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Sébastien Avy / Renaud Poulain-Argiolas

GRAUGNARD Gabriel [GRAUGNARD Justin, Jean, Gabriel]

Né le 15 septembre 1883 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 31 juillet 1961 à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) ; boucher puis employé au PLM ; syndicaliste CGTU puis CGT ; militant communiste et conseiller municipal de Miramas (Bouches-du-Rhône).


Liste des candidats du Bloc Ouvrier et Paysan aux municipales de 1929 à Miramas [publiée dans La Provence ouvrière et paysanne]

Justin Graugnard est le plus souvent évoqué comme Gabriel Graugnard.  Il vit le jour au pont des flâneurs, à Arles, au domicile de ses parents. Son père, André, Justin Graugnard, né à Paradou (Bouches-du-Rhône), était employé aux ateliers d’Arles. Il avait été domestique et fut plus tard chauffeur au chemin de fer. La mère de Gabriel Graugnard était Marie Dubois, née à Saint-Bonnet-la-Rivière (aujourd’hui Saint-Bonnet-Briance, Haute-Vienne), qui avait été servante. Le couple avait également deux filles nées à Arles : Anna, Louise, née en 1885 ; Marie, Valentine, née en 1889.


C’est vraisemblablement le chemin de fer qui attira la famille Graugnard dans la cité ferroviaire de Miramas, car lorsqu’Anna Graugnard y épousa un cheminot en 1904, les parents comme les enfants habitaient la commune et le père était lui aussi cheminot. Gabriel Graugnard, témoin du mariage, était alors garçon boucher. Ce dernier fit son service militaire en étant affecté à la campagne d’Algérie, dans le 1er régiment de chasseurs d’Afrique, du 19 novembre 1904 au 16 juillet 1907. Il en fut libéré avec un certificat de bonne conduite.


Le 10 décembre 1908, il épousa à Cavaillon Pauline, Blanche Forêt, née à Robion (Vaucluse). Il habitait alors à Cavaillon, où il était boucher. En 1910, il était domicilié chez « Forêt, expéditeur », cours Bournissac, dans cette même ville, probablement son beau-père.


Après avoir accompli une période d’exercices de trois semaines dans le 15e escadron du train en août 1910, Gabriel Graugnard fut classé affecté spécial du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) comme homme d’équipe à Marseille en septembre 1912. Il y logeait au 45, rue Honorat. Puis il fut considéré comme appelé sous les drapeaux et maintenu à son poste du temps de paix au titre des sections du chemin de fer de campagne du 2 août 1914 au 20 mars 1919. Revenu à Miramas depuis au moins cette année-là, il vivait en 1931 route des Chirons avec sa femme et leur fils Louis, né en 1917, et était employé au PLM.


Gabriel Graugnard fut candidat aux élections municipales de mai 1925 sur la liste communiste menée par le menuisier Edouard Gavaudan. C’était la première liste autonome montée par le PCF suite à la démission de leurs cinq élus de la municipalité Marius Sauvaire l’année précédente. Communistes et radicaux-socialistes s’étaient affrontés sur le sujet des grèves de 1920. Sauvaire menait une liste du Cartel des Gauches. Celles des communistes comprenait 13 employés PLM, 3 menuisiers, 2 poudriers, 1 tonnelier, 1 photographe et 1 retraité. Alors que la liste Sauvaire comptait un certain nombre de représentants des classes moyennes et supérieures : 2 propriétaires, 1 négociant, 1 industriel, 1 entrepreneur de travaux publics, 1 comptable, 1 horloger-bijoutier, 1 boucher, 1 boulanger, 1 représentant et 6 cheminots. Graugnard obtint 141 voix sur 819 suffrages exprimés à Miramas-Gare, 1ere section électorale de la ville. Ce résultat le plaçait en 11e position de sa liste. La liste radicale-socialiste reprit la mairie dès le premier tour du 3 mai.


À nouveau candidat aux élections des 5 et 12 mai 1929 à Miramas-Gare, Gabriel Graugnard était membre de la liste du Bloc Ouvrier et Paysan (BOP) menée par Isidore Blanc. Comme on sait qu’il était syndiqué, on peut en déduire que c’était à la CGTU (puis à la CGT). La liste du BOP comprenait 16 cheminots, 3 menuisiers et 1 tonnelier et était en lice contre trois autres listes : la liste radicale-socialiste de Marius Sauvaire, une liste socialiste et une autre sans étiquette. Graugnard récolta 191 voix sur 819 exprimées au 1er tour et 264 sur 850 au second. Une fois de plus la municipalité Sauvaire fut reconduite.


Suite à des manifestations de la population contre l’établissement d’un nouvel impôt communal en 1934, tous les membres de municipalité Sauvaire de Miramas-Gare démissionnèrent le 22 juin. De nouvelles élections furent organisées les 15 et 22 juillet. Graugnard fut présenté sur la liste du PCF menée par Isidore Blanc. Il obtint 384 voix sur 923 exprimées au premier tour et 578 sur 899 au second. La liste communiste fut intégralement élue faisant d’Isidore Blanc le premier maire communiste de Miramas et de Gabriel Graugnard un conseiller municipal.


Lors des municipales de mai 1935, qui se solda par une nouvelle victoire électorale du PCF représenté par Blanc, Graugnard n’était pas représenté. Trois candidats de la liste victorieuse en 1934 – Edouard Gavaudan, Louis Vallet et lui – avaient été remplacés par Auguste Ferrand, Gaston Marchet et Emile Orcière. Gabriel Graugnard avait donc siégé au conseil municipal pendant un peu moins d’un an (du 15 juillet 1934 au 19 mai 1935).


Le 23 mai 1940, le sous-préfet d’Aix adressait une lettre adressée au capitaine de gendarmerie de Salon faisant état que "des habitants de Miramas, tout en conservant une attitude publique des plus prudentes, nourriraient encore des sentiments nettement communistes et inviteraient chez eux, à l’heure du quartier libre des prestataires espagnols du dépôt de travailleurs cantonnés dans cette commune." Il précisait que Chabany, Clavel et Viany (ayant fait l’objet d’un précédent rapport) et Graugnard, "retraités ou requis" de la SNCF continuaient "sous le manteau" à faire de la propagande communiste. Ajoutant le nom d’Isidore Blanc, le sous-préfet demandait que soit doublée la surveillance dont faisaient l’objet tous ces militants.


La trace des engagements militants de Gabriel Graugnard se perd par la suite.


Sources : Arch. Dép. de la Haute-Vienne, Saint-Bonnet-Briance, 1843-1852, Naissances, 1849, Acte n°41, 3 E 137/9 ; État civil de Limoges, Mariages, 1881, 3 E 85/292. — Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, État civil d’Arles, 1883, Naissances, Acte n°457, 203 E 1302 ; 3M 406 ; 3M 413 ; 3M 423 ; 3M 433 ; 142 W 6 ; État signalétique et militaire, classe 1903, matricule 495, 1 R 1214 ; 3M 143 (liste électorale, 1919). — La Provence ouvrière et paysanne  (organe hebdomadaire édité par le Parti Communiste), 27 avril 1929 (4e année, n°178). — Relevés collaboratifs, Mariages, Cavaillon 1792-1932 , 1908 ; Mariages, Miramas, 1904, 202 E 1288 ; Recensement, Miramas, 1931 (Généanet). — Site Généanet.


Version au 28 mai 2021.

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Passionné d'histoire, j'ai collaboré pendant plusieurs années au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - mouvement social.

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