ARGIOLAS Louis
- Renaud Poulain-Argiolas
- 5 nov.
- 5 min de lecture
Né le 15 février 1925 à Baillargues (Hérault), tué au combat le 22 novembre 1944 à Réchésy (Territoire de Belfort) ; manœuvre ; résistant du corps-franc Lafayette (Armée secrète), puis engagé dans l’armée de libération.
![Louis Argiolas [Mémorial GenWeb]](https://static.wixstatic.com/media/080998_3ca5e867c41b499186bd6c7e9588cb53~mv2.jpg/v1/fill/w_150,h_200,al_c,q_80,enc_avif,quality_auto/080998_3ca5e867c41b499186bd6c7e9588cb53~mv2.jpg)
Louis Argiolas était le fils d’un couple de Sardes. Son père, Eugenio (Eugène) Argiolas, né à Monserrato (métropole de Cagliari) dans la région de Sardaigne (Italie), travailla en France comme marchand ambulant, puis à son compte comme marchand de chaussures et de mercerie. Sa mère, Teresa (Thérèse) Congio, sans profession, était originaire de Villasalto dans la province de Sud Sardaigne. Avant d’avoir Louis, elle avait donné naissance à deux fils, Salvator et Jean. Les Argiolas avaient dû vivre dans les Bouches-du-Rhône – car l’aîné des enfants était né à Cassis en 1921 – avant de s’installer à Baillargues l’année suivante. Après Louis, ils avaient eu une fille, Pauline, à Saint-Brès (Hérault) en 1933. Jusqu’à l’année 1936, ils apparaissent dans le recensement de la population de cette commune.
Le parcours de Louis Argiolas présente de nombreuses élipses. Il fut naturalisé français à une date indéterminée. Ce n’est probablement pas sous l’effet d’une naturalisation collective, car après la guerre sa mère déclarait être toujours italienne. Il avait 15 ans au moment de la défaite française face à l’armée allemande. Plus tard il s’engagea dans la résistance auvergnate, puis dans l’armée de libération et connut une fin tragique. Souhaitant honorer la mémoire de son fils, Thérèse Argiolas effectuera à partir de 1945 des demandes de reconnaissance de ses services. Touchée par des problèmes de santé qui la rendaient invalide, elle espérait aussi pouvoir bénéficier d’une pension. Les autorités militaires ont peiné à reconstituer le parcours de Louis Argiolas du fait du manque d’éléments et de témoignages à son propos.
Célibataire, Louis Argiolas était manœuvre. Il quitta sa vie familiale, d’après sa mère, en août 1943 pour entrer au maquis. Il avait 18 ans et rejoignit ce qui allait devenir, autour de Lucien Volle dit « Capitaine Lulu » – membre des MUR (Mouvements unis de la Résistance) et de l’Armée secrète – le corps-franc Lafayette chargé par les MUR des opérations militaires, puis la 1ere compagnie du groupe Lafayette, demi-brigade de Haute-Loire. Encore selon Thérèse Argiolas, il participa à des opérations au Puy-en-Velay (Haute-Loire) et à Mercy (Allier). On le décrit comme mesurant 1,80 m, les cheveux châtain foncé et les yeux marron clair. Du fait des réorganisations successives de l’armée, Argiolas fut nommé 2e classe le 18 septembre 1944, puis s’engagea pour la durée de la guerre le 1er octobre 1944 dans le 1er régiment d’Auvergne, 16e bataillon, 13e compagnie, toujours sous les ordres du capitaine Volle. Ce dernier précisera après guerre que le jeune homme était aux armées le 15 novembre 1944.
Louis Argiolas était actif dans le 152e régiment d’infanterie, compagnie anti-char, quand il fut fauché par un tir de mortier fin novembre 1944 sur le Territoire de Belfort. Le capitaine Kretz, commandant de la compagnie, informa par lettre Thérèse Argiolas de la mort de son fils le 12 janvier 1945 : « Le 26 novembre au matin, dans le bois sinistre et noir de l’Oberwald près de Seppois, le boche nous attaquait avec une violence extrême pour tenter de couper la route de Mulhouse, par laquelle passaient tous nos convois. Pendant deux heures la bataille fit rage et l’ennemi dans un effort désespéré étant parvenu à enfoncer notre position pour dégager la compagnie menacée je dus lancer une section à la contre-attaque. C’est dans cette section Madame, que se trouvait votre fils. Il s’est porté vers l’avant au milieu du feu et de la mitraille avec ses camarades… Crânement à la française !! Les boches ont réagi par un violent tir de mortier qui hachait le bois dans un bruit infernal. C’est cet éclat de mortier qui vint frapper votre fils à la nuque au moment il secondait son camarade Pineau dans le service du fusil mitrailleur avec un sang-froid extraordinaire. Tué net, il semblait dormir lorsque j’ai été le voir quelques minutes après, il repose maitenant avec ses camarades de combat à Courtelevant (près de Delle). J’ai demandé pour lui, en raison de sa magnifique conduite, la médaille militaire. Tous ses camarades ont réalisé une collecte destinée à sa famille. La somme de 2000 F que je vous envoie par mandat carte est sans doute bien modeste mais il faut Madame, y voir le symbole de l’amitié dont votre fils était entouré à la compagnie. »
Louis Argiolas fut reconnu "Mort pour la France". On l'inhuma dans l’Hérault au cimetière de Saint-Brès. Le 12 juin 1945, il fut cité par le général de brigade Valluy, commandant de la 9e division d’infanterie coloniale, à l’ordre du 152e régiment d’infanterie : « Au cours d’une contre-attaque locale du 26/11/1944 au bois de Gerschwiller s’est élancé vers l’ennemi avec un courage particulier sous un violent tir de mortiers. S’est avancé vers la résistance malgré un feu nourri ; a été mortellement frappé par un éclat alors qu’il entraînait ses camarades. »
La reconnaissance de ses services dans la Résistance fut rendue difficile par le manque de preuves attestant des actions auxquelles il avait participé. Pour cette motif fut jalonnée de rebondissements sur une période qui s’étala sur sept années. En octobre 1946, Louis Argiolas fut homologué au grade fictif de soldat de 1ere classe FFI par la commission nationale n°13.999 (subdivision de Montpellier). Durant l’automne 1950, Thérèse Argiolas, devenue presque aveugle, était hospitalisée à l’hôpital général de Montpellier [salle Julerand, 2e étage, service de sœur Cécile]. Elle adressa une série de lettres aux autorités militaires et s’adressa à Jules Moch, ministre de la Défense. Mais un litige apparut en juin 1952 parce que la 8e région militaire n’avait pu lui attribuer de certificat d’appartenance. En décembre 1952, on classait Argiolas résistant non FFI. À cause de l’insistance de sa mère et du mauvais état de santé de celle-ci, l’affaire fut réexaminée. L’administration militaire était embarrassée : elle ne disposait pas d’informations antérieures au passage de l’intéressé dans l’armée régulière (octobre-novembre 1944). La mère ayant donné des détails qui suggéraient une participation de son fils à un groupe de maquisards qui avait libéré l’Auvergne, on pouvait en déduire qu’il avait été résistant avant son incorporation dans l’armée. En mars 1953, la 8e région militaire coupait la poire en deux, sous la signature du lieutenant-colonel Bassères pour le général de corps d’armée P. Magnan, en homologuant Louis Argiolas au titre des FFI pour une durée de 48 heures : du 27 au 28 août 1944 ! Le second jour correspondait à la libération de l’Auvergne. Après quoi, on convenait que le combattant avait continué à servir dans sa formation jusqu’à sa mort tragique. En mai 1953, son statut de soldat de 1ere classe était confirmé avec prise de rang au 1er juin 1944.
La médaille militaire lui avait finalement été attribuée à titre posthume le 30 août 1950.
Son nom apparaît sur plusieurs lieux de mémoire. Il figure en Allier dans la commune de Lapalisse sur le Monument aux Morts des maquis d'Auvergne et du Bourbonnais, dans l’Hérault sur le Monument au Morts de Saint-Brès et sur le Territoire de Belfort : sur les stèles commémoratives de 1939-1945 à Courtelevant ainsi que sur le Monument commémoratif des Diables rouges à Réchésy.
Sources : SHD, Vincennes GR 16 P 16731. — Arch. Dép. Hérault, Recensement de la population de Saint-Brès, 1926, 1931, 1936, 6 M 659. — Mémorial GenWeb. — Site Généanet.
Version au 5 novembre 2025.



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