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Renaud Poulain-Argiolas

PASCAL Maurice

Né le 16 mars 1941 à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; syndicaliste du SNI puis SNI-PEGC-FEN et SNUipp-FSU ; militant communiste ; conseiller municipal de Martigues (Bouches-du-Rhône) à partir de 1969, adjoint aux affaires culturelles (1971-1983) ; conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (1977-1983).


Julien Fabre et Maurice Pascal, élus de Martigues, 1977

Maurice Pascal était le troisième d’une fratrie de quatre enfants. Ses parents étaient Paul Pascal, électricien aux Chantiers et Ateliers de Provence (CAP) de Port-de-Bouc, et Suzanne Parrié, femme au foyer. Son père, embauché aux CAP en 1918, avait progressé sur le tas jusqu’à devenir contremaître. Politiquement conservateur, il fit partie de la première vague de licenciement de l’entreprise en 1965. Comme il était domicilié près de la gare de Port-de-Bouc, Maurice Pascal assista assez tôt à des manifestations ouvrières ainsi qu’à celles pour s’opposer aux départs d’appelés en Algérie.


Il fut élève à l’École normale d’instituteurs d’Aix-en-Provence, où il fut marqué par les idées progressistes d’un professeur de français nommé Joissains. En 1960, il prit son premier poste à l’école Jean Jaurès, dans le quartier des Combattants à Port-de-Bouc. Il fit son service militaire dans une école d’officiers de réserve à Tours (Indre-et-Loire) avant d’être affecté à Bitburg (Allemagne) avec le grade d’aspirant. En 1964, il reprit l’enseignement à l’école Aupècle de Martigues. La même année il se maria avec Gisèle Villard, institutrice. Ils eurent une fille et un fils.


Dans une période de licenciements massifs, Maurice Pascal était motivé par la défense du mouvement ouvrier. Il voyait d’un bon œil la politique sanitaire et sociale menée à Martigues par la municipalité de Francis Turcan. Sollicité par un collègue, Jean-Marc Séréni, il adhéra au PCF en 1965. Il rejoignit bientôt le Syndicat national des instituteurs, dans lequel il fut secrétaire de la sous-section locale.


D’abord membre du bureau de section du PCF de Martigues, il devint secrétaire pour un mandat de trois ans. Au siège de la section, située esplanade des Belges, il côtoyait Maurice Garenq, permanent de la Fédération des Bouches-du-Rhône qui y avait un bureau. En tant que secrétaire du SNI, il participa à l’animation des luttes de 1968 à Martigues aux côtés de la CGT.


Le 26 janvier 1969 des élections municipales partielles eurent lieu pour remplacer quatre conseillers décédés : Albert Bastoni, Joseph Fasciola, Joseph Maunier et le maire Francis Turcan. La « Liste d’union démocratique et de défense des intérêts communaux », présentée par le PCF, le conseil municipal, des socialistes et des républicains, mit en avant les candidatures de Marcelle Turcan, "ménagère, 48 ans, responsable d’organisation féminine" (UFF) ; Marc Frisicano, "agent général d’assurances, 34 ans, animateur de mouvement de jeunesse" (futur président des AIL) ; Jean-Claude Sautel, "dessinateur d’études à Naphtachimie, 30 ans, responsable syndical" ; et Maurice Pascal, présenté comme "instituteur, 27 ans, responsable syndical". Ils furent élus tous les quatre dans l’équipe du nouveau maire Paul Lombard. Maurice Pascal prit part à la campagne de ce dernier pour les élections cantonales de 1970 face au conseiller socialiste sortant Armand Audibert et au candidat de droite Laurens Deleuil. Il participa également aux campagnes législatives successives de René Rieubon des années 1960 aux années 1980.


La municipalité Paul Lombard en 1971. Maurice Pascal est le premier assis sur la gauche.

Lors des municipales de mars 1971 Maurice Pascal était candidat sur la liste présentée par le PCF, des socialistes et des républicains qui fut intégralement élue au 1er tour, récoltant 66 % des suffrages exprimés. C’était le plus beau score réalisé par une liste dans la commune depuis la Libération. La première séance du conseil municipal du 21 mars reconduisit Paul Lombard dans sa fonction de maire et désigna comme adjoints Clément Escoffier (1er adjoint), Julien Fabre (2e), Julien Olive (3e), Marius Gouirand (4e), René Frebillot (5e), Maurice Pascal fut 6e adjoint, ayant la charge des affaires culturelles. Trois adjoints spéciaux de secteurs furent également nommés : Jean Perrier pour La Couronne-Carro, André Pezzatini pour Croix-Sainte et Gaston Laurent pour Lavéra. Il laissa alors sa charge syndicale pour se consacrer à son mandat municipal.


Son arrivée aux affaires culturelles correspondait à une période foisonnant de projets. Un grand chantier de réalisation d’un nouveau bâtiment pour la bibliothèque municipale - dirigée par Marie-Hélène Izzo - fut lancé, l’architecte Émile Pamart dirigeant l’ouvrage. Présidant l’Office municipal socio-culturel (OMSC), Maurice Pascal fut avec Jean-Marie Lamblard à l’initiative de la création du Festival populaire de Martigues en août 1976. L’événement reposait sur la participation des associations et structures culturelles locales et ouvrit la commune sur la Méditerranée tout en attirant des artistes de renommée nationale ou internationale jusqu’en 1993.


En mars 1977 Maurice Pascal était sur la « Liste d’Union de la Gauche et de Défense des intérêts communaux » conduite par Paul Lombard. Celle-ci fut à nouveau élue au premier tour avec 74,54 % des suffrages exprimés. Les adjoints furent Clément Escoffier (1er), Julien Fabre (2e), Maurice Pascal (3e), toujours aux affaires culturelles, Marc Frisicano (4e) et Michel Gauthier (5e). En plus des trois postes d’adjoints spéciaux de secteurs, quatre postes supplémentaires d’adjoints étaient créés. Sept femmes étaient élues dans un contexte de promotion des candidatures féminines de l’union de la gauche. Maurice Pascal fut désigné par le conseil municipal pour siéger au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il s’investit dans les travaux de la commission des affaires culturelles et de l’office régional de la culture.

Inauguration du lycée Jean Lurcat. Derrière Paul Lombard : Maurice Pascal, à gauche : Mme Lurçat.

Entre les années 1960 et les années 1980, la population martégale était passée de 20 000 à 40 000 habitants. Il fallut adapter les infrastructures : plusieurs centres sociaux furent ouverts (quartiers de Lavéra, Paradis Saint-Roch, Notre-Dame-des-Marins), les capacités d’accueil du conservatoire de musique furent doublées, une école de danse fut créée et des travaux de restauration importants furent entrepris dans le centre-ville. Sous son mandat furent inaugurées la salle de spectacle Jacques Prévert de la MJC (1977), le cinéma d’arts et d’essai Jean Renoir (1978), la bibliothèque Louis Aragon (1981) et le musée Ziem fut agrandi et restauré (1982). L’élu apprécia particulièrement de collaborer avec Louis Sammut, secrétaire général de la ville et responsable du Bureau du plan et de l’urbanisme.


En tant que président de l’OMSC, il eut la tâche de diriger un ouvrage pionnier sur l’histoire de la commune, Un siècle d’images martégales, paru en 1981, qui présentait en photos l’évolution fulgurante de Martigues d’un village de pécheurs à une ville industrielle. Ce travail mobilisa un grand nombre d’habitants qui mirent leurs archives personnelles à contribution. Les réunions avaient lieu chez lui, rassemblant notamment dans le comité directeur Prosper Gnidzaz, pâtissier et mémoire vivante de la ville, Pierre Duroux, instituteur, et Jean-Marie Paoli*, professeur d’histoire-géographie.


Maurice Pascal ne fut plus candidat aux élections municipales à partir de 1983. Jean-Marie Paoli* lui succéda aux affaires culturelles et Jean-Claude Sautel au conseil régional.

En 1988, il devint directeur de l’école Clos de la Roche à Istres. Il se mit à distance des responsabilités tout en restant militant. Pendant un temps il anima le ciné-club de la MJC. Il participa aux campagnes de Paul Lombard pour les législatives de 1988 et de Michel Vaxès pour celles de 2007.


Maurice Pascal et son épouse firent partie des premiers signataires de l’appel « Martigues pour une autre constitution européenne » dans le contexte du référendum sur le Traité constitutionnel européen de mai 2005. Le traité y était qualifié de « Constitution Giscard ». Gisèle Pascal, adhérente au PCF depuis 1968, milita dans les mêmes syndicats d’enseignants que son mari. En 2012, il était membre du comité de soutien du candidat du Front de Gauche aux élections législatives, Gaby Charroux, maire communiste de Martigues. Maurice et Gisèle Pascal signèrent également l’appel du 18 décembre 2017 à soutenir le journal communiste La Marseillaise, qui rassembla des personnes et personnalités d’horizons politiques divers.


En 2022 Maurice Pascal était toujours syndiqué au SNUipp et membre du PCF.


Sources : Arch. mun. Martigues. — Article de Maurice Garenq dans Martigues Aujourd’hui-Demain, bulletin de la section du PCF, janvier 1969. — Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues : "Conseil municipal, séance du 21 mars 1971", n°13, décembre 1970-janvier-février-mars 1971 [photographie] ; "Conseil municipal, séance du 27 mars 1977", n°37, début 1977 [photographie] ; "Une nouvelle équipe municipale", n°62, 1983/1. — Office municipal socio-culturel, Un siècle d’images martégales, Martigues, 1977 [photographie]. — « Une Maison des Jeunes et de la Culture à Martigues… Parcours chronologique » (brochure), MJC de Martigues, 2006 (en ligne). — "La liste des signataires de l’appel du 18 décembre" par Paul Goiffon, La Marseillaise, 30 janvier 2018 (en ligne). — Notes d’entretiens avec le militant du collectif histoire du PCF de Martigues (2021). — Témoignage de l’intéressé et de son épouse (août-septembre 2022). — Site internet "Martigues pour une autre constitution européenne". — Blog du PCF des Pyrénées-Orientales : "Martigues. "A gauche toute !"", 15 mai 2012 - citant un article de La Marseillaise de Nathalie Pioch du 13 mai 2012. — "Disparition de Jean-Marie Lamblard" sur le site scoop.it (revue de presse théâtre d’Alain Neddam), 18 août 2018.


Iconographie : Arch. mun. Martigues : Bulletin municipal d’information de la ville de Martigues.


Version au 13 octobre 2022.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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