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Renaud Poulain-Argiolas

USCLAT Fernand, Joseph

Dernière mise à jour : 27 nov. 2023

Né le 21 octobre 1925 à Jonquerettes (Vaucluse), mort le 8 juin 1998 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; militant communiste de Miramas et de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), secrétaire de l’UJRF de Miramas après la guerre ; magasinier ; syndicaliste CGT, secrétaire du CE de Sud-Aviation ; employé de Tourisme et travail ; militant associatif.


Fernand Usclat à quarante ans

Fernand Usclat était le fils d’Auguste, Casimir, Alphonse Usclat, né au Pontet (Vaucluse). Enfant de l’assistance publique, le père travaillait comme chauffeur de chaudière d’imprimerie à Jonquerettes. Sa mère, Berthe Requin, mourut lorsqu’il avait huit ans. Il fut donc élevé d’abord par son père, puis avec la seconde femme de ce dernier, une Piémontaise appelée Louison (Silva aurait été son nom de famille), veuve elle aussi d’un premier mariage. Sans être salariée, cette dernière faisait beaucoup de travail agricole dans les vergers. Fernand avait un demi-frère par son père, René, de seize ans son cadet.

Il quitta jeune les bancs de l’école, arrêtant avant le certificat d’études. Son père Auguste était un militant communiste. De mémoire familiale, celui-ci n’aura jamais chez lui de photo de Staline, car il avait le sentiment que celui qu’on célébrait comme le vainqueur de Stalingrad et du nazisme avait trop coûté en terme de liberté et de citoyenneté pour le peuple. En revanche, il avait des photos de Lénine et de Youri Gagarine, considérant que le bolchévisme avait permis à l’URSS de passer en moins de cinquante ans du servage aux voyages dans l’espace, en plus d’une vieille photo des marins du Potemkine.

En 1940, Fernand Usclat confia à son père avoir entendu le discours du général de Gaulle à Radio-Londres et vouloir rejoindre l’Angleterre. Le père, qui considérait de Gaulle comme un ennemi de classe, l’invita à aller rejoindre le général immédiatement et le mit dehors. Ce fut donc Henriette Requin, sa tante maternelle, qui accueillit l’adolescent à Miramas, ultime étape de son voyage vers Londres. Mobilisé plus tard pour le STO, il travailla dans la plaine de la Crau à monter des cairns de pierres pour empêcher les avions alliés d’atterrir, avant de déserter et de passer à la clandestinité. En 1944, il s’engagea au camp de Carpiagne (Marseille) dans le 9e régiment de zouaves. Il y fit toute la campagne jusqu’en Allemagne (Doubs, Haut-Rhin, Vosges, Bade-Wurtemberg, lac de Constance). En 1945, Fernand Usclat était secrétaire de l’UJRF de Miramas. Selon le témoignage de son fils, il était également militant du PCF, tout en gardant son esprit critique. Il côtoya notamment Louis Deluy, en charge des jeunes au PCF, Denise Clément, très jeune responsable des Vaillants et Vaillantes, et Serge Sabatier, qui venait avec son orchestre animer les bals organisés par ces structures dans leur local rue Jourdan, une baraque américaine qui n’existait plus en 2021.

Fernand Usclat travailla pour une entreprise qui montait des échafaudages située près de la gare de triage de Miramas, il eut un grave accident de travail en chutant d’un échafaudage, ce qui le décida à changer de secteur d’activité. C’est aussi au travail qu’il perdit une phalange à l’index de la main droite. Pour soigner la tuberculose qu’il avait dû contracter pendant la campagne d’Allemagne, il passa trois ans dans un sanatorium dans les années d’après-guerre. Il souffrit longtemps des effets de cette maladie, jusqu’à la généralisation des soins par antibiotiques.

Fernand Usclat fut candidat aux élections municipales de Miramas d’avril-mai 1953 sur la « Liste d’Union Ouvrière et Démocratique de défense des intérêts communaux (pour le pain, la liberté, l’indépendance nationale et la paix) » présentée par le Parti communiste et menée par le maire communiste sortant Isidore Blanc. Cette liste rassemblait un certain nombre de noms devenus célèbres dans la commune pendant les périodes du Front populaire et de la Libération. Louis Deluy en faisait partie. Leur adversaire était une alliance dite de « centre-gauche », conduite par Roger Lazard (MRP) et comprenant des militants SFIO comme Fernand Bavre ou Marius Pitra. Fernand Usclat obtint 1532 voix sur un total de 3183 suffrages exprimés dans la section électorale de Miramas-Gare. L’alliance MRP-SFIO l’emporta quasiment dès le premier tour.

Entre 1953 et 1955, Fernand Usclat épousa Gilberte, Jeanne Goin, originaire d’Eyguières, où ils vécurent ensemble. Le couple eut deux fils : Jean-Luc, en 1958, et Jérôme, en 1963. Tout en restant au foyer pour s’occuper des enfants, Gilberte Usclat fit des ménages, puis travailla pour Tourisme et travail, où elle fut chargée du bar et de l’économat.

Fernand Usclat suivit plusieurs écoles du PCF (peut-être jusqu’à l’école centrale). Malgré une formation scolaire assez sommaire, il s’était formé dans l’action syndicale et politique. Il lisait et écrivait beaucoup, plus soucieux de développer des pensées et des luttes que d’orthographe et de grammaire.

Il fut embauché à Marignane par la SNCASE (qui devint successivement Sud-Aviation, la SNIAS et Aérospatiale) en tant que magasinier. Il y fut un militant actif de la CGT, un temps délégué syndical, et surtout secrétaire du CE, au sein duquel son syndicat était majoritaire. Il avait un statut non rémunéré de permanent syndical et conservait son salaire de magasinier. A la SNIAS, il s’investit notamment autour des activités sociales et culturelles du CE, développant les centres de vacances en lien avec les comités d’entreprise d’EDF, de la RM (Réseau des Transports Marseillais) et des Chantiers navals de La Ciotat, où la CGT dominait aussi. Il est possible qu’il eût de plus un mandat au comité central d’entreprise, car son fils se rappelait l’avoir vu partir à des congrès.


En mai 1968 à Sud-Aviation

En 1965, il s’installa avec sa famille à Saint-Chamas. Bien que membre du PCF et actif dans sa cellule, il était beaucoup moins investi dans la commune que sur le plan syndical sur son lieu de travail. Dans les années 1970, il contribua à créer avec Serge Sabatier et Maurice Teisseire, eux aussi syndicalistes à Sud-Aviation, deux centres de vacances familiales : un au Montgenèvre (Hautes-Alpes), qui prit bientôt le nom de « Centre Sauveur Suau », et un autre sur la commune de Sisco (Haute-Corse). Les trois hommes s’occupaient bénévolement de la gestion des deux centres pendant l’été. Usclat développa aussi par la suite les AIL (Amis de l’Instruction Laïque) au comité d’entreprise et des activités culturelles autour de la danse, de la peinture et de la céramique.

Vers 1972, le jour de l’inauguration de la stèle en hommage à Jean Moulin à Salon-de-Provence, Fernand Usclat déclara à son fils aîné qu’ils étaient présents à la cérémonie parce qu’il avait fait partie du groupe qui avait récupéré le représentant du CNR lors de son parachutage dans les environs d’Eyguières, avec Marius Michel, fils d’un hôtelier-restaurateur salonais résistant, domicilié allée de Craponne [les Michel auraient hébergé Jean Moulin avant qu’il ne se rende à Marseille].

Lorsque la CGT perdit la direction du CE de la SNIAS au profit de FO (vers 1972-1974), Fernand Usclat redevint délégué syndical et magasinier dans l’entreprise. Il fut ensuite salarié de Tourisme et travail, travaillant une partie de l’année à Saint-Chamas et une autre comme directeur du centre de vacances familiales de la structure basée aux Deux Alpes (Isère).

Tant que ses fils étaient scolarisés, Fernand Usclat s’impliqua sur le plan associatif à la FCPE, puis à l’ARAC quand il fut à la retraite.

Son fils Jean-Luc Usclat fut adjoint aux Affaires sociales dans la municipalité de Georges Thorrand de 1995 à 2001.


Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 41W 343. — Témoignage de son fils Jean-Luc Usclat (juin 2021). — Propos recueillis auprès de Denise Clément. — Site Match ID, Acte n° 5 N, Source INSEE : fichier 1999, ligne n° 230463.


1ere version : 8 octobre 2022.


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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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