SANTORU Pierre, Laurent
Né le 14 mai 1920 à Bonifacio (Corse du Sud), mort le 21 juillet 2000 à Marseille (9e arr.) ; employé de bureau ; secrétaire des JC de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) ; militant communiste, conseiller municipal et adjoint à la Culture de Port-de-Bouc (1965-1995) ; résistant du Front national de lutte pour la libération et des Francs-Tireurs et Partisans français ; interné.
Le père de Pierre Santoru, François, Marie Santoru, était né à Thiesi (province de Sassari) en Sardaigne (Italie). En 1942, il était restaurateur. Sa mère, Madeleine Fancello, était née à Dorgali (province de Nuoro) en Sardaigne (Italie). La famille était alors domiciliée à Port-de-Bouc, rue de la Tranchée. Pierre Santoru était le premier né d’une fratrie de quatre enfants (deux filles et deux garçons), dont Antoine Santoru, qui fut lui aussi un militant communiste port-de-boucain. Le Journal officiel de la République française annonçait en décembre 1936 la naturalisation collective des parents et de leurs enfants.
Il fut embauché par les Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) en 1936 comme employé de bureau. À la fin de la même année, il devint secrétaire d’un cercle local des Jeunesses communistes et participait aux réunions du Parti communiste. Après la grève du 30 novembre 1938, il fut licencié des CAP. Embauché comme secrétaire auxiliaire de mairie à la fin août 1939, il fut licencié une nouvelle fois le 30 septembre 1940 comme fils d’étranger. Le même mois, il avait été contacté par Louis Vallauri, dit "Jaurès", pour rejoindre la clandestinité, en "individuel" selon ses propres mots, et distribua des tracts jusqu’à fin novembre. À la demande du commissaire spécial Trouette, il fut visé par un arrêté préfectoral d’internement administratif le 27 novembre 1940. Arrêté le lendemain par la gendarmerie de Port-de-Bouc, il fut envoyé au centre de séjour surveillé de Chibron (commune de Signes, Var). À la dissolution du camp, il fut transféré à celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le 16 février 1941. La police locale donna plusieurs avis défavorables à sa libération, notamment le 27 juin 1941 et le 16 janvier 1942. Il fut cependant libéré, d’abord pour trois mois, le 25 avril 1942. Puis définitivement, pour effectuer son temps aux Chantiers de Jeunesse. Il fut affecté au groupement 46 du Cannet-des-Maures (Var).
De mai 1942 à janvier 1943, Pierre Santoru fit de la propagande antivichyste aux chantiers de jeunesse. En 1943, à nouveau contacté par Louis Vallauri, il intégra le Front national de lutte pour la libération. Il fournit des plans d’ouvrages militaires allemands à un officier de l’Armée secrète. Pour cela il fit des relevés de l’emplacement de ces ouvrages dans les environs de Port-de-Bouc et de La Couronne (commune de Martigues) jusqu’à la Libération.Dans son dossier de demande d’homologation, il cita des noms de camarades internés ou déportés qu’il avait fréquentés dans la clandestinité : Joseph Simonnet de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), Joseph Morando de La Seyne-sur-Mer (Var) et Jean Savy*, créateur du journal du Front national Le Patriote (Lyon).
Déchu de la nationalité française en novembre 1942 ainsi que ses parents et leurs trois autres enfants, ce n’est qu’après la guerre que Pierre Santoru retrouva ses droits. Il était marié et père d’un enfant. Sa femme Annie Santoru, née Folli, fut adjointe au maire René Rieubon de 1947 à 1953.
En septembre 1948, il fut homologué Résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national. Il était alors contremaître et domicilié dans le quartier de la Tranchée à Port-de-Bouc. Pierre Santoru entra personnellement dans l’équipe municipale en mars 1965, attaché aux affaires culturelles, dont il devint l’adjoint attitré en 1977 au sein de la municipalité Rieubon. Il fut continuellement réélu jusqu’en mars 1989, toujours adjoint à la culture, et réinvesti en mai 1990 suite à la démission du maire pour raisons de santé, siégeant au conseil municipal mené par Michel Vaxès jusqu’en 1995.
Sa gestion fut motivée par l’accès à la culture pour tous, une culture plus populaire qu’élitiste, passant par la création du théâtre Le Sémaphore, de la Médiathèque Boris Vian, du Centre culturel et social Elsa Triolet, ce dernier fédérant de nombreux clubs culturels et sportifs (cinéma, philatélie, théâtre, photo, plongée…). Pierre Santoru travailla notamment en collaboration avec Georges Borios. Il participa à la promotion de la peinture et des arts plastiques. Élu après le rachat par la municipalité du Château Saint-Gobain, ancienne demeure patronale, pour la transformer en lieu artistique, il vit de grands peintres de la région y débuter avant d’acquérir une aura internationale. L’adjoint au maire faisait lui-même de la peinture. Ce fut probablement à l’occasion d’une visite dans les Bouches-du-Rhône qu’Ambroise Croizat aurait fait l’acquisition d’un de ses tableaux. Pierre Santoru coordonna la naissance du Salon méditerranéen des Arts plastiques, un des plus importants de l’époque, ainsi que celle des Sardinades en 1988, grande fête populaire dont le rayonnement dépassait largement le cadre de la commune.
En septembre 2021, la ville de Port-de-Bouc renomma le quai du port Renaissance en quai Annie et Pierre Santoru.
Sources : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 5 W 213 (dossier internement). — Arch. Dép. Var, 4 M 291. — Arch. mun. Port-de-Bouc. — SHD Vincennes, GR 16 P 535181. — Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 13 décembre 1936, (68e année, N°292), p. 12835 ; 6 novembre 1942 (74e année, N°266), p. 3694. — Jean Domenichino, Une ville en chantiers : La construction navale à Port-de-Bouc, 1900-1966, Edisud, 1989 (p. 338). — Site Généanet. — Site de la ville de Port-de-Bouc, "Le Château St Gobain, un lieu aux multiples vies" ; "Inauguration du quai Santoru et de la place Igonet", 22 septembre 2021. — Notes de Jean-Marie Guillon.
Version au 23 octobre 2022.
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