’elle criant dans la rue aux habitants d’éteindre les lumières de leurs appartements pour éviter d’être bombardés. Vers les années 1940-50, les deux sœurs travaillèrent à l’huilerie-savonnerie Verminck de Croix-Sainte, Emma comme manœuvre et Marie au moins un temps à la "machine à couper les bras". L’usine comptait 6 presses de ce type, composées notamment d’un boîtier dans lequel on mettait les pains de savon pour y graver l’inscription "72% d’huile" et d’un plateau qui glissait au-dessous. Les ouvriers qui avaient l’imprudence de ne pas lever le bras en utilisant la machine perdaient un membre. Les accidents étaient assez fréquents. Le toit de l’usine avait été peint en bleu, camouflage supposé préserver l’usine des bombardements allemands. Probablement dans l’après-guerre, Emma Belleguic fut secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise.


En 1949, la direction des Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) décida le lock-out de l’entreprise pour briser en son sein l’influence du Syndicat des Métaux. Le mari d’Emma Belleguic, en plus de faire partie des ouvriers lock-outés, avait contribué à ancrer la présence du syndicat avant la guerre. Son épouse se fit remarquer parmi les femmes les plus actives dans la solidarité avec les ouvriers des chantiers, participant à l’organisation d’actions spectaculaires pour mobiliser la population du département, incluant une "marche de la faim" jusqu’à Marseille, une "conduite de Grenoble" deux fois par jour pour harceler le directeur de la gare où il arrivait en train jusqu’à l’entrée des CAP, des collectes d’argent et de nourriture ainsi que des soupes populaires.


Plus tard elle travailla à son compte comme matelassière. Une de ses voisines lui avait appris les bases du métier. Elle menait cette activité tantôt depuis son atelier, installé dans un garage du quartier Tassy, tantôt à façon chez les clients chez qui elle se rendait avec une fourgonnette Juvaquatre.


Membre active du Parti communiste, elle fut responsable de sa cellule. Elle décéda à son domicile du 115 rue Robespierre, dans le quartier Tassy. La mairie de Port-de-Bouc lui rendit hommage en donnant son nom à une rue voisine.


Sources : Jean Domenichino, Une ville en chantiers : La construction navale à Port-de-Bouc, 1900-1966, Edisud, 1989. — Site Généanet. — Propos recueillis auprès de Francis Le Garrec (neveu de l’intéressée) et de Marie Curtet, née Le Garrec (sa sœur).


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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