LE MORILLON Marguerite [née PERRAUDIN Catherine, dite Marguerite]
Dernière mise à jour : 17 avr.
[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Jean-Pierre Besse.
Je l'ai complété, y ai ajouté de l'iconographie,
en mettant en gras mes propres apports pour pouvoir les distinguer.]
Née le 31 octobre 1893 à Hirson (Aisne), morte le 25 novembre 1954 à Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis) ; confectionneuse ; militante communiste ; résistante, membre du Parti communiste clandestin et du Front national de lutte pour la libération ; déportée.
Catherine Perraudin était la fille de Pierre Perraudin, trente-cing ans, verrier, et d’Alexandrine Courault, vingt-trois ans, cuisinière. Elle épousa Louis Stébig à Paris (Ve arr.) le 28 octobre 1911, avec qui elle eut un fils prénommé Georges, puis en deuxièmes noces Ludovic Pirraud le 1er septembre 1923 à Paris (VIIe arr.).
Confectionneuse, elle adhéra au Parti communiste en 1928. Elle se remaria le 2 décembre 1939 à Montreuil avec Émile Le Morillon, qui y était conseiller municipal communiste dans l’équipe de Fernand Soupé. Le couple vivait au 9 boulevard Théophile Sueur. De 1937 à 1940, ils hébergèrent une famille de réfugiés républicains espagnols, les Maroto Rodondo. Le père étant prisonnier de Franco, ils vécurent avec la mère et ses deux enfants : une petite fille de sept ans et James, un garçon de quatorze ans. Après la dissolution du PCF, les Le Morillon durent renoncer à les garder chez eux.
En juillet 1940, Catherine Le Morillon rejoignit le Parti communiste clandestin après avoir été contactée par Robert Dubois et Jean Chaumeil. Elle avait comme pseudonymes "Margot", "Cathy" et "Colette". C’est probablement le premier de ces surnoms qu’elle conserva par la suite. Pour sa fonction d’agent de liaison elle fut rétribuée en juillet 1941. Elle était chargée de la rédaction et du transport de tracts, de l’organisation de groupes et de la propagande anti-allemande. Elle côtoya Arthur Dallidet dit "Émile", qui fut fusillé au Mont-Valérien, Puchart (probablement Lucien Pluchart), "Gourdeau" (voir Henri Gourdeaux).
Catherine Le Morillon aurait été arrêtée le 23 septembre 1941 avec plusieurs dirigeants clandestins du parti pour la région Paris-ouest. Parmi eux cinq furent fusillés au Mont-Valérien en janvier 1942. Un rapport de police précisait qu’elle jouait "un rôle de premier plan dans l’organisation". Néanmoins, selon ses propres termes, elle fut prise "dans une souricière" le 19 septembre 1941 à Chaville (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Elle fut détenue successivement à La Roquette, au camp des Tourelles, à Romainville et Compiègne. Jugée par la cour spéciale de justice de la Seine, elle avait été condamnée à un an de prison.
Le 31 janvier 1944, elle fut déportée à Ravensbrück (à 80 km au nord de Berlin) dans le convoi I. 175 au départ de Compiègne, qui avait à son bord 959 femmes. Enregistrée au camp le 3 février, on lui attribua le matricule 27197. Elle y retrouva sa belle-sœur Renée Morillon. Elle fut affectée au Kommando Neubrandenburg, qui travaillait pour une usine d’aviation dans la région du Mecklembourg (dans les environs de Hambourg). On la transféra par la suite au camp de Mauthausen (Autriche), d’où elle fut libérée par la Croix-Rouge internationale le 24 avril 1945 selon ses propres mots (le 22 avril selon la Fondation pour la Mémoire de la Déportation). Concernant son rapatriement, on trouve selon les versions les dates du 15 et du 19 juin. Comme elle transita par la Suisse, le 15 juin pourrait correspondre au moment où elle y arriva, le 19 juin étant son retour effectif en France.
Son mari Émile Le Morillon, actif dans la Résistance, fut pris par la police, torturé à la prison de la Santé et mourut des suites de ses blessures.
Afin de faire reconnaître son statut de déportée et résistante, Léon Mauvais, secrétaire du PCF et conseiller général de la Seine, fit pour elle une attestation le 5 septembre 1947. En octobre 1948, Catherine Le Morillon fut homologuée membre de la Résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national pour son action de juillet 1940 à son rapatriement en France en juin 1945. On lui attribua le grade de sergent. Elle fit une demande d’obtention du statut de déporté et interné de la résistance (DIR) en septembre 1950 qui n’aboutit pas. Au nombre des déportés disparus de son mouvement qu’elle avait connus, elle mentionna dans son dossier Marguerite Bonnamy, Paule Portier, Lise Ricol (voir Lise London), Odette Duguet et Georgette Cadras.
D’août 1947 à mars 1948 au moins, elle était hospitalisée à l’hôpital Cochin à Paris (XIVe arr.). Est-ce en rapport avec la tuberculose qu’elle avait contractée ? Elle fit par la suite plusieurs séjours en sanatorium, comme à de Chevilly-Larue (Seine, Val-de-Marne) fin 1948 ou à celui des Escaldes (situé sur l’actuelle commune d’Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes, Pyrénées-Orientales) en septembre 1950.
La ville de Montreuil rendit hommage au couple Le Morillon en nommant une place Place Marguerite et Émile Le Morillon. Une cellule du PCF local prit également leur nom après la guerre.
Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 468026. — Arch. PPo., BA 1928.— La Fondation pour la mémoire de la déportation, Le livre mémorial..., op.cit. — État civil. — Archives Arolsen. — Souvenirs d’Olga Le Morillon rédigés entre 1990 et 1993 (non publié). — Propos recueillis auprès de Danièle Dubois, sa nièce (mai 2022).
1ere version pour Le Maitron par Jean-Pierre Besse : 16 avril 2011
2e version complétée par moi pour Le Maitron : 5 juin 2022.
Posts récents
Voir toutNé le 27 novembre 1893 à Castiglione Messer Raimondo (province de Teramo) dans les Abruzzes (Italie), mort le 15 novembre 1943 à Fourques...
[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon ainsi que d’un article signé Louis...
Comments