COLACIOPPO Robert [né COLACIOPPO Magiorini, dit Robert]
- Renaud Poulain-Argiolas
- il y a 10 heures
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[Cette biographie s'inspire d'un texte originellement écrit par Michel Germain. Je l'ai complété et corrigé, en mettant en gras mes propres apports pour pouvoir les distinguer.]
Né le 8 novembre 1922 à Cernon (Jura), exécuté sommairement le 29 mars 1944 à La Balme-de-Thuy (Haute-Savoie) ; forgeron-ajusteur ; militant communiste de Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) ; réfractaire au STO ; résistant du bataillon des Glières.
![Robert Colacioppo [Extrait du magazine Port d'attache]](https://static.wixstatic.com/media/080998_0038f6b1b06b4d078d1faaff0fadc074~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_1300,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/080998_0038f6b1b06b4d078d1faaff0fadc074~mv2.jpg)
Le nom de famille Colacioppo est transformé en "Colacioppe" dans certains documents de l’administration française. Il est également mentionné dans sa forme erronée lors des commémorations officielles. Sa date et son lieu de naissance, ainsi que sa date de sa mort, sont déformés : on le fait parfois naître à Cernans dans le Jura, qui est situé à 80 km de Cernon, sa commune de naissance.
Les parents de Magiorini dit "Robert" Colacioppo étaient Germano dit "Germain" Colacioppo, maçon, et Grazia dite "Gracieuse" née Bevilacqua. Ils étaient originaires de Lanciano (province de Chieti), dans la région des Abruzzes (Italie). Au moment où leur fils vit le jour, ils vivaient à Menouille, sur la commune de Cernon. Robert était le troisième né et seul garçon d’une fratrie de filles. Ses sœurs s’appelaient Concetta, Antoinette, Alina, Huguette et Ida. Attendu qu’il était le premier à naître sur le sol français, on peut en déduire que sa famille avait quitté l’Italie juste avant sa naissance. Mussolini avait pris le pouvoir cinq jours plus tôt.
Le 1er juin 1933, tous les membres de la famille, domiciliés à Cize, dans l’Ain, obtenaient la nationalité française (annonce au JO le 11 juin). Le foyer s’agrandissait à la même époque d’une petite Mireille. Après la défaite militaire française, les Colacioppo déménagèrent à Bellegarde-sur-Valserine (Ain) puis à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) pour échapper à l’armée allemande. Un article publié dans le magazine municipal de Port-de-Bouc mentionne que Robert Colacioppo était communiste. Est-ce que ses proches partageaient ses idées politiques ? Cela pourrait expliquer leurs déménagements successifs – après l’arrivée des fascistes au pouvoir en Italie, puis après l’arrivée des nazis en France. Domicilié dans le quartier de Pont du roi, Robert Colacioppo travailla aux Chantiers et Ateliers de Provence comme forgeron-ajusteur. D’après l’historien Michel Germain, il avait une grande taille, des cheveux châtain frisés et des yeux bleus. En 1942, il fut envoyé faire un chantier de jeunesse à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Réquisitionné pour le STO (Service du travail obligatoire) après la loi du 16 février 1943, il sauta du train qui le conduisait en Allemagne. Il tenta de rejoindre le maquis de Poligny, dans le Jura où il était né, mais fut vite arrêté par la police française. Néanmoins il réussit à gagner la Haute-Savoie et on le retrouva aux Glières en février-mars 1944. Il passa sous le commandement de Tom Morel. Lors du décrochage avec le groupe de Bastian et Joubert, il essuya la violente attaque allemande, à l’emplacement du cimetière de Morette actuel. Probablement blessé, il fut capturé. Il fut exécuté par les Allemands le 29 mars à 16 heures, près de la cascade de la Belle Inconnue, au lieu-dit Sur-les-Îles, commune de La Balme-de-Thuy, avec douze autres maquisards.
Il est inhumé dans la nécropole militaire nationale de Morette, tombe n°96. Il fut déclaré « Mort pour la France » le 17 août 1945 et reconnu Interné résistant. Son nom est inscrit sur le grand Mur du Souvenir érigé à l’entrée de la nécropole des Glières, située à Morette. Il figure également sur le Monument aux Morts de Port-de-Bouc au nombre des Morts pour la France de la Résistance.
Robert Colacioppo fut homologué FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). Un décret du 18 mars 1970 lui attribua la médaille de la Résistance à titre posthume (publication au JO le 12 mai 1970).
La municipalité de Port-de-Bouc baptisa "rue Robert Colacioppe" la rue qui relie le boulevard Jean Jaurès à la Jules Guesde.
Sources : Arch. Dép. Jura, État civil de Cernon, Naissances 1922, Acte n°10, 3E/10644. — SHD, Caen AC 21 P 46963 ; Vincennes GR 16 P 136215. — Journal officiel de la République française, 11 juin 1933 (65e année, N°136), p. 6156 et 6160. — Marine Guillemin, « Robert Colacioppe, le maquisard », Port d’attache, le magazine des Port-de-Boucain-e-s, N°182, avril 2024 [photo]. — Michel Germain, « Stèle de la Belle Inconnue (en bordure du CD 909) », site internet de La Balme-de-Thuy. — Georges Borios, Port-de-Bouc – D’antan : des lieux-dits – Aujourd’hui : une ville… des rues, auto-édition, 1989. — Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Site Geneanet, Arbre généalogique de beckett1.
1ere version dans Le Maitron par Michel Germain : 16 décembre 2019.
2e version complétée par moi : 27 juin 2025.
3e version : 28 juin 2025.
4e version : 30 juin 2025.
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